Prédication sur Jonas 3,1-5+10 – 4,11

Ressourcement et retour à la vie normal : défi et encouragements.

L’été comporte pour de nombreuses personnes un temps de vacances. Ce temps n’est souvent qu’une parenthèse, avant un retour à la vie normale. Le retour à la vie normale se fait tantôt avec une motivation et des forces nouvelles, tantôt avec appréhension, car les vacances ne modifient à priori ni ce monde, ni notre lieu de travail, ni ses exigences. Le monde n’aura pas changé durant notre absence.

Jonas, après son absence et sa fuite, retrouve le rivage de sa vie et la mission que Dieu lui avait confiée. Rien n’a changé. Sauf peut-être lui qui est maintenant d’accord d’aller à Ninive, la grande ville. La grande ville c’est un titre utilisé pour qualifier Babylone dans l’Apocalypse : c’est le règne de la corruption, de l’argent, du pouvoir, de l’arbitraire, de l’immoralité, c’est le contraire absolu du Royaume de Dieu. Le mot ville en hébreu comporte aussi l’idée d’agitation, d’angoisse, de colère, d’hostilité. Et Ninive correspond sans doute à ce profil.  Le lecteur de Jonas sait que 20 ans plus tard, les Assyriens de Ninive détruiront Samarie et déporteront les Israélites. Jonas, donc, retrouve sa mission et le monde tel qu’il les a laissés avant son escapade.

Jonas porte un nom qui est emblématique : il signifie la colombe. La colombe qui quitte le ventre de son poisson pour aller vers la grande ville. Cela vous rappelle Noé… La colombe qui annonce que le déluge est terminé, qu’on peut ouvrir les portes de l’arche et sortir. L’arche ce lieu protégé, cette petite bulle, ce lieu mis à part, en retrait, un peu comme l’a été l’escapade de Jonas. Il est temps pour Jonas de retourner dans le monde… porteur d’un message.

Jonas prend le chemin de Ninive : il faut 3 jours pour en faire le tour. 3 jours, ça te rappelle les 3 jours passés par Jonas dans le ventre du poisson. Jonas arrive à Ninive et il ne fait qu’un jour de marche dans la ville, puis s’arrête et il entre alors dans une sorte de dépression : son travail se trouve être une véritable bénédiction pour la ville : tout le monde se repent[1] et Dieu décide d’épargner Ninive qui n’épargnera pas Israël en 722. La Bible veut que nous sachions que Jonas n’a fait qu’un jour de marche. Pourquoi ? Je crois que c’est pour nous dire que Jonas reprend le cours normal de sa vie de prophète sans avoir laissé son expérience avec Dieu, vécue sur le bateau et dans le ventre du poisson changer sa vie. Il repart dans la vie sans tirer les conséquences de ce que le Seigneur lui a fait vivre. Toute la démarche qu’il a faite est oubliée. Cela ne nous arrive-t-il pas aussi ? Nous laissons le Seigneur nous rattraper dans nos fuites par son Esprit Saint, nous sommes comme revigorés, nourris, renouvelés par l’action de Son Esprit et, au moment de retrouver les défis du quotidien… nous oublions ce que nous avons découvert. Et nous replongeons dans le découragement, la frustration ou l’insatisfaction pour ne pas dire une certaine colère contre Dieu. Nous sommes repris dans une tempête intérieure qui nous rend tristes. Il y a là une leçon pour nous: nos expériences spirituelles ne sont pas appelées à être des parenthèses dans nos vies. Elles sont appelées à se prolonger dans notre quotidien. Le tête-à-tête revigorant avec le Seigneur durant une retraite ou durant les vacances, la découverte faite dans une lecture ou un moment intense sont appelé à étendre leurs effets dans notre quotidien. Et revenir alors de notre fuite à notre mission, à notre lieu de vie sera vécu différemment. Y a-t-il des recettes pour ce faire? Je ne sais pas. Mais par l’histoire de Jonas, le Seigneur Dieu nous laisse une exhortation, un encouragement, et une déclaration solennelle. Voyons cela.

