Prédication sur Jean 20,19-31

Quand le doute devient prière.

Chers amis,

On pourrait résumer un peu l’histoire de Pâques ainsi : À tombeau ouvert, portes fermées. En effet, 2 fois, Jésus ressuscité trouvent ses disciples reclus derrières des portes verrouillées. Quel paradoxe que la 1ère rencontre des disciples avec le Jésus ressuscité n’aie en rien modifié le verrouillage des portes. Heureusement que Jésus ne se laisse pas arrêter par cela. Et j’ai envie d’ajouter : Heureusement qu’il y a eu Thomas et son incrédulité pour que Jésus revienne une fois encore. En effet, les disciples n’avaient pas compris que Jésus leur demandait d’ouvrir la porte quand il leur disait : Comme le Père m’a envoyé, moi aussi je vous envoie. Comme quoi… il n’y a pas que nous qui avons de la peine à croire ou de la peine à tirer les conséquences de ce que nous affirmons croire.

Dans Apoc 3,20, Jésus dit qu’il frappe et attend qu’on lui ouvre. Ici, il ne frappe pas, il entre. Il est… Il est… comme déjà dedans… Avant même d’avoir frappé. Il est entré… Sans qu’on ouvre la porte.  A moins que… À moins que le doute exprimé par Thomas soit déjà en soi une invitation à entrer. Vu que Jésus ne force jamais la porte.

Je crois qu’il y a doute et doute. Il y a l’incrédulité arrogante de celui qui croit tout savoir… Tout maîtriser… par sa seule raison. ET il y a le doute de la foi… Le doute de celui ou celle qui aimerait croire, qui croit… mais qui ne sait comment s’y prendre… Le doute de celui ou celle qui croit au fond de soi… qui croit mais est retenu… Comme ces poulets à qui on a coupé le bout des ailes… Qui aimeraient s’envoler… mais… en sont incapables. Ce doute-là est prière, ouverture, et promesse d’une porte qui va s’ouvrir et d’un chemin qui va se dérouler devant soi. Thomas… les ailes de sa foi ont été coupées par la mort de Jésus, puis par la déception de ne pas avoir été là quand Jésus, son maître à lui aussi, s’est présenté aux disciples en son absence. Pourquoi eux et pas moi ?… Pourquoi les miracles sont-ils pour les autres pas pour moi ? Pourquoi les miracles se passent-ils au fond de l’Afrique et pas à Bulle ? Pourquoi pour certains c’est facile de croire et pas pour moi ? Mais pourquoi donc ? Pourquoi pour certains ça semble claire et Jésus leur répond et pas à moi ? Pourquoi certains disent entendre la voix de Dieu et pas moi ? Pourquoi ce silence de Dieu, et cette épreuve et cette maladie, et cette perte ? Moi aussi je veux voir, plus je veux toucher. Voilà ce qui se cache peut-être derrière l’appel à la preuve de Thomas. Ces doutes qui empêchent notre envol… quels sont-ils ? Sont-ils des doutes alibis pour ne pas croire ou des doutes qui entravent notre envie de croire. Pour Thomas qui avait suivi Jésus durant 3 ans, ce sont clairement des doutes de la 2e catégorie. Pouvoir les dire et être au clair avec nos propres doutes c’est déjà inviter Jésus à y répondre.

J’aime ce récit de Thomas, car Jésus vient répondre à la prière indirecte de son disciple. Il y répond en venant lui montrer qu’il est ressuscité pour de vrai, en chair et en os, pas en fantôme ou en revenant. Thomas est invité à toucher. En fait, non… En grec, le mot mettre son doigt dans les blessures de Jésus, ce verbe mettre est celui utilisé pour dire que le semeur sème ses graines. Jésus accueille nos doutes comme des graines qu’il veut faire grandir en foi, en confiance.

Certains parents qui demandent le baptême de leur enfant me disent que c’est pour leur ouvrir une porte, un chemin vers Dieu que l’enfant prendra ou ne prendra pas. Cette porte qui se trouve devant chacun d’entre nous… cette porte de la foi s’ouvre quand je peux partager mes questions et mes doutes avec Jésus dans la prière, ou avec d’autres croyants. Apporter mes questions à Christ c’est déjà faire acte de foi. Me rendre compte que Jésus est à mes côtés, avec tant d’amour et de compréhension… au milieu de mes questions… c’est ce qui transforme peu à peu mes doutes en confiance. C’est expérimenter sa résurrection : il est vivant, à tes côtés.

Cela dit, Jésus nous demande d’ouvrir les portes, pas de rester cachés derrière nos doutes et questions. Il nous envoie avec ce que nous avons de confiance en lui, avec ce que nous avons de communion avec lui, avec ce que nous avons compris de lui… Il nous envoie nous confronter au monde. Il nous envoie le porter au monde. En effet, Jésus, son entrée dans la chambre haute alors que toutes les portes sont verrouillées est un mystère… Mais sa sortie… il y a fort à parier qu’il est sorti quand ses disciples ont choisi d’ouvrir, de s’ouvrir et d’aller. Ouvrir un chemin de foi possible à nos enfants par le baptême… oui c’est possible… Mais ouvrons nos portes et précédons nos enfants sur ce chemin.

Etre disciple de Jésus ce n’est pas ne pas douter, ne pas se questionner. Etre disciple de Jésus c’est persévérer à lui apporter nos questions et nos incompréhensions. C’est les porter ensemble comme communauté. Nous devons apprendre à porter les questions les uns des autres. Afin que ces questions deviennent graine de foi.

Amen.

 

 

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