Parmi toutes ces images et vidéos que nous pouvons trouver sur les réseaux sociaux j’en ai trouvé une intéressante qui vient d’Amérique certes, mais qui montre un rayon de livres et notamment de Bibles qui a été dévalisé. Oui vous avez bien entendu je ne parle pas du rayon papier toilette mais du rayon Bible ! Pourquoi faut-il un temps de crise pour que les gens commencent ou recommencent à réfléchir au sens de la vie et se tournent vers la spiritualité ? Tiens, tout d’un coup on se souvient qu’il existe peut-être un Dieu…qu’il a quand même des choses à nous dire…des encouragements à nous adresser…des promesses qui fortifient notre foi…des paroles qui pourraient nous aider en temps de crise… Bien sûr ma question c’est : une fois la crise passée, que restera-t-il de tout cela ?
- Fragilité et peur
Cette crise montre à quel point nous sommes démunis et fragiles. Oui nous devons faire le constat de la fragilité de notre monde. On a beau être au 21ème siècle, il suffirait d’un virus plus virulent encore et c’en est fait de notre humanité ! Comme la ville de Babylone de la Bible, notre monde et en particulier l’Occident se dit depuis longtemps « je siège en reine jamais je ne serai veuve et jamais je ne verrai le deuil » (Ap 18,7). Quel orgueil ! Non, nous ne sommes pas éternels. On réalise qu’en portant notre main à la bouche nous pouvons être contaminé et contaminer par la suite. Et même mourir. Nous savions que nous pouvons être malade et mourir un jour ou l’autre ; Mais là, cela nous touche de très, de trop près ! C’est à 1 ou 2 m de nous j’aurais envie de dire !
Nous sentons bien que l’humanité perd le contrôle et nous n’aimons pas cela. Nous aimons être capitaines et maitres de notre destinée. La vérité c’est que nous ne pouvons contrôler qu’une petite partie de notre vie (le chauffage à distance et d’autres bricoles par exemple). Cette sensation de contrôle est une illusion, une bulle que le virus a éclaté en révélant la vérité : nous ne sommes pas réellement au contrôle… Mais Dieu reste souverain !
Oui nous sommes fragiles et faibles et comme dit le Psaume 103 : « l’homme ? ses jours sont comme l’herbe, il fleurit comme la fleur des champs : lorsque le vent souffle sur elle, elle disparaît et la place qu’elle occupait ne la reconnaît plus ». Notre argent, nos assurances, nos connaissances, notre système de santé et la science aussi avancés soient-ils ne peuvent plus occulter cette fragilité qui nous rappelle que nous ne pouvons pas prendre nos vies sur terre pour acquises. Ce n’est pas que nous ne le savons pas mais je me demande parfois si nous ne sommes pas complètement dans le déni voire l’oubli. Mais la réalité est là pour nous le rappeler.
Et cela peut nous faire peur. Cette crise est anxiogène au point que nous voyons des comportements irrationnels. Sauf que la peur ne rajoute rien à nos vies. Elle ne fait que l’empoisonner davantage. Vous avez surement entendu parler de Corrie ten Boom, une hollandaise déportée qui s’est conduite courageusement face au nazisme. Elle a dit : « l’inquiétude ne vide pas demain de ses peines, elle vide aujourd’hui de sa force ». Nous inquiéter ne changera pas nos circonstances ni ne diminuera nos risques d’être infectés. Cela ne nous aidera pas à combattre la maladie ni ne nous poussera à l’action. Nous inquiéter au sujet du COVID-19 (ou de quoi que ce soit d’autre) ne fera qu’accroître le trouble. Cette crise doit plutôt être une force motrice pour mettre notre foi en action. Aussi le temps imparti doit nous servir à nous concentrer sur l’essentiel : aimer Dieu et notre prochain plus que nous-mêmes.
