Prédication sur Marc 7.17-23 et Proverbes 4.18-25 et 1Jean 3.14-16.

Lutter contre le virus de la méchanceté.

Chers amis en Christ.

Vous connaissez maintenant par cœur ces quelques règles qui semblent être devenues la planche de salut de l’humanité : se laver les mains, maintenir une distance, rester chez soi. Tout ça pour lutter contre un ennemi invisