Bulle, 19/04/20 : Psaume 86 ; Jérémie 17,5-10 

Chers amis, ce qui nous atteint aujourd’hui nous oblige à nous poser les bonnes questions : qu’est-ce qui est vraiment important pour nous ? Qu’est-ce que Dieu nous invite peut-être à changer dans notre rapport à lui, aux autres, à moi-même ?  Cette crise nous rend conscients de nos vrais besoins, de nos limites, de nos fragilités, de nos manques. Mais elle révèle aussi de quoi nous sommes vraiment dépendants.

  1. Covid19 et dépendance

La dépendance c’est quand nous avons besoin d’une tierce personne pour réaliser qqch que nous ne pouvons pas faire (par) nous-mêmes. Et sans cette personne (ou chose) nous perdons en qualité de vie, cela peut affecter mon bien-être et même ultimement ma vie… Le covid nous a montré que nous étions dépendants de notre système de santé pour endiguer le virus, dépendants d’autres personnes pour faire nos courses (en cas de fragilité), dépendants d’internet pour les achats non essentiels, de la Chine pour nos masques (quelle ironie !), etc. Nous n’aimons pas être dépendants car cela nous renvoie à notre fragilité et questionne l’illusion d’une parfaite autonomie. Nous dépendons tous de qqun ou de qqch à des degrés divers… Nous préférerions être au contrôle, faire par nous-mêmes, maitriser les choses mais la situation nous montre que nous ne maitrisons pas tout…loin de là.

Nous constatons que tout ce que nous avions pris pour acquis jusqu’à présent peut nous échapper du jour au lendemain. Malgré les progrès extraordinaires en matière scientifique et technologique nous constatons que nous ne pouvons pas complètement dépendre de la science face à ce virus. Oui Dieu a donné l’intelligence et la sagesse aux hommes pour nous soigner. Mais je suis étonné devant ces discours qui mettent tout le poids de l’avenir du monde sur la science…Comme si notre sort, notre destinée, notre salut étaient entre les seules mains de la science. Nous devons rester très humbles sur nos capacités et reconnaitre aussi nos limites et nos impossibilités.  Nous pensions que notre bien-être, notre vie et notre avenir dépendaient du progrès inéluctable de la science, de l’augmentation du pouvoir d’achat et en un monde meilleur. Nous avions misé sur la prospérité, la sécurité et la croissance pensant que notre bonheur dépendrait de tout cela. Et bien nous risquons d’être déçus…

  1. Dépendance : en quoi, en qui ?

Je crois que dans le mystérieux plan de Dieu, l’apparition de ce virus sera l’un des moyens de Dieu pour nous rendre plus dépendants de lui. Il y a des choses sur lesquelles nous n’avons et n’aurons jamais totalement prise. Et cela nous frustre. Le prophète Jérémie nous encourage à mettre notre confiance non pas dans l’homme, mais seulement en Dieu, fondement solide inébranlable. Bien sûr nous ne pouvons pas renier toutes les sortes d’aides humaines qui existent aussi bien dans le domaine social, médical, associatif ou autre. Elles nous sont toutes données par Dieu. Mais elles ne peuvent pas remplacer Dieu dans notre vie. Elles doivent rester des instruments entre les mains de Dieu pour nous aider.

De même nous sommes entourées de personnes bienveillantes, d’amis, de frères et sœurs que nous aimons. Mais nous ne devons pas non plus dépendre de ces relations au point de ne plus pouvoir nous en passer. En effet nous ne pouvons pas nous appuyer totalement sur eux car il n’existe aucun être humain, ni système quel qu’il soit susceptible de ne jamais vous laisser tomber, vous décevoir ou vous faire mal, d’une façon ou d’une autre. Nous n’avons pas cette capacité en tant qu’êtres humains d’être totalement fiables et dignes de confiance. En prendre conscience nous gardera de l’amertume et de la déception.

Bien des choses et des personnes peuvent contribuer à notre bonheur mais c’est un mensonge de croire qu’elles sont indispensables et essentielles à ce bonheur. Seul Dieu peut et doit rester la source ultime de notre bonheur et de notre vie, de notre joie, de notre paix intérieure. Cela ne peut pas non dépendre de nos biens, notre travail, notre position sociale, un compte en banque bien rempli, etc. Ces choses ne doivent pas remplacer Dieu dans notre cœur. Elles sont tout aussi fragiles. Jésus a dit « cherchez d’abord le royaume des cieux et tout cela vous sera donné en plus ». Ces choses doivent rester à leur juste place. Dieu seul est et doit rester la source de notre bonheur et de notre vie. Au Ps 16 David dit « O Dieu, garde-moi, c’est à toi que j’ai recours ; je dis au Seigneur, tu es mon maitre souverain, je n’ai pas de bonheur plus grand que toi ». Cela m’amène au point 3.

  1. Dépendance, connaissance de Dieu et prière

David fait face lui aussi à une grande détresse. Il se sent seul, sans défense. Quand nous reconnaissons que nous sommes démunis alors nous pouvons imiter David au Ps 86. Que fait-il ? Il prie et fait appel à Dieu. C’est une façon d’affronter la vie quand elle nous échappe et nous semble hors de contrôle. David apprend à dépendre de Dieu.

