Prédication sur Luc 2,1-20 / Psaume 33.12-22 bfc

Noël: l’humanité fait ses inventaires; Dieu désireux de rencontre pour notre paix.

Chers amis,

J’aimerais introduire la méditation du récit de Noël par la crèche que le Seigneur a inspirée à Christian Paccaud notre sacristain. Une crèche qui ressemble à un mobile. Une crèche où il y a une recherche d’équilibre entre les personnages. Où Jésus est présent tout en étant un peu en dehors… Où il est comme le centre de gravité et de référence. Cette crèche ressemble à la famille ou à l’Eglise : si tu veux pousser dehors, exclure du cercle qui ne te convient pas… un déséquilibre s’installe ; si tu penses être plus important que d’autres, avoir plus de poids que d’autres, un déséquilibre s’installe. Si une personne a le cœur gros de souffrances… et que la communauté ne la ramène pas au centre, l’équilibre aussi est menacé. Par l’action des uns et des autres, l’équilibre peut être sauvegardé.

Noël nous invite année après année à redécouvrir dans la naissance de Jésus, Dieu-avec-nous-qui-sauve, la bonne nouvelle qui s’y cache pour nous et le défi concomitant.

La bonne nouvelle c’est que le Seigneur Dieu vient à notre rencontre dans notre simplicité, dans la réalité brute de notre humanité, pour nous dire et redire que nous sommes objets de sa bienveillance, de son amour, en vue de notre paix. Jésus, Dieu-avec-nous-qui-sauve qui vient dans la simplicité représente un véritable défi lancé à ce monde et à nous, comme ce fut le cas aussi il y a 2000 ans.

En effet, Jésus vient au monde lors d’un recensement ordonné par l’empereur, qui avait pour objectif d’évaluer les ressources humaines et fiscales dont disposait l’empire. Mais, ce recensement est mené de manière typiquement juive[1] car il fait aller les gens à leur lieu d’origine : cela fait penser à certains recensements opérés dans le judaïsme d’alors, où les gens allaient confirmer leur appartenance à telle ou telle lignée, tribu, famille afin de certifier leur judaïté. C’était comme se rassurer sur son identité. Pour Joseph c’était attester de son appartenance à la descendance royale davidique. Et voici que dans ce mouvement de recensement des forces et de ce que je crois faire de moi quelqu’un de bien, il n’est pas trouvé de place pour la naissance de Jésus.

La bonne nouvelle de Noël c’est que Jésus, Dieu-avec-nous-qui-sauve vient à nous pour une rencontre, pas pour un inventaire de nos forces et de notre pédigrée. Il vient pour nous rencontrer dans notre simplicité… Dans ce que nous sommes vraiment et que nous ne montrons pas forcément aux autres, dans ce que nous vivons au secret de nous-mêmes et que nous ne voulons pas montrer. Le défi c’est que souvent nous peinons à accueillir sa venue, son Règne, sa présence, son action parce que nous nous situons dans une logique d’inventaire et de recensements de nos forces, de nos avoirs, de nos trésors matériels ou immatériels… Cette logique du savoir-sur-quoi-je-peux-compter, du savoir-ce-que-je-vaux nous empêche souvent de rencontrer le Seigneur, mais aussi les autres. C’est la logique de la maîtrise et non de la foi et de l’amour. C’est la logique de la domination et non du partage.

Jésus vient à nous avec cette bonne nouvelle que chantent les anges : Gloire à Dieu dans les lieux très hauts, et, sur la terre paix parmi les humains en qui il prend plaisir !  La bonne nouvelle c’est que Dieu vient pour nous donner la paix et qu’il prend plaisir en nous. Il prend plaisir en toi. A Moïse qui lui demande de lui montrer sa gloire, Dieu répond[2] : 19 Je vais passer devant toi en te montrant toute ma bonté et en proclamant mon nom : Le Seigneur. 5-6 Le Seigneur descendit et passa devant Moïse en proclamant: Je suis le Seigneur ! Je suis un Dieu compatissant et bienveillant, patient, d’une immense et fidèle bonté.

