Bulle, 15/12/19 : Ps 37,3-7 ; Lm 3,22-26 ; Rm 8,22-25 ;

Ma fille Julie 4 ans à l’époque disant à Samuel, 2 ans (impatient) : « Samuel, il faut apprendre à attendre » ! En effet, attendre cela s’apprend. C’est difficile d’attendre. Source de frustration. Nous n’aimons pas trop cela. Et si attendre n’était pas que quelque chose de négatif ? Comment vivre et habiter sainement et sereinement cette attente ?

  1. Il y a toutes sortes d’attentes. La vie est faite d’attente(s)

Des attentes ennuyeuses : que ce soit au guichet de la Poste, dans une salle d’attente du dentiste, dans les bouchons : impression de perdre son temps… Pour certains, pas question d’attendre ; il faut tout, tout de suite. Surtout que nous sommes habitués à avoir tout, tout de suite, en un clic de souris. Il y a des attentes excitantes : le couple qui attend la naissance de son enfant. Mais il y aussi les attentes difficiles, plus graves : une mère qui attend le « retour » d’un enfant, un malade qui attend la guérison, un chômeur en recherche d’un travail, une église qui soupire après la résolution d’un conflit, un couple en désir d’enfant…

L’attente est parfois souffrance. Et l’avenir synonyme de craintes : qu’en sera-t-il de mon travail, de ma santé, de mes projets ? La semaine passée j’évoquais nos saisons d’hiver et le printemps qui tarde à arriver… L’attente peut nous plonger dans la peur, l’incertitude et même la dépression à force de se focaliser sur ce qui sera… ou ne sera pas. Pour certains l’attente est tellement lourde qu’ils n’attendent plus rien, ils sont résignés et sans espérance.

Dans la Bible deux femmes ont un destin commun : Sarah, femme d’Abraham et Elisabeth, femme de Zacharie, cousine de Marie. Les deux sont stériles et avancées en âge. Mais Dieu leur promet une descendance. Quand Sarah voit que Dieu tarde à réaliser sa promesse (25 ans tout de même !) elle fait ce que nous sommes tentés de faire quand les choses ne vont pas comme nous l’espérons, dans le sens qu’on voudrait qu’elles aillent ou quand cela ne va pas assez vite : quoi donc ? Prendre les choses en main ou baisser les bras.

Sarah a voulu prendre les choses en main, selon un raisonnement purement humain, estimant que Dieu agissait trop lentement. Elle a jugé judicieux de donner sa servante Agar à son mari pour accomplir la promesse.  Mais ce n’est pas comme cela que Dieu avait prévu les choses. De nouveau déception. On peut comprendre qu’une fois l’attente déçue elle se soit ensuite résigné ou ait perdu espoir.

  1. S’attendre à Dieu

Comme Sarah nous aimerions bien contrôler les choses. Nous voudrions qu’elles se produisent en notre temps et correspondent à nos projets et envies. Mais en faisant ainsi nous serons déçus. Dieu a son timing. On pourrait penser qu’il joue avec nos nerfs ! Mais Dieu est au contrôle. La foi c’est croire que Dieu est au contrôle malgré les apparences et circonstances. Crois-tu cela ?

Je préfère te le dire et être clair et honnête avec toi : cela signifie donc que les choses risquent de ne pas se régler dans le sens que tu veux. Et parfois c’est mieux, même si à vue humaine on peut en douter. S’il ne te donne pas ce job, cesse de t’y accrocher, qui te dit que tu n’y serais pas malheureux ? Laisse-le être ton Dieu. Il te connait. Il t’aime. Il sait quels sont tes vrais besoins. Dieu voit les événements de la vie de plus haut ! Sa perspective, ses plans et ses desseins sont saints et parfaits, tout comme lui-même est saint et parfait. Ps 18,31 : « Les voies de Dieu sont parfaites ». Si les voies de Dieu sont « parfaites », alors nous croyons que tout ce qu’il fait est également parfait, ainsi que le moment qu’il choisit pour le faire. Es 46,10 : « Mon projet se réalisera et je mettrai en œuvre tout ce que je désire ». Savoir que Dieu agit au bon moment, nous apprend non seulement la patience, mais aussi la confiance. L’attente apprend la patience. La patience engendre la persévérance.

Nous ne choisissons sûrement pas nos périodes d’attente ; mais la manière de les vivre, ça c’est notre choix. Face à une situation sans issue, Luc nous dit qu’Elisabeth quant à elle vit de manière fidèle et juste malgré son désir, sa déception et sa douleur (1.6).  Cela signifie qu’elle continue d’aimer et de vivre droitement avec et pour Dieu.  Parce que parfois nous pourrions marchander avec Dieu. « Si tu me donnes ceci alors je ferai cela ». Non. J’aime Dieu, je sers Dieu sans contrepartie. Parce qu’il est Dieu. Je lui fais confiance.

Dans nos attentes plus difficiles, la Parole de Dieu nous invite ce matin à nous tenir paisiblement devant lui, de nous en remettre à lui, de nous attendre à lui. Nous avons le choix de nous attendre à Dieu. Avec Lui. Attends-toi à Dieu : pas aux autres, pas aux circonstances, pas à la technologie, pas à ton intelligence… Le verbe « s’attendre à » a le sens de regarder vers – regarder vers Dieu simplement, et vers Lui seulement.