L’exhortation. Se souvenir. C’est quand Jonas s’est souvenu du Seigneur qu’il a amorcé sa remontée. Nous sommes donc appelés à nous souvenir, sous-venir… venir sous… laisser ce que nous avons vécu avec Dieu porter notre présent. Ton expérience n’est pas forcément celle de Jonas, mais tu as aussi vécu quelque chose avec le Seigneur. De quoi devrions-nous nous souvenir ?

– nous souvenir que lorsque nous avons prié, Dieu a répondu et mis en marche quelque chose pour nous. Dieu a amorcé une action pour nous et nous avons accueilli son action pour nous, même si a priori au début elle paressait plutôt désagréable : tempête, blâme de l’équipage, honte… Nous avons laissé Dieu agir en nous et cela nous a ramené à la vie, à la joie. Il nous a repêchés. Il nous a rendus à la vie. Il nous a remis debout.

– que s’attacher à la vanité de nos désirs ou idoles aboutit à nous priver de la grâce, de la bonté de Dieu qui nous sont acquises. Sa grâce et sa bonté nous ont été données, mais il nous arrive d’y préférer la vanité de nos options. Jonas voulut l’Espagne plutôt que la bonté de Dieu, il voulut la paix, la tranquillité, plutôt que la grâce divine. Quand il s’est rendu compte de ce qu’il perdait, quand fuyant Dieu il a eu l’impression d’être rejeté par Dieu, il a fait demi-tour. Enfin… il a permis au Seigneur de le conduire dans ce demi-tour. Il s’est abandonné à Lui. Il s’est rendu compte que s’agripper à sa propre volonté, à sa propre vision des choses le conduisait au naufrage et il a choisi de s’abandonner au Seigneur… ce qui lui a donné paix et louange.

– que la louange, l’action de grâce le font passer de la rébellion et de la réclamation à l’obéissance. Jonas est parvenu à louer le Seigneur dans le ventre du poisson pour avoir été passé par-dessus bord par l’équipage. La louange lui a permis de ne pas être étouffé dans le ventre du poisson. En passant, il semblerait que Ninive signifie maison du poisson dans la langue des Ninivites. La louange a permis à Jonas de retrouver le chemin de l’obéissance qui a été en bénédiction pour Ninive. Mais tout cela… Jonas l’oublie soudain dans la ville Maison du poisson et il replonge dans sa déprime.

Et puis, l’encouragement. As-tu perçu le soin, le souci que Dieu montre à son Jonas fâché ? Il ne le gronde pas, il lui pose juste une question. Il ne le rejette pas, il fait pousser un arbuste pour lui donner de l’ombre. Il lui parle, ou essaie de se faire entendre du son prophète apitoyé sur lui-même. De lui-même, Dieu décide de faire du bien à son Jonas ronchonneur. Il n’attend aucune prière de son bonhomme pour agir.

Pour toi, pour moi… cela nous invite à ouvrir grand les yeux sur les ricins que Dieu fait pousser pour nous, sur les signes de sa bonté, de sa sollicitude, de sa présence qu’il fait pousser dans nos vies et qui nous donne une joie momentanée, qui pourrait durer, s’ils étaient reçus pour ce qu’ils sont : des signes de sa bonté et pas juste ce que nous croyons nous être dû de la part de Dieu parce que nous le servons comme nous pensons être juste de le servir. Combien de fois perdons-nous la joie parce que nous regardons ce que Dieu nous donne comme un dû, que nous méritons et à défaut de le mériter les méchants d’à côté sont de toute façon pires que nous… et en plus Dieu est tenu de par sa propre nature à être bon avec nous!!! Non… Regardons sa bonté comme autant d’actes de générosité et de fidélité gratuits.

