Prédication Colossiens 4,22-28 Bulle, 13-10-19

J’aimerais ce matin développer ce que j’ai partagé plus courtement à la soirée des bénévoles au sujet de ce verset. « Tout ce que vous faites, faites-le de bon cœur, comme pour le Seigneur et non pour des hommes ».

Contexte : Après avoir expliqué l’œuvre de la croix et la seigneurie de Jésus, Paul en applique les conséquences dans les relations entre chrétiens. Et cela se traduit par de nouvelles attitudes entre mari et femme, parents et enfants et entre maitres et esclaves. Paul ne peut pas s’opposer frontalement à cette institution romaine légale (maitre/esclave). Un serviteur restait toujours serviteur quand il appartenait à Christ et les maitres toujours maitres. Mais il donne quelques recommandations sur la façon dont les relations devraient désormais se vivre à la lumière de cette appartenance à Jésus. Ces recommandations concernent les relations employés/employeurs actuels.

Faites tout comme pour le Seigneur. Dans ce « tout » il y avait des tâches plus difficiles que d’autres pour un esclave.  Mais ce « tout » comprend notre propre travail,  nos tâches à la maison, à l’église, etc. Et c’est surtout quand les choses ne sont pas faciles, qu’elles ont moins ou commencent à avoir moins de signification que cette exhortation prend tout son sens. Qui ne s’est jamais dit : est-ce que ça sert à quelque chose ? Je n’ai plus trop envie ! Ça me semble futile ! Je suis fatigué, découragé ! C’est la routine ! Mon entourage ne m’aide pas ! Ces personnes/collègues/patron m’énervent ! Je n’ai pas l’impression de servir Dieu ! Est-ce que ça va plaire aux autres ? Si je fais mieux est-ce que ce sera vu ? Personne ne me remarque, etc.

Exemple : un été j’avais trouvé un job dans une entreprise qui faisait des CD. Toute la nuit je devais mettre des piles de boitiers à cd sur un tapis roulant. Pas très passionnant comme job. Mais beaucoup de personnes font de genre de travail répétitif toute l’année. C’est difficile de le voir comme quelque chose que je fais comme pour Dieu. Et pourtant !… La vie devient plus simple quand je fais tout comme pour le Seigneur.

Paul nous invite à considérer notre état d’esprit et notre motivation dans tout ce que nous faisons. Question n’est pas : pourquoi je le fais. Mais pour qui je fais ceci, je sers, je travaille, je m’engage, je donne, etc. ? Il dit que ça devrait l’être comme si c’était pour Christ lui-même. Quand vous commencez à raisonner ainsi : « pour le Seigneur » …alors les perspectives changent.

Comment cela se traduit-il ? Que dit Paul ?

Ne pas chercher à plaire aux hommes. Il ne s’agit pas de régler nos actions sur le fait que nous pouvons être vus ou non. Quand on travaille on aimerait bien être vu et reconnu pour ce que l’on fait. Il ne s’agit pas de travailler sous contrainte et s’activer seulement sous les yeux du patron ou à déployer un zèle exagéré pour donner l’impression qu’on fait un bon travail et espérer avoir quelque chose en retour. Seule l’approbation du Seigneur compte vraiment. L’esclave pouvait ne rien trouver en retour tandis que Paul promet une récompense à ceux qui le font pour Dieu.

Sincérité de cœur. C’est une alternative qui donne un mobile plus élevé que la précédente. Paul invite chacun à une nouvelle et bonne attitude de cœur dans le travail. Le mot grec évoque une attitude faite de simplicité, libre de toute hypocrisie, d’ouverture de cœur qui se manifeste par la générosité et qui ne cherche pas les choses pour soi. Nous ne réalisons pas à quel point nous  pouvons être un témoignage vivant pour les autres. Ce n’est pas négligeable.

Dans la crainte du Seigneur. Nous savons que c’est à Dieu seul que nous révérons que nous devrons rendre des comptes. Notre vrai et seul maitre c’est Christ. Nous devrions être plus préoccupés par le regard que Dieu porte sur notre travail et le cœur que nous y mettons que par celui des hommes. Si nous cherchons à plaire à Dieu d’abord c’est parce qu’il est notre maitre ultime. 2 fois le travail est directement relié au Seigneur. Je suis avant tout au service de Dieu et non des hommes.

