Prédication sur Eph 1,3-7 / 2,5b-7 / 4,1-2 et 31-32 et 5,1-2a / 6,10-11 ;15.

Chrétien contemplatif, actif ou combatif ? Trouver l’équilibre.

Bien-aimés du Christ,

Quand on lit les offres d’emploi, on retrouve souvent certaines qualités attendues de l’employé, par ex. : esprit d’initiative, sens du travail en équipe et résistance au stress. On pourrait s’amuser à comparer les offres d’emploi actuelles et se demander lesquelles de leurs exigences Jésus reprendrait. Ce ne sera pas mon propos.

De plus, quand on regarde l’évolution de la santé de la population, on observe 2 phénomènes en augmentation : les maladies liées au stress et à la sédentarité. Je ne vous apprends donc rien si je dis que notre vie est faite de repos, de travail et de résistance à l’adversité. Et l’absence d’alternance entre ses phases est cause de maladie. D’ailleurs nous nous sommes développés ainsi : d’abord porté par papa et maman – une sorte de repos passif ; puis assis – une position de repos qu’il a fallu travailler en se faisant une certaine musculature comme bébé ; puis avons appris à marcher, puis à s’affirmer en disant non.

Dans son épître aux Ephésiens, Paul décrit 3 postures du chrétien : être assis, marcher, tenir ferme, sur lesquelles je vais m’arrêter brièvement. Chacun saura se reconnaître dans telle ou telle position. Nous avons nos postures préférées selon notre tempérament, selon que nous sommes plutôt des contemplatifs ou des gens d’actions concrètes ou des croyants aimant la confrontation. Toutefois, comme dans la vie, il est nécessaire d’alterner entre ses différentes habitudes.

1ère position. Paul dit que le chrétien que nous sommes a été assis par Dieu dans les cieux en Christ. Il utilise un verbe au passé car cela décrit notre position actuelle. Mais qu’est-ce que ça peut bien vouloir dire ? En lisant Ephésiens, tu observeras que cette expression avoir été assis dans les lieux célestes désigne ce que Dieu a fait de nous par Jésus. Qu’a-t-il fait de nous et pour nous ? Le chapitre 1 l’énumère et je résume ainsi : Dieu a fait de nous ses enfants adoptifs bien-aimés, libérés par le pardon de nos péchés, pour lui appartenir et pour célébrer la grandeur, la gloire de sa grâce, accordée en Jésus. Plus simplement encore : nous sommes les enfants bien-aimés et libres de notre Dieu… appelés à refléter sa grâce, son amour. Voilà qui nous sommes.

Normalement, on s’assied pour se reposer. On s’assied aussi pour réfléchir, ou méditer. Quand je m’assieds sur une chaise, j’y dépose mon poids et fait confiance qu’elle tiendra le coup. Quand je m’arrête pour me reposer et que je cesse mon activité, je donne le signe que ma vie ne se limite pas à ce que je fais. Quand je m’endors, je fais confiance. Il semblerait qu’un ministre français, Clemenceau, aie dit : le repos est une idée monarchique ; le repos n’est pas pour les peuples libres. Apparemment il méprisait le repos. C’est une idée monarchique. Et beh oui. Comme enfant du roi des rois, tu as droit à ce repos où tu ressources ton être dans l’amour et le pardon libérateur de Dieu. Se ressourcer : comme tu le remarques, c’est un verbe d’action. C’est un repos actif. C’est exercer une forme de musculature spirituelle. C’est là que tu vas trouver ton assise, c-à-d ton fondement, ton équilibre, ta force. C’est là que tu vas trouver l’inspiration pour être dans une juste relation avec ton prochain. Dans l’amour et le pardon libérateur de Dieu. C’est là aussi que tu trouves l’inspiration pour être dans une juste relation avec ce que tu fais, avec tes engagements professionnels ou relationnels. Parce que tu es aimé et pardonné, tu sais que tu n’as pas besoin d’être parfait. Même si c’est plus vite dit que fait. Ta confiance en l’amour et au pardon de Dieu portent ce qui fait ton identité. Un bébé doit apprendre à s’asseoir. Nous devons apprendre à nous reposer, nous ressourcer en l’amour de Dieu.

2e position : marcher. Marcher, dans le Nouveau Testament, est souvent synonyme de se comporter, agir, vivre, en relation avec les autres. En français, dire que ça marche c’est dire que ça fonctionne. Marcher c’est comme on fonctionne dans notre action, dans nos relations. Paul dit : marchez selon votre vocation (4,1). Il résume cela en disant : comportez-vous de façon honnête et pure, intègre et vraie, sans méchanceté, avec bonté, vous faisant grâce comme Dieu vous a fait grâce (cf. 4,17ss et 4,31-32). Tout un programme qui finalement se résume à être et à agir au milieu des autres selon ce que nous sommes : les enfants assurés de l’amour et de la grâce de Dieu, libérés par son pardon de nos peurs qui entrainent tant de disfonctionnement, comme l’activisme, mais aussi la volonté d’avoir raison et le refus d’admettre nos torts ou défaillance. Ce qui est lourd à long terme.

Tu as déjà compris qu’il y a le chrétien méditatif qui fait de son identité en Dieu le centre de sa foi et qu’il y a le chrétien actif qui fait de ses relations et de son engagement dans le monde le centre de sa foi.