Pas plus qu’on ne voudrait se confier en quelqu’un que l’on ne connaît pas, on n’aimerait pas dépendre de quelqu’un en qui on ne peut se confier. Or, cette dépendance est enracinée dans cette conscience que David a de qui est Dieu et de ce qu’il fait (relisez les versets 3,9,10,13,15).  David dit « parmi les dieux, aucun n’est comme toi, Seigneur, aucun ne peut faire ce que tu as fait ». 11 fois David l’appelle « Seigneur » (Adonaï), càd maitre souverain. Ce Psaume nous rappelle que Dieu est au-dessus de toute chose et surtout qu’il contrôle la situation. Toute situation. Rien ne lui échappe. Encore moins ma vie. Nous pouvons donc déposer notre vie entre ses mains et nous abandonner à son amour qui prend soin de nous.

Car s’il est Adonaï, par 4 fois David dit aussi « tu es mon Dieu ». Cela devient plus personnel. Dieu n’est plus seulement roi mais aussi son ami, le proche, son confident.  Cette dépendance est le point de départ d’une intimité toujours plus grande avec Dieu. Notez le ton et le caractère intimiste des requêtes de David, telles celle d’un fils à son père ou à sa mère. Ces demandes (vv.2.3.4.5.11.16.17) « protège ma vie, accorde-moi ton appui, écoute ma plainte, enseigne-moi le chemin à suivre, donne-moi ta force, donne-moi un signe que tout ira bien… », montrent bien qu’il ne peut gérer seul sa vie, que Dieu seul peut répondre à ses besoins et qu’il est impuissant sans son aide.

Si sa réaction est de se rappeler encore et encore qui est Dieu, nous ne devons donc pas oublier QUI nous sommes pour lui aussi : nous sommes ses enfants qu’il aime et il attend que nous lui fassions confiance. Les enfants dépendent de leurs parents pour pourvoir à leurs besoins. Le chrétien, tel un enfant, est celui qui devrait reconnaitre qu’il est totalement et complètement dépendant de Dieu. J’accepte de dépendre de qqun en qui j’ai confiance. Si cette confiance nous fait défaut, c’est parce que nous ne connaissons pas notre Dieu et Père de cette riche et précieuse connaissance qui ne s’acquiert que dans une vie de communion avec Lui.

Comme un enfant appelle ses parents, cette dépendance s’exprime par notre promptitude à appeler Dieu au secours jour après jour. J’ai vu que plusieurs présidents de pays d’Amérique latine se sont adressés à leur population en leur demandant de prier Dieu pour combattre ce virus. Le président du Panama a dit « sans son aide, cet ennemi va être très difficile et impossible à combattre »… Quel courage de l’admettre ! Soyons honnête : nous avons du mal à dépendre des autres et de Dieu. C’est l’orgueil et l’autonomie qui nous freinent et nous empêchent de lui demander l’aide dont nous avons besoin.

Pourtant…c’est seulement quand nous reconnaissons notre besoin et savons que qqun peut nous aider que nous demandons de l’aide. Imaginez que qqun vous aide à accomplir quelque chose que vous étiez incapable de faire par vous-même…cela peut soit vous frustrer… soit vous admettez votre dépendance en cette personne qui a été capable de vous aider. Et du coup la seule chose à faire c’est d’exprimer de la reconnaissance à son égard !

Je me souviens avoir demandé une fois à Siméa Schwab une femme sans bras qui était venue témoigner au caté secondaire. Je lui avais demandé ce qui était le plus dur pour elle : « la dépendance ». On peut imaginer pourquoi. Mais en parallèle elle a ajouté qu’elle était reconnaissante pour l’aide qu’elle recevait.

Alors concrètement nous pouvons prendre 2 habitudes : la 1ère habitude en début de journée serait de demander l’aide de notre Père et la 2ème en fin de journée sera celle de pratiquer la reconnaissance. En effet cette dépendance ne nous conduit pas à la frustration mais au contraire à la reconnaissance : v.12 : « je te louerai de tout mon cœur, je t’apporterai mon hommage pour toujours ».

Pour conclure : En cette période plus que jamais, vivons dans la communion avec Dieu, recherchons-la, cultivons-la, c’est ce qui importe par-dessus tout, c’est le point de départ ; nous apprendrons alors à le connaître ; le connaissant mieux, nous saurons nous confier en Lui et nous confiant en Lui, nous serons heureux de marcher dans sa dépendance. Le Seigneur compte sur notre attitude humble de confiance et de dépendance en lui comme un enfant dépend de ses parents. Un père tel que Dieu ne laissera jamais ses enfants. Oui, aujourd’hui nous sommes confrontés à quelque chose qui nous dépasse et que nous ne maîtrisons pas. Mais n’aie crainte, quelles que soient les choses qui te font souci, adresse-toi à Dieu ; il sait comment répondre à tes besoins. Il utilise ce qu’il voudra pour y répondre et il interviendra de la meilleure des façons. Peut-être pas comme tu pensais. Mais sa façon est bonne, sois en sûr. Manifestons-lui notre reconnaissance pour cela ! Amen

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