Prédication sur Ac 17,1-9 et 28,1-9.

Les minus de l’accueil, ceux qui collaborent à la vérité du Règne divin.

Nous terminons provisoirement ce matin notre série de prédications sur les personnages minus de la Bible. Je vous disais que les personnages minus sont en général ceux qui figurent en tout petit dans le générique de fin d’un film. Lorsqu’on a vu un film avec de magnifiques paysages, on lit parfois le générique de fin pour voir où le film a été tourné. Et le réalisateur ne manque en général pas d’adresser ses remerciements – même si c’est en tout petit – aux régions qui ont accueilli le tournage. Dans la Bible, aussi, il y a les minus qui ont accueilli, sans forcément le savoir d’ailleurs, les grands de la grande histoire. Parmi ces minus un certain Jason et un certain Publius.

Les deux se sont fait un point d’honneur de pratiquer l’hospitalité envers Paul. Le NT contient d’ailleurs plusieurs appels à exercer l’hospitalité[1]. Jason est chrétien, Publius païen. Les 2 ont le cœur sur la main. Les 2 jouent un rôle important dans la vie de Paul. En tous cas assez pour que Luc se souviennent de leurs noms. Que font-ils au juste, ces minus du casting biblique ? Que font-ils et en quoi pourraient-ils être source d’inspiration pour nous ?

Jason est un prénom grec qui signifie celui qui guérit, qui soigne, qui raffermit. L’hospitalité signifie littéralement en grec qui aime l’étranger,  le différent.

Paul arrive à Thessalonique depuis Philippe où il a été emprisonné et fouetté sans jugement préalable, ce qui était illégal à l’encontre du citoyen romain qu’il était. Je pense que Paul arrive à Thessalonique mal en point. De même son arrivée à Malte fait suite au naufrage du bateau le transportant. Ces 2 hommes, Jason et Publius sont touchant: chacun contribue à faire du bien, à requinquer, à prendre soin de Paul et des autres. C’est émouvant de voir ce Publius qui semble être le gouverneur de l’île recevoir chez lui les naufragés, parmi lesquels des prisonniers en transfert vers Rome.

Il y a là une leçon de vie toute empreinte de l’évangile: ce qui nous rend l’autre étranger c’est parfois sa précarité, son dénuement, sa souffrance. Et sa situation nous fait peur. Pourtant la Bible nous encourage à justement pratiquer l’accueil de ces personnes. C’est la parabole du bon samaritain. C’est aussi la venue de Jésus le Sauveur, le roi crucifié, rejeté, mis au ban de l’humanité, écarté, exclu, abattu et qui m’ouvre les bras à la Croix en signe d’accueil. A moins que ces bras ouvert soit une prière qui nous implore de lui ouvrir les nôtre.

Jason et Publius pratique l’hospitalité. Nous ne pouvons pas tous avoir chez nous durant 3 semaines quelqu’un, ni tout un équipage naufragé. Qu’est-ce qui se cache derrière l’hospitalité biblique? 3 choses de mon point de vue.

1°. La volonté de voir en l’autre quelqu’un à honorer comme étant plus important que nous-mêmes[2]. C’est là la clé qui ouvre la porte de la véritable hospitalité. Je peux recevoir l’autre animé d’un tas de motivations: recevoir en espérant obtenir en retour un avantage; recevoir l’autre par curiosité ; recevoir l’autre pour me donner bonne conscience ou me valoriser (ne fut-ce qu’en priant pour lui). Considérer l’autre plus important que soi-même changera la donne car c’est ainsi que Jésus nous a reçu dans son amour. On ne meurt pas pour quelqu’un qu’on ne considère pas comme plus important que soi. Jason répondra d’un procès injuste pour avoir accueilli Paul. Il ne le trahit pas. Il donne les garanties nécessaires aux magistrats et organise le départ de Paul. Les ennuis des nouveaux chrétiens de Thessalonique avec la justice ne s’arrêteront pas là. On le voit en lisant les lettres que Paul leur envoie.

Dans cette disposition à honorer l’autre, il y a aussi le fait d’accueillir ses besoins et d’y répondre. Jésus lui-même nous fait comprendre qu’accueillir l’autre avec ce souci c’est comme l’accueillir lui-même. C’est cette conscience aigüe qui animait Mère Teresa. Sa vocation naquit lorsqu’elle entendit Jésus en Croix lui dire J’ai soif. Tout ce qu’elle fit pour les mourants de Calcutta, elle le fit avec cette conviction de soulager la soif de Jésus.

Cette disposition se nourrit du souvenir de nos moments de précarité où d’autres ont exercé cet accueil envers nous. Elle se nourrit de la règle d’or: être avec les autres comme on aimerait qu’on soit avec nous. Nous pouvons tous faire appel à de tels souvenirs, à cette règle d’or.