La déclaration solennelle. Jonas est dit fils d’Amitthaï. Amitthaï signifie le véritable, un nom donné aussi à Dieu, et à Jésus[2]. Colombe et fils du Véritable. Voilà l’identité de Jonas. Un peu comme Jésus nous dit à chacun : tu es le sel de la terre, tu es lumière, comme le Père m’a envoyé, je t’envoie… Colombe envoyée dans ce monde… pour annoncer la fin du déluge et du chaos… pour témoigner du Véritable qui ne cesse de faire grâce, qui ne cesse de nous surprendre en balayant nos idées de rétribution et de justice. Pour ceux qui retournent au travail, cela peut signifier vouloir le bien de l’entreprise qui t’emploie, vouloir sa prospérité et sa bénédiction tout en sachant que demain, elle ne se préoccupera pas de toi. Fils du Véritable… comme Jésus l’a été. Fils du Véritable qui a conscience d’avoir été au bénéfice d’un engagement libérateur. Fils du Véritable qui n’a pas considéré ses propres intérêts, mais les nôtres ; le Véritable qui n’a pas considéré sa propre vie, mais la nôtre. Le Véritable, Jésus Christ fils de Dieu Sauveur qui nous a accueilli dans notre fuite pour nous ré-aiguiller sur la vie.

Toi et moi, nous sommes aussi fils et fille du Véritable. Le savoir est une chose; le rayonner en est un autre; le rayonner pour apporter la gratuité du Véritable là où tout est une affaire de rentabilité et de méritocratie.

Concluons. Jonas, comme nous parfois aussi, était parti en vacances pour fuir… et voilà qu’il perçoit que sa fuite peut devenir temps de ressourcements spirituels, occasion de résurrection pour lui, de renaissance à la vie. Comme Jonas… nous pouvons vivre nos vacances d’abord comme un temps de fuite et découvrir les clins d’oeil que Dieu nous y fait pour en faire un temps de ressourcement et de découverte de l’action généreuse et aimante du Seigneur. Comme Jonas, nous sommes invités à retourner ensuite à notre situation habituelle de vie qui n’aura peut-être pas changé, mais en y apportant le changement que nous aurons vécu dans notre tête-à-tête avec le Seigneur, sans faire de ce moment une parenthèse dans notre vie, mais en en faisant un support, un sous-venir porteur, dans la louange.

Amen.

 

[1] Jonas 3 : 1 Et la parole de l’Eternel vint à Jonas une seconde fois, disant, 2  lève–toi, va à Ninive, la grande ville, et crie–lui selon le cri que je te dirai. 3  Et Jonas se leva et s’en alla à Ninive, selon la parole de l’Eternel. Or Ninive était une fort grande ville, de trois journées de chemin. 4  Et Jonas commença à entrer dans la ville, le chemin d’un jour ; et il cria et dit, Encore quarante jours, et Ninive sera renversée* (DRB) / sera mise sens dessus dessous  (TOB).

* Nos traductions supposent que Jonas annonce la destruction de Ninive. Le verbe hébreu peut aussi signifier un changement radical.

[2] 1 Jean 5:20  Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu’il nous a donné l’intelligence pour connaître celui qui est le Véritable ; et nous sommes dans le Véritable, en son Fils Jésus–Christ. C’est lui le Dieu véritable et la vie éternelle.

Apocalypse 3:7  Écris à l’ange de l’Église de Philadelphie : Voici ce que dit le Saint, le Véritable, Celui qui a la clé de David, Celui qui ouvre et personne ne fermera, Celui qui ferme et personne n’ouvrira :

Apoc 1:5  et de la part de Jésus–Christ, le témoin fidèle, le premier–né d’entre les morts et le souverain des rois de la terre ! A celui qui nous aime, qui nous a délivrés de nos péchés par son sang,

Apoc 3:14  Écris à l’ange de l’Église de Laodicée : Voici ce que dit l’Amen, le témoin fidèle et véritable, l’auteur de la création de Dieu :

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