Ce verbe évoque également l’idée de l’attendre, lui, et aussi d’attendre quelque chose de lui. Que le Seigneur soit l’objet de ton attente avant toute autre chose. Le Seigneur ne te posera jamais un lapin, tu peux l’attendre avec confiance. Tu peux aussi t’attendre à ce qu’il te donne sa paix dans cette attente.

  1. Un présent productif

Maintenant je vais vous dire ce qui m’a aidé et même sauvé dans mes attentes difficiles. Le jour où j’ai pris au sérieux la parole de Jésus « à chaque jour suffit sa peine ». J’avais lu et noté une phrase d’une méditation sur mon journal de bord « apprends à vivre dans les limites de ton aujourd’hui ». Cela s’apprend. Nous gaspillons une bonne partie de notre énergie dans le souci du lendemain. Si tu es focalisé sur demain et sur ce que tu attends, le temps va te paraitre encore plus long, crois-moi. Tu te fais du mal. Et Jésus veut t’épargner cela. En effet dès lors que tu commences à fixer tes pensées sur ce qui n’est pas encore, sur ce qui sera ou sur ce qui ne sera peut-être jamais, tu en oublies ce que Dieu veut t’apprendre et te donner aujourd’hui.

Exerce-toi à fixer ton attention sur Sa présence, dans le moment présent. Dès lors que tu vis dans ces limites et dans sa présence qui se conjugue au présent, alors la vie commence. Quand tu le fais, le temps commence à couler différemment. Tu n’es ainsi plus obsédé par ce qui est devant toi et ce que tu redoutes et ton âme trouve ainsi la paix et le repos.

Puisque Dieu agit au bon moment, alors tu peux te focaliser sur cette journée, sur ce que Dieu veut te dire, sur les personnes à aimer, sur les choses à faire, etc. Seul aujourd’hui est un jour que tu possèdes vraiment. Alors saisis ce temps pour bénéficier des bienfaits de sa présence au quotidien qui est certaine.

Allons plus loin. Une période d’attente n’est pas nécessairement stérile ou inutile. Elle peut être productive. L’attente est parfois cruelle mais elle nous modèle. Si tu lui fais confiance, si tu es présent à sa présence au quotidien, Dieu va dans ce temps-là te façonner et te construire. Dans notre attente, Dieu désire façonner ce qu’on peut appeler notre « être intérieur » ou  notre caractère en Christ. Vous comprenez que ceci va bien au-delà de la réponse tant attendue.

Voyons ce temps comme une opportunité, une chance où Dieu veut nous montrer, nous révéler ce qui a besoin de changer dans nos relations aux autres et à Dieu, dans nos priorités, dans nos fonctionnements, dans nos perspectives de vie qui doivent peut-être être ajustées ; mais aussi de vivre des guérisons préalables, de donner des pardons qui libèrent, de s’enraciner dans la présence de Dieu, de s’informer sur tel ou tel sujet, que sais-je… Cela signifie que l’attente devrait vraiment être un temps d’écoute de Dieu pour comprendre ce que Dieu désire réaliser dans mon cœur.

Ce temps peut être plus ou moins long. Être façonné prend plus ou moins de temps. Cela dépend de nos résistances intérieures, entre autres. Mais n’en ayons pas peur. Ce temps-là est sans doute une étape de préparation. Si nous n’avions pas d’abord laissé Dieu nous rejoindre et façonner notre être intérieur, serions-nous capables de vivre ou d’accueillir ce qui est devant nous ?

Conclure : A Noël, Jésus répond à l’attente de tout un peuple. Dieu nous manifeste son amour. L’Avent c’est aussi le temps où nous anticipons son royaume qui comblera toutes nos attentes. Que cette espérance nourrisse et fortifie et donne un sens nouveau à tes attentes et à ton présent. Elle te maintient spirituellement vivant pendant les temps difficiles.

Attends-toi au Seigneur. Regarde vers lui. Vis dans les limites de ton aujourd’hui. Souviens-toi de l’œuvre de Jésus et de sa promesse. Que le Seigneur soit l’objet de ton attente. Je crois que l’un des buts de l’attente c’est qu’elle creuse notre faim et notre soif de lui. Je prie pour que quelle que soit ton attente, elle creuse d’abord notre attente de lui et notre soif de lui. Car au fond, n’est-ce pas là le plus important. Comprendre que le plus important c’est Lui, Lui seul. Le reste retrouvera sa juste place. Aie confiance. Amen

Prière : Père, aide-nous par ton Saint-Esprit à comprendre quelles sont tes perspectives et nous attendre à toi et de regarder sans cesse à toi. Merci pour ton amour qui nous tient, nous fortifie, nous façonne. Sois avec nous dans nos temps d’attente et que nous ne cessions pas de te faire confiance.  Quel que soit mon avenir tu y es présent et tu ne nous abandonneras pas. Aide-moi à vivre mon aujourd’hui dans ta présence afin que mon âme y trouve sa paix et son repos. Amen

Pour aller plus loin : Si tu as vécu une attente grave, comment l’as-tu vécu, qu’est-ce qui t’a aidé ? Qu’est-ce que cela a changé, façonné, transformé ? Comment comprends-tu l’expression « s’attendre à Dieu, regarder vers lui » ? Qu’attends-tu le plus de lui ? En quoi l’espérance nourrit-elle notre présent et nous aide dans cette attente ?

 

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