De tout notre cœur. Cela pouvait être un vrai défi pour les esclaves qui travaillaient sans recevoir de gage. L’expression indique faire quelque chose sans indifférence ni lenteur mais de bon gré. Nous travaillerons sans plainte ni ressentiment. Parce que nous nous aimons Dieu de tout notre cœur alors nous chercherons à donner le meilleur de nous-même. On n’assure pas le service minimum pour Dieu.

Notre attitude sera marquée par deux caractéristiques : l’excellence et l’enthousiasme. Premièrement, si je fais mon travail non pas pour le patron mais pour le Seigneur, je viserai l’excellence. Cela signifie que je donnerai le meilleur de moi-même – je m’appliquerai du mieux que je peux, parce que la seule approbation qui m’importe est celle de Dieu. Ensuite, je travaillerai avec enthousiasme. Comme je le fais pour Dieu, j’aurai une attitude joyeuse. Parce que je sais que cela lui plait.

Comme pour le Seigneur. Ce verset nous rappelle Mt 25,31ss : « Quand t’avons-nous vu malades, nu, en prison ? Toutes les fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères c’est à moi que vous l’avez fait ». Donc quand vous servez votre prochain, n’oubliez pas que vous servez Christ.  Comme pour le Seigneur : cette expression indique que tout travail peut devenir comme un ministère pour Christ. Autant dire que la vie chrétienne ne fait pas de distinction entre le sacré et le séculier.

Notre travail, notre engagement, notre service effectué pour lui devient donc un moyen de lui apporter notre louange. Ça veut dire qu’il n’y a plus aucune tâche ingrate, inutile, petite, insignifiante pour celui qui obéit aux bonnes motivations et l’accomplit dans une optique juste. Ce que nous ferons nous apparaitra moins comme une corvée pénible et ennuyeuse. Ce n’est pas pour rien qu’il nous a placés là où nous sommes et qu’il nous a donné des tâches à accomplir. Lorsque vous travaillez de tout votre cœur, motivé par l’amour de Christ, votre activité devient un acte d’adoration envers Dieu. Nous avons déjà tout reçu de Dieu, il a sacrifié sa vie pour moi. Maintenant c’est  à moi d’offrir tout ce que je suis, tout ce que je fais en retour. Notre amour pour lui devient la force motrice de notre vie.

Paul écrit (En Eph 6) : « les serviteurs sont obéissants comme au Christ et les maitres traitent leur serviteur comme leur maitre dans les cieux ». L’esclave et le maitre ont et servent un seul et même maitre (même mot en grec). Ce maitre dans le ciel qui est Jésus-Christ à qui ils doivent plaire. Ce qui est intéressant c’est que les maitres deviennent du coup eux-mêmes serviteurs-esclaves du Christ (aussi le même mot en grec). Un proverbe africain dit « le chef est le serviteur de tous ». Jésus disait « quiconque veut être le premier parmi vous sera votre esclave ».

Ces recommandations sont aussi pertinentes pour les employés/employeurs et devraient modifier les rapports entre employeurs et employés chrétiens actuels. Concrètement, si les deux sont chrétiens ils devraient être plus loyaux l’un envers l’autre. Si l’employé travaille comme pour Christ, l’employeur est invité à agir envers lui avec sollicitude, à rechercher son bien-être, ne pas l’exploiter, l’encourager, être juste, équitable et agir sans favoritisme.

Pour finir, Paul dit que l’un comme l’autre recevra un héritage en récompense selon son obéissance. Faisons tout dans un esprit d’amour et de service comme pour le Seigneur. Nous en tirerons une grande satisfaction. N’attendons rien des hommes mais tout de lui, car il est notre maitre bon, fidèle et juste. Amen

Prière : Père, toi qui as donné ta vie pour nous, rends-nous conscients que tout ce que nous faisons nous pouvons te l’offrir en un acte d’adoration. Donne-nous de tout accomplir comme pour toi avec joie et amour. C’est toi à qui nous voulons plaire. Viens transformer nos cœurs, notre attitude et nos motivations afin que la façon dont nous accomplissons ce que tu nous confies ce soit aussi un témoignage à ta gloire. Amen

Pour aller plus loin : Qu’est-ce que ça change concrètement de travailler/servir comme pour le Seigneur ? Dans quel état d’esprit je vais généralement au travail ? Qu’est-ce qui peut changer ? Quelle attitude nouvelle suis-je invité à cultiver au travail, dans mon engagement, etc. surtout quand  il ne fait pas/plus toujours sens ?