La gloire de Dieu vient briller pour les gens comme les bergers, gens simple qui n’ont ni fortune, ni réputation à défendre, et qui savent bien ne pas faire partie des bons croyants. La gloire de sa bienveillance… de sa compassion… de sa patience… Elle vient briller comme cette présence qui veut rétablir un équilibre dans le mobile de notre vie, dans le mobile de notre existence, dans le mobile de nos relations. La bienveillance, la compassion, la patience c’est ce qui m’ouvre à l’autre… En Jésus, Dieu s’est ouvert à nous, livré à nous. En Jésus Dieu a pris un risque… car c’est dangereux d’être un humain parmi les humains. Et il nous engage à être ses disciples, c-à-d à faire de même, à le suivre, à mettre nos pas dans les siens. A quitter nos inventaires de force, de savoir, de certitudes, de raisons, d’excuses bonnes ou mauvaises, et de bonne conscience… à quitter ces inventaires pour faire place à l’autre, au prochain.

Avec la naissance de Jésus, Dieu-avec-nous-qui-sauve-et-libère, la gloire de Dieu a choisi de résider parmi nous, les être humains objet de la bienveillance de Dieu, en qui il prend plaisir. Et l’Eglise est appelée à refléter la Gloire de Dieu. Ne sommes-nous pas le corps de Christ ? Le corps de Christ, c-à-d le moyen par lequel il entre en contact avec le monde? Quelle privilège de pouvoir laisser briller Sa bienveillance et Sa compassion parmi nous, entre nous… pour que chacun trouve et aie sa place dans le mobile de la vie.

Noël c’est la bonne nouvelle de la venue parmi nous de Jésus, Dieu-avec-nous-qui-sauve-et-libère, porteur de la gloire de Dieu pleine de bonté et de compassion de Dieu pour nous. Il est venu pour toi. Pour moi. Cette bonté, dit le psalmiste, vaut mieux que la vie (cf. Ps 63.3), elle vaut bien plus que tous nos inventaires de forces et de sécurités. Elle est ce qui nous donne Sa Paix. Tu vois… Sa Gloire c’est Sa Paix sur nous et en nous. Cette Paix qu’il nous invite à répandre à notre tour sur les autres, veillant à ce que – pour ce qui peut dépendre de nous – notre prochain garde sa place sur le mobile de la vie.

Prions.

Seigneur

Nous faisons l’inventaire de nos forces

            avec la crainte qu’elles ne suffisent pas.

Nous faisons l’inventaire de notre santé

            avec la peur qu’elle nous lâche.

Nous faisons l’inventaire de nos biens

            avec l’appréhension de les perdre.

Nous faisons l’inventaire des scénarios du futur

            nous demandant ce qu’il en sera

Nous faisons l’inventaire de nos amis

            pour voir sur qui nous pouvons compter.

ET TOI

tu fais l’inventaire de tous ceux qui ont besoin de ton amour

                                                                            de ton pardon

                                                                            de toi tout simplement.

ET TOI

tu te soucies qu’une seule, qu’un seul se prive de ton amour, de ton pardon, de toi.

Ton amour et ta générosité sont notre paix

             et pourtant nous la cherchons ailleurs dans nos inventaires si passagers.

Prends pitié de nous.

Amen.

 

[1] Les Romaines recensaient les gens là où ils habitaient, ou là où se trouvaient leurs biens fonciers.

[2] Cf. Ex 32 : 18 Moïse lui demanda : Permets-moi de contempler ta gloire. 19 Le Seigneur dit alors : Je vais passer devant toi en te montrant toute ma bonté et en proclamant mon nom : Le Seigneur. J’aurai pitié de qui je veux avoir pitié et j’aurai compassion de qui je veux avoir compassion.

Ex 33 : 5 Le Seigneur descendit dans la colonne de fumée et se tint là, à côté de Moïse. Il proclama son nom : Le Seigneur. 6  Puis il passa devant Moïse en proclamant encore : Je suis le Seigneur ! Je suis un Dieu compatissant et bienveillant, patient, d’une immense et fidèle bonté.

 

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