3 mai 2020 : covid19 et nos idoles (Esaïe 45,18-20 ; Genèse 22,1-13 ; Luc 12,4-7)

Chers amis, s’il y a bien une chose qui nous préoccupe ces temps, c’est notre santé. Nous avons peur de la perdre et c’est tout à fait normal. Elle est si importante pour nous que le principal vœu de début d’année que nous nous adressons les uns les autres est celui de « bonne santé ». Je ne voudrais pas que vous vous mépreniez sur ce que je vais dire maintenant. Je suis content et heureux d’être en bonne santé moi-même. Et je suis plein de compassion pour celles et ceux qui sont malades, qui souffrent et aimeraient retrouver la santé. Jésus lui-même nous demande de prier pour les malades et quand qqun recouvre la santé j’en suis très heureux.  Mais je me demande si nous ne sommes pas obnubilés par la santé physique. Nous vivons dans une société où nous devons être en bonne santé, où la souffrance est anormale. Nous vivons dans une dictature du bien-être et il faut éliminer tout ce qui contrevient à ce bien-être physique. Les gens aspirent à la guérison. Déjà du temps de Jésus les foules aimaient Jésus le guérisseur. Ils venaient à lui pour le miracle et la santé, plus que pour qui il était et ce qu’il apportait au-delà de la guérison physique

  1. La quête idolâtrique de la santé

La situation que nous vivons montre que non seulement nous sommes extrêmement préoccupés par notre santé, mais notre société (occidentale) semble habitée par une soif de santé parfaite. Qui aime souffrir ? Personne ! Nous aspirons à une bonne santé physique.  Mais voyez-vous notre quête actuelle de la santé est (peut être) idolâtrique au sens biblique et théologique du terme dans le sens où l’idole est un substitut divin : elle se substitue à Dieu premièrement dans la mesure où la santé sans faille est l’objet de notre recherche. Nous voudrions un corps sans souffrance, sans imperfection, ni vieillissement et du coup nous tolérons de moins en moins la plus petite défaillance du corps médical. Mais la déception sera à la hauteur de l’attente ! En effet il ne faut pas céder à l’illusion d’une santé parfaite continuelle qui est un fait anormal car l’expérience du vivant inclut en fait la maladie. Et deuxièmement elle se substitue aussi à Dieu dans la mesure où nous cherchons à contrôler et modifier l’origine de ce qui empêche une santé parfaite. Si les imperfections de l’homme viennent de son environnement (pollution ou infections) certains pensent qu’elles s’enracinent plus profondément dans son génome. Certains programmes scientifiques cherchent à modifier le matériel chromosomique (grâce au séquençage du génome humain par exemple) dans le but d’éradiquer les mauvais gènes qui provoquent les maladies. L’homme sera parfait s’il maîtrise cette origine. Vous comprenez ce que cela signifie ? Que nous passons d’un homme créé à l’image de Dieu à un homme créé à l’image de l’homme qui s’arroge des prérogatives divines ! Celui qui veut la perfection voire l’immortalité et celui qui en maîtrise les origines

Dans une société sans Dieu, l’homme est au service de l’homme qui se prend pour Dieu. Il n’est plus confronté qu’à lui-même puisqu’il évacue tout vis-à-vis. Si la transcendance a été banni, devinez qui devient porteur des promesses divines ? Et bien c’est la nature, incarnée dans l’homme. La nature, le corps et la santé y sont absolutisés et l’homme devient forcément le centre de toute chose. L’idole, c’est cela : c’est quand quelque chose de fini, fragile, éphémère, limité devient un absolu et prend la place de Dieu, lui qui seul est infini et absolu. Là où il nous faudrait plutôt reconnaître notre finitude, prendre humblement notre place de créature et non de créateur qui n’appartient qu’à Dieu.

  1. Caractéristiques des idoles (exemple)

Les moments de crise mettent à jour nos idoles. Or le principe central de la Bible est le rejet de l’idolâtrie. Les deux premiers commandements sont « tu n’auras pas d’autres dieux devant ma face » et « tu ne te feras pas d’idoles ». Ces idoles prennent des formes différentes et deviennent l’objet de notre adoration :  il peut s’agir de l’amour, de l’argent, du succès, du pouvoir, de la science, de la santé, notre travail, un hobby, un engagement, une personne, une idéologie, etc. Aucune de ces choses n’est mauvaise en soi. Le problème survient quand notre cœur prend ces bonnes choses et les transforme en idole et prennent ainsi la place de Dieu. Elles deviennent de plus grande importance que Dieu lui-même. Elles ont capturé notre imagination, notre loyauté et l’espérance de notre cœur. Nous pensons que notre bonheur dépend d’elles. Que notre sécurité dépend d’elle. Que le sens de notre vie dépend d’elle. Derrière une idole se cache une raison de vivre que tout être humain essaye d’avoir.

Dieu nous invite à abattre toutes les idoles de nos vies, ces choses que nous chérissons tellement qu’elles ont même remplacé Dieu.  Nous fabriquons des idoles parce que nous avons, dans la détresse, perdu de vue qui est Dieu.  David dit au Ps 86 « parmi les dieux, aucun n’est comme toi, Seigneur, aucun ne peut faire ce que tu as fait ».  Aucune idole ne peut satisfaire les désirs de mon cœur autant que Dieu peut le faire. Nous attendons d’une idole qu’elle nous donne ce que Dieu seul peut donner. Nous ne pouvons qu’être déçus ! Car les idoles ne peuvent tenir leurs promesses. Aujourd’hui nous sommes confrontés à quelque chose qui nous dépasse et que nous ne maîtrisons pas du tout. Et quand non nous ne maîtrisons pas les choses nous sommes en insécurité totale. Et c’est là que nos cœurs s’accrochent à des idoles. Or dans ce contexte Dieu nous appelle à lui faire confiance et à mettre en lui notre sécurité.