- Foi en la bonté de Dieu
Si le Psaume 103 dit que notre vie est comme la fleur des champs et qu’elle disparait, il faut lire la suite : « MAIS la bonté du Seigneur dure d’éternité en éternité pour ceux qui le craignent et sa justice demeure pour les enfants de leurs enfants pour ceux qui gardent son alliance et se souvient de ses commandements pour le mettre en pratique ».
Au cœur de ta fragilité, n’oublie pas ce MAIS ! Dieu est bon, et il ne t’oublie pas dans ce temps de crise. Justement le mot crise signifie à la base « choix ». Tu as le choix. D’avoir peur, de paniquer. Ou de te confi(n)er dans la bonté du Seigneur et de rester ainsi dans sa paix. Cette crise nous met au défi de réagir autrement qu’avec de la peur. Jésus nous appelle à répondre à la situation avec foi et dans la prière.
- La foi d’abord. Pas la foi dans les étoiles, ni dans le destin ou dans une divinité inconnue. Mais la foi en Jésus-Christ, notre bon berger, Le même qui dit « je t’aime d’un amour éternel », le même qui dit « Je suis avec toi quand tu traverses la sombre vallée de la mort ». le même qui nous dit « je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi vivra, même s’il meurt ; et toute personne qui vit et croit en moi ne mourra jamais». Crois-tu cela ?
La foi est une confiance sereine qui s’appuie sur les promesses de Dieu et de la réalité de son amour manifesté en Jésus-Christ. Nous croyons que Dieu est bon et qu’il est au contrôle. Si les choses nous échappent, n’aie crainte, nous connaissons celui qui tient le cours de l’Histoire dans le creux de sa main. Si je mets ma vie entre ses mains c’est parce que je sais qu’elles sont bienveillantes. Mais attention. Avoir foi ne signifie pas que Dieu serait pour nous une sorte d’assurance-maladie céleste qui fera que rien ni aucun virus ne pourra nous toucher. Il ne suffit pas de réciter le psaume 91 et proclamer le sang de Jésus pour croire que nous ne serons pas atteints. Il est aussi dit « Tu ne tenteras pas le seigneur ton Dieu ».
La foi en Dieu ne doit pas nous empêcher de respecter les mesures sanitaires pour être protégé et protéger autrui. Nous avons tous entendu parler de frères et sœurs, pasteurs et prêtres décédés de ce virus. Cela ne veut pas dire qu’ils n’avaient pas la foi ! D’ailleurs, c’est au nom de sa foi et de son amour pour son prochain qu’un prêtre italien a choisi de donner son respirateur à un plus jeune que lui. Les moments de crise font ressortir la bassesse et la noblesse humaine. Elle est révélatrice de qui nous sommes vraiment et qui nous aimons vraiment. C’est aussi la foi et l’amour d’un croyant accompagné de sa Bible qui ont poussé un médecin athée à se tourner vers Dieu réalisant son besoin de lui face à nos limites. Ce médecin a dit : « alors que nous étions tous épuisés, détruits, il avait réussi malgré ces conditions et nos difficultés, à nous apporter une paix que nous n’espérions plus retrouver ». La paix de ces personnes devant la mort ont fait une différence. Elles ont été source de vie. Quel paradoxe !
Oui, nous n’avons pas à nous inquiéter parce que nous mettons notre foi en Jésus-Christ dont il nous est dit dans Hb 2 : « par sa mort il a pu rendre impuissant celui qui exerçait le pouvoir de la mort c’est-à-dire le diable et libérer tous ceux que la peur de la mort retenait leur vie durant dans l’esclavage » (Hb 2,14-15). Les réactions irrationnelles de certaines personnes indiquent que beaucoup ont peur de la mort. Mais par sa mort et sa résurrection Jésus nous libère de la crainte de la mort car elle a été vaincue. Elle n’est pas la fin. Nous connaissons l’espérance qu’apporte la victoire de Christ. L’ennemi veut nous maintenir dans l’esclavage alors que le Christ veut nous libérer de toute peur. Alors soyons de ceux qui respirent le calme et la confiance et même la bonne humeur plutôt que des vecteurs d’angoisse et de stress. Ce monde a besoin de gens stables qui sont fortifiés par la grâce de Dieu.