3e position. Celle du chrétien qui est appelé à tenir ferme dans les adversités de la vie, dans les difficultés relationnelles, dans le combat spirituel se déroulant en lui. Ce que nous croyons être (aimés et pardonnés de Dieu), ainsi que notre vie relationnelles et actives se heurtent tôt ou tard à de la résistance ou de la contestation. Quand je marche, je rencontre des obstacles. Il s’agit donc de s’armer pour faire face, de s’armer des armes de Dieu. Je n’en retiens qu’une ce matin : chausser les bonnes dispositions que donne l’évangile de paix. Le grec dit : chausser l’état de préparation que donne la bonne nouvelle de la paix. Voilà qui nous renvoie directement au chap. 1 et à ce que Dieu a fait pour nous. S’armer de l’assurance d’être aimé de Dieu et de la liberté que me donne son pardon par rapport à un éventuel besoin d’être parfait, d’être sans fragilité. Il y a des chrétiens qui vivent leur foi dans une optique quasi permanente de lutte. C’est eux contre le monde et contre l’Ennemi. C’est épuisant à la longue.

Tu vois donc qu’indirectement, Paul nous montre que tout part de notre faculté à oser le repos spirituel, à nous asseoir régulièrement sur les genoux de Christ Jésus pour nous imbiber de son amour et de son pardon. De nous laisser remplir par ce qu’il dit de nous. Jésus lui-même a fondé toute son activité terrestre dans ces temps passés en retrait dans la prière avec son Père.

Durant ce temps d’été, je t’invite à t’interroger : es-tu plutôt un chrétien contemplatif ou un chrétien d’action ou un chrétien combattif ? Es-tu plutôt un chrétien qui met l’accent sur être aimé de Dieu ou un chrétien mettant l’accent sur faire des choses pour Lui ou un chrétien qui cherche la confrontation spirituelle ?

Un chrétien ne peut pas passer sa vie entière en position assise sur les genoux du Christ : il finira avec une foi illusoire, incapable de faire face à la vie, il finira avec une double vie, celle de ce qu’il croit être et celle soumise aux aléas de la réalité – un grand écart qui peut être destructeur à la longue.

Un chrétien ne peut pas non plus passer sa vie dans l’action : il se détacherait alors de l’amour que Dieu lui porte et de l’amour que Dieu attend de lui, il deviendrait un chrétien-machine… et une machine finit toujours par casser d’usure.

Un chrétien ne peut pas vivre sans cesse dans une position combative. Il risque d’oublier que le combat a déjà été remporté par Jésus au matin de Pâques, il risque de prendre la place de Dieu en jugeant à qui mieux-mieux, parfois aussi en finissant par accuser le diable des maux dont nous sommes responsables.

Interroge-toi quelle figure du chrétien te correspond le mieux. Une fois cela fait, demande au Seigneur de t’aider à oser découvrir ou tenter une des 2 autres positions. Mais… n’oublie pas: il est nécessaire de s’arrêter de temps en temps pour être sans rien faire, sans rien attendre devant Dieu, contemplant simplement son amour et sa grâce. Dans ces moments de gratuite, de reconnaissance et d’adoration, il peut refaire tes forces, assurer ton assise pour ton action et te revêtir de lui-même pour affronter tes combats. Et il est nécessaire de passer à l’action et au combat de résistance sans quoi notre musculature spirituelle deviendrait inopérante.

Le Seigneur cherche des chrétiens capables d’initiative car sans peur de se tromper, résistant au stress, mais en 1er lieu capable de se re-poser, de se re-centrer, de se ressourcer dans son amour et sa grâce.   Amen.

1 :3 ¶  Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus–Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ !

4  En lui Dieu nous a élus avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints et irréprochables devant lui ; 5  il nous a prédestinés dans son amour à être ses enfants d’adoption par Jésus–Christ, selon le bon plaisir de sa volonté, 6  pour célébrer la gloire de sa grâce dont il nous a favorisés dans le bien–aimé.

7  En lui nous avons la rédemption par son sang, le pardon des péchés, selon la richesse de sa grâce,

2 :5  Il nous a fait revivre avec le Christ. C’est par la grâce de Dieu que vous avez été sauvés. 6  Par notre union avec Jésus–Christ, Dieu nous a ressuscités ensemble et nous a fait siéger ensemble dans le monde céleste. 7  Il l’a fait afin de démontrer pour tous les âges à venir, l’extraordinaire richesse de sa grâce qu’il a manifestée en Jésus–Christ par sa bonté envers nous. (…).

1 Je vous exhorte donc, moi, le prisonnier dans le Seigneur, à marcher d’une manière digne de la vocation qui vous a été adressée, 2 en toute humilité et douceur, avec patience. Supportez–vous les uns les autres avec amour. (…). 31  Que toute amertume, animosité, colère, clameur, calomnie, ainsi que toute méchanceté soient ôtées du milieu de vous. 32  Soyez bons les uns envers les autres, compatissants, faites–vous grâce réciproquement, comme Dieu vous a fait grâce en Christ.

5 : 1 Soyez donc les imitateurs de Dieu, comme des enfants bien–aimés ; 2  et marchez dans l’amour, de même que le Christ nous a aimés.

6 :10 Enfin, puisez votre force dans l’union avec le Seigneur, dans son immense puissance. 11  Revêtez l’armure de Dieu, pour pouvoir résister aux manoeuvres du diable. 15  Mettez comme chaussures le zèle à annoncer la Bonne Nouvelle de la paix.