L’hospitalité est en fait un état d’esprit, plus qu’une table mise à la maison. Je peux pratiquer l’hospitalité-éclaire lors d’une rencontre avec x ou y à la sortie du culte ou à la Migros, ou au téléphone.

. L’hospitalité à laquelle m’invite le Nouveau Testament consiste aussi à être ouvert à recevoir un éclat, une parcelle du Règne de Dieu de la part de celui ou celle que j’accueille. Jason était-il déjà disciple de Jésus quand Paul est arrivé ? Pas sûr. Publius n’aurait pas imaginé qu’en ouvrant sa porte, son père trouverait la guérison. Les Galates, en recevant avec compassion un Paul gravement malade, vont recevoir l’Evangile. Dans nos milieux chrétiens évangéliques, nous pratiquons volontiers l’hospitalité avec la vision d’apporter qqch à l’autre. Mais, et si l’autre était porteur d’une étincelle du Règne de Dieu pour nous ? Si l’autre est plus important que moi, c’est qu’il a aussi qqch à m’apporter, pas juste à recevoir.

3°. Le 3e point nous encourage en nous montrant le projet de Dieu animant le rôle de ces minus du casting biblique. L’apôtre Jean dit dans sa 3e lettre au v.8 : Nous devons donc accueillir de tels hommes, afin de devenir collaborateurs avec eux pour la vérité. Chacun de nous, aussi minus soit-il, peut devenir collaborateur pour la vérité. Cette vérité c’est quoi ? Dans la 3e lettre de Jean, cette vérité c’est l’Evangile de Jésus reçu, cru et mis en pratique par nous. La vérité n’est pas l’évangile entendu, mais l’évangile écouté, cru, mis en pratique. La vérité c’est ce qui transforme notre vie, qui fait la différence en nous et qui se voit en dehors de nous et interpelle. Nous n’y arrivons pas toujours, parfois nous sommes collaborateurs du mensonge, c-à-d que nous vivons le contraire de ce que nous disons croire. Mais ne nous arrêtons pas à cela : relevons-nous et allons de l’avant.

Nous ne voyons pas forcément toujours le résultat profond de notre attitude d’accueil. Qu’importe ! Cela ne doit pas être notre souci.  Laissons le soin à la vérité de notre vie, de notre témoignage de faire son travail et son chemin chez l’autre et en nous sous la direction du St.Esprit. Il sait mieux que nous comment s’y prendre.

Concluons. Te souviens encore de la différence entre l’enfer et le paradis[3] ? Publius et Jason ont su utiliser leur baguette pour collaborer au paradis.

Chacun des minus que nous sommes nous avons nos baguettes… les mettrons-nous au service de l’accueil de l’autre ? Qui sait si nous ne participerons pas alors à l’édification d’une parcelle du paradis ?

Amen.

 

 

[1] Ro 12: 13  Subvenez aux besoins des saints. Tâchez d’exercer l’hospitalité.

Héb 13:2  N’oubliez pas l’hospitalité ; car en l’exerçant, quelques–uns, à leur insu, ont logé des anges.

1 Pi 4:9  Exercez l’hospitalité les uns envers les autres, sans murmurer. 10 Puisque chacun a reçu un don mettez–le au service des autres en bons intendants de la grâce si diverse de Dieu

[2] Phili 2 : 3  Ne faites rien par rivalité ou par vaine gloire, mais dans l’humilité, estimez les autres supérieurs à vous–mêmes. 4  Que chacun de vous, au lieu de considérer ses propres intérêts, considère aussi ceux des autres. 5  Ayez en vous la pensée qui était en Christ–Jésus.

[3] Cf. histoire lue en introduction du culte : L’Enfer et le Paradis.

Un vieux chinois, avant de mourir, fit un voeu. Il désirait voir l’enfer et le paradis. Comme sa vie s’était déroulée dans l’honnêteté, son voeu fut exaucé. On le conduisit d’abord en enfer. Il y vit des tables couvertes de nourritures délicieuses, mais les convives paraissaient affamés et furieux. Assis à deux mètres des tables, ils devaient utiliser de très longues baguettes et ne parvenaient pas à faire pénétrer la nourriture dans leur bouche. D’où leur souffrance et leur colère.

Ensuite on transporta le vieil homme au paradis où il vit exactement le même spectacle.

– Oui dit-il à son tour, les mêmes tables, la même nourriture, les mêmes baguettes. Mais tous les convives semblaient heureux et rassasiés.

– Pourquoi ? demanda-t-il.

– Parce qu’ils se nourrissaient les uns les autres.

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