  1. Aimer Dieu plus que le reste (y compris la santé)

Nous sommes invités à craindre Dieu davantage que la maladie, à aimer Dieu plus que la santé, à chérir sa présence et son amour plus que notre bien-être. Dieu est plus préoccupé par notre sainteté que par notre bien-être ! Mon ultime espoir n’est pas d’être à l’abri d’une infection, mais d’être trouvé en Christ et de le glorifier.

Lorsque Abraham était sur le point d’offrir son fils en sacrifice, Dieu a arrêté sa main et lui a dit « je sais que tu crains Dieu puisque tu ne m’as pas refusé ton fils unique ». Dans la Bible, le mot que nous traduisons par craindre est un respect et un émerveillement plein d’amour et de joie devant la grandeur de Dieu. Elle évoque moins celle d’une peur que celle d’un engagement total. C’est comme si Dieu lui disait ici « je sais que tu m’aimes plus que tout au monde ».  Par son geste Abraham montre qu’il aime Dieu plus que tout.  S’il avait aimé son fils plus que tout au monde cela aurait été de l’idolâtrie.

Tant que nous ne sommes pas prêts à sacrifier ce que nous aimons pour faire la volonté de Dieu alors cela risque de devenir une idole. Il nous faut placer tout ce que nous chérissons sur l’autel et donner à Dieu la première place dans notre vie. Prenons un exemple très concret : notre carrière peut devenir une idole. Nous la chérissons parce qu’elle nous assure confort et sécurité. Imaginez que vous êtes dans une situation où si vous voulez le poste ou un avancement professionnel vous serez amenés à mentir et tricher. Vous avez le choix d’obéir à Dieu, être dans la vérité et rester intègre. Ou sacrifier à une idole.

Nous sommes dans une période où ce que nous aimons, peut-être même nos idoles, est menacé ou enlevé. Nous pouvons alors tomber dans l’amertume et le désespoir car nous pensions que notre vie, notre bonheur, notre sécurité dépendaient d’elles. Mais toutes ces choses ne sont que de faux dieux dont nous avons besoin d’être libérés. Et ce n’est qu’une fois qu’ils sont relégués à la seconde place que ces faux dieux cessent de nous contrôler, de nous remplir d’anxiété, de peur, de stress… Si je relègue la santé à la 2ème place, je ne serai plus obsédé par la peur de la perdre ou de ne pas l’avoir totalement.

Ecoutez bien : un faux Dieu cesse d’être un faux dieu quand nous sommes honnêtement prêts à vivre sans cette chose et quand nous disons réellement du fond du cœur : « puisque j’ai Dieu je peux vivre sans toi ! ».  Puisque j’ai Dieu dans ma vie je possède la richesse, la santé, l’amour, la sécurité dont j’ai réellement besoin et que je ne peux pas perdre… Jésus est tout ce dont nous avons besoin. Nous le comprenons une fois que nous expérimentons le fait que Jésus est tout ce que nous avons !

A cause de Christ et de son sacrifice sur la croix, nous pouvons être sûrs que Dieu nous aime, nous chérit et trouve son plaisir en nous à un point tel que nos cœurs peuvent se reposer sur lui pour trouver sens, sécurité et conduite pour tout ce qui se passe dans nos vies. En effet par la croix nous savons combien Dieu nous aime car il ne nous a pas refusé son fils unique qu’il aime. Il nous a tant aimés qu’il a donné son fils unique…Pour que nous devenions ses enfants. Lorsque nous réalisons l’ampleur de ce qu’il a fait, nous pouvons enfin nous reposer en lui plutôt qu’en quoi que ce soit d’autre. 

Conclusion : Il y a des questions qui nous aident à démasquer l’idolâtrie à l’œuvre en nous. Quel est le vrai Dieu de notre cœur ? Qu’est-ce qui occupe nos pensées et nos rêveries ? A quoi ai-je l’habitude de penser pour retrouver la joie et le réconfort dans l’intimité de mon cœur ?  Ai-je besoin de cela pour être comblé et me sentir important ? Vers qui ou vers quoi regardons nous pour trouver la stabilité, la sécurité et l’approbation qui nous maintiennent en vie ? Qu’est-ce qui me rendrait vraiment heureux ? Ces questions nous aident à savoir si nous servons Dieu ou des idoles. Si la source de notre salut est Jésus-Christ ou si nous le cherchons dans un faux sauveur… Chers amis, l’idolâtrie est une fixation du cœur entier sur autre chose que Dieu. Est-ce que quelque chose ou quelqu’un à part Jésus le Christ règne sur ton cœur, tes craintes comme mes joies ? Si c’est le cas peut-être nous faut-il arracher cette idole…et planter l’amour du Christ à la place. Sinon, elle repoussera ! Contemple la croix et l’amour de Dieu manifesté pour toi en Jésus-Christ et tu verras, tout le reste retrouvera sa juste et bonne place. Que nos cœurs soient fixés sur Jésus. Amen

Prière : Seigneur Merci pour toutes les bonnes choses de ce monde et qui viennent de toi. Pardonne-nous Seigneur d’avoir mis notre confiance, notre espoir en elles au lieu de les avoir mis en toi. Nous osons te demander de venir nous montrer nos idoles, cachées ou conscientes… Donne-nous le courage de les arracher. Non seulement de les arracher mais que nous puissions les remplacer par ton amour tout suffisant qui comble nos vrais besoins. Merci pour ton pardon et ton amour qui sont pour nous gages de sécurité, de stabilité, de force et de vrai bien-être intérieur. Sans toi nous sommes perdus, avec toi nous avons tout. Que nos cœurs soient tout entiers fixés sur toi. Amen

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