Prédication sur Mt 1.18-21 et Jn 1,29 / Ps 130,7-8.

L’Avent : temps pour accueillir Jésus Sauveur dans mes souffrances intérieures.

Il y a une semaine, nous disions que l’année liturgique qui se termine par le dimanche du Christ-Roi exprime le fait que la vie du chrétien est orientée vers ce but : laisser Jésus régner sur nos vies.

L’année liturgique débute avec le temps de l’Avent, ce temps qui nous prépare à la venue de Jésus. La vie chrétienne débute par la venue de Jésus dans notre vie.

Et j’ai été frappé comment l’ange présente Jésus : Celui qui sauvera son peuple de ses péchés.

Qui attend un sauveur de nos jours ? L’attente d’un sauveur ou d’un sauveteur révèle a priori une situation de détresse, de souffrance, une situation d’injustice, d’oppression, de danger. Tu veux un sauveur quand tu te rends compte que tu coules sans ça, que tu te noies, que tu es perdu, que tu vas à la mort sans ça.

Ici, la situation de détresse dont Jésus veut nous sauver est le péché. C’est le mot qui n’est pas à la mode. Tant pis… Allons au-delà de nos allergies liées au vocabulaire. Et essayons de relier ce mot péché au sens du mot sauver. Swzw utiliser pour dire sauver est aussi traduit par guérir dans nos Bibles. Et de fait, ce mot a une large palette de sens : maintenir sain et sauf, tirer d’un danger, laisser vivre, épargner, etc.

A l’époque de Jésus, les gens attendaient un sauveur, tant ils n’en pouvaient plus de l’oppression romaine, oppression fiscale et bien souvent violente. Jésus a surpris quand il a recadré sa mission en disant qu’il était venu pour ceux qui se savaient perdus et malades, pas pour ceux qui se croient bien portant et ajustés.

Jésus n’est pas venu changer les structures de la société, mais les cœurs. Changer les structures de la société ne change pas le cœur. Le contraire oui. D’où la colère des détenteurs du pouvoir contre Jésus.

Jésus est venu et vient pour ceux qui aspirent à une guérison, une libération, une restauration de ce qui est brisé en eux, de ce qui les fait souffrir dans leur âme, dans la profondeur de leur être, car ils sentent que quelque chose ne tourne pas rond en eux. Je suis sûr que chacun et chacune d’entre nous qui est un tant soit peu honnête avec soi-même sait qu’il y a des choses en lui, en elle qui lui fait du mal, qui lui fait mal, qui le, la fait souffrir. Nous ne savons que trop bien qu’il y a en nous des aspects de notre vie qui ne tournent pas rond. Et si ces choses ne tournent pas rond, nous pressentons qu’elles pourraient même nous détruire, nous couler. Comme si une pièce de ce mécanisme tournait faussée, elle détraquerait tout le reste.

Paul a vécu cette détresse intérieure quand il dit souffrir de faire ce qu’il n’aimerait pas et de ne pas faire ce qu’il aimerait, de voir cette contradiction entre son désir profond et son agir.

Le temps de l’Avent est pour moi ce temps privilégié – malgré la frénésie des fêtes ou par réaction à cela –  pour accueillir Jésus, sa venue dans ma vie prise dans ses détresses intérieures, dans ses contradictions, dans ses mouvements douloureux.

Le péché c’est ce qui est faussé en nous, c’est ce qui nous fausse, ce qui salit la belle personne que Dieu a prévu que nous soyons, ce qui nous défigure, comme disait quelqu’un.

Jésus est venu nous arraché à ce qui est faussé en nous. Il est venu pour enclencher un processus de guérison en nous, de restauration. Pas seulement par sa mort à la Croix où il nous dit l’amour et le pardon de Dieu. Mais par sa vie aussi, qu’il nous laisse en exemple. Jésus est Dieu le fils, mais aussi Fils de l’homme. Il est cet homme parfait qui a vécu son humanité 100% aligné à la volonté de son Père. La différence majeure entre nous et lui c’est que lui a voulu tout ce qu’il a fait. Dieu veut tout ce qu’il fait. Nous pas et nous en souffrons, quand nous sommes honnêtes avec nous-mêmes. Tant de fois nous faisons mal et nous nous faisons mal sans le vouloir vraiment – ce qui, entre nous soit dit, n’enlève pas notre responsabilité.

Le temps de l’Avent est ce temps où je suis invité à accueillir Jésus comme mon Sauveur… afin qu’il puisse devenir mon Seigneur, mon Maître, mon Dieu. Je t’encourage dans ce temps à présenter au Seigneur ce qui te fait souffrir au plus profond de toi : ces dysfonctionnements qui pourrissent ta vie… Tu les connais… je n’ai pas besoin d’en faire la liste. Il n’y a que ceux qui ont anesthésié leur âme qui croient qu’en eux tout tourne rond.

Apportons cela à Jésus et demandons-lui de faire son œuvre de restauration en nous et de nous enseigner à vivre comme lui a vécu.

Tout à l’heure nous allons vivre la Ste Cène. C’est le lieu où nous pouvons apporter à Jésus nos défaillances, nos failles, nos brisures, parfois juste les larmes que nous arrachent nos mécanismes faussés qui nous restent encore mystérieux. Nous pouvons les lui apporter et recevoir en retour sa présence, un début de restauration et de rétablissement… sa vie… Il est là bien présent. C’est le lieu de sa grâce.

Prions :

Seigneur Jésus, tu es venu nous sauver de ce qui est faussé et en souffrance en nous. St.Esprit, viens éclairer nos vies. Montre-nous où tu veux faire ton œuvre guérissante et créatrice. Si nous peinons à faire face à nos blessures, accompagne-nous, aide-nous. Montre-nous gentiment où ça ne tourne pas rond dans nos relations familiales, dans nos vies de couples, dans nos relations au travail, ou simplement dans notre relation avec nous-mêmes. Merci pour ta présence.

Amen.