- Et puis la prière. J’en ai déjà parlé la semaine passée. Mais j’aimerais rajouter ce que Paul nous dit (Ph 4,6-7) : Ne vous inquiétez de rien, mais en toute chose faites connaître vos besoins à Dieu par des prières et des supplications, dans une attitude de reconnaissance. Et la paix de Dieu, qui dépasse tout ce que l’on peut comprendre, gardera votre cœur et vos pensées en Jésus-Christ. Il parait que cela prend la même quantité d’énergie de s’inquiéter que de prier. Mais une de ces attitudes conduit à la paix, l’autre à la panique. Là encore nous avons le choix. Paul évoque ensuite vers quoi nous devons tourner nos pensées. Tout commence dans nos pensées. Tout ce qui influence nos pensées (médias, lectures, conversations, etc.), vient nourrir la peur ou la paix de l’esprit. Alors installe-toi tranquillement et relis les psaumes et laisse la Parole de Dieu nourrir ton esprit. Certes tout cela est préoccupant mais ne laissons pas notre cœur être contrôlé par tout ce que nous entendons. Profitons de ce temps de confinement pour être et rester dans sa présence, au calme, pour se réfugier en lui et de recevoir la paix qu’il donne.
Mon frère, ma sœur, cher ami, n’aie pas peur. Reçois la paix du Prince de Paix, Jésus. Il ne te la promet pas. Il te la donne. Il nous faut la recevoir, les mains ouvertes. Il est digne de confiance. Il est bon. Il est au contrôle. Nous connaissons celui qui tient le cours de l’histoire et de l’univers dans le creux de sa main et nous en connaissons l’issue finale. Pas de panique ! En même temps oui, c’est vrai, nous ne comprenons pas tout ; dans ce monde bien des choses sont équivoques et troubles : mais, là encore, mais sa grâce et son amour sont certains ! Tenons-nous dans sa présence et son amour qui donnent la paix. Car oui, la paix ce n’est pas l’absence de guerre disait Claudel, mais la présence de Dieu. Et je termine avec cette prière de Saint Augustin : « Tu nous as faits pour toi Seigneur et notre cœur est sans repos tant qu’il ne repose pas en toi ».
Dans la paix de ton cœur, seigneur, je me réfugie. Quand les soucis m’accablent, quand l’espérance s’éloigne, quand la peur m’envahit, près de toi, seigneur, je me blottis. Parfois il est difficile de dire oui, d’être fort-e et sûr-e de soi. Pourtant, il me serait certainement plus facile de l’être si je puisais ma force à ta force, si je puisais ma paix dans ta paix. Amen
Amen
Liturgie
Accueil et prière : Chers amis, frères et sœurs de la paroisse de Bulle-La Gruyère ou d’autres lieux, soyez les bienvenus à ce 2ème culte enregistré. Recevez nos plus fraternelles salutations. Nous espérons que vous vous portez bien ou mieux pour certains. Soyez assurés de la prière de vos compagnons de route et de notre amour. Que la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu le Père et la communion du Saint-Esprit soit avec nous tous ! Méditons ces quelques versets du Psaume 62
Prière : Esprit de lumière et de vérité, éclaire pour nous la parole que nous allons entendre. Conduis-nous dans la vérité. Esprit de sainteté, pénètre nos pensées et nos cœurs, rends-nous obéissants à ta volonté. Esprit d’amour, de joie et de paix, brille en nous comme une flamme que rien ne puisse éteindre. Amen
Lectures : Ph 2,4-9 ; Ps 103,13-19 ; Jean 14,27
Prédication
Confession de foi : Je vous invite à dire notre foi avec cette confession de foi de l’Eglise protestante unie de France : « Je crois en Dieu. Malgré son silence et son secret, Je crois qu’Il est vivant. Malgré le mal et la souffrance, Je crois qu’Il a fait le monde pour le bonheur de la vie. Malgré les limites de ma raison et les révoltes de mon cœur, je crois en Dieu. Je crois en Jésus Christ. Malgré les siècles qui me sépare du temps où il est venu, je crois en sa Parole. Malgré nos incompréhensions et nos refus, je crois en sa résurrection. Malgré sa faiblesse et sa pauvreté, je crois en son règne. Je crois en l’Esprit Saint. Malgré les apparences, je crois qu’il conduit l’Eglise. Malgré la mort, je crois à la vie éternelle. Malgré l’ignorance et l’incrédulité je crois que le Royaume de Dieu est promis à tous ».
Intercession: Seigneur, nous crions à toi alors que ce virus endeuille toujours plus de familles. Viens à notre secours. Viens et interviens ! Fortifie, protège et renouvelle toutes celles et ceux qui sont en 1ère ligne dans ce combat : les médecins, personnel soignant, infirmières/ers. Nous les bénissons tous. Seigneur, nous t’apportons toutes les personnes inquiètes, découragés et déboussolés ainsi que tous ceux qui sont sans espérance. Veuille leur donner un cœur réceptif à l’Evangile et qu’ils aient soif de connaître la vérité et trouvent en toi la paix. Seigneur, donne à ton Eglise et à ses différentes communautés d’être témoins de compassion et que nous soyons là où nous sommes des témoins de la lumière et des semeurs d’espérance. Viens nous aider à nous pacifier nous-mêmes afin de porter la paix aux autres. Avec toi nous voulons être porteurs…de confiance ! Enfin nous te confions nos autorités afin que tu leur donne sagesse, discernement et courage dans les décisions difficiles qui s’imposent et devront être prises. Nous sommes tes enfants et comme tels nous te disons d’un même cœur la prière que Jésus nous a enseigné : Notre Père
Envoi: J’aimerais partager avec vous une adaptation du Psaume 23 signée Christophe Desplanque, pasteur réformé en France. Si vous ne connaissez pas le Psaume 23 je vous invite à mettre sur pause et à aller le lire dans votre Bible d’abord.
Le Seigneur veille sur moi. Pas besoin d’accumuler des stocks. Il pourvoit à mes besoins quotidiens. Il me maintient dans le calme et la sérénité. Il veille sur mon moral et ma santé. Il m’aide à prendre au jour le jour les bonnes décisions, parce qu’il s’est donné le nom de « Père ». Et même si je devais contracter un virus ou une autre maladie potentiellement mortelle, Je n’aurais pas peur, parce que tu seras encore auprès de moi. Ta Parole est mon guide, tes promesses m’encouragent. Face à tout ce qui me menace, tu opposes tes gestes-barrières : — La promesse que tu m’as faite en Jésus-Christ, de m’adopter comme ton enfant — Ta vie donnée pour moi, par cet amour dont rien ne peut me séparer. Oui, quelles que soient les circonstances, quelle que soit l’issue, je resterai entouré de bonheur et de tendresse, Et je sortirai bientôt de mon confinement pour venir, Seigneur, te louer dans ta maison, avec tous mes frères et sœurs. Amen
Bénédiction : Recevez la bénédiction de la part du Seigneur selon Rm 15,13 : Que Dieu, qui est l’auteur de l’espérance, vous comble de toute joie et de sa paix par votre confiance en lui. Ainsi votre cœur débordera d’espérance par la puissance du Saint-Esprit.
Que le Seigneur te bénisse et te garde dans son amour et sa paix ! Ouvrons grand la porte à cette paix qu’il nous offre, la paix du cœur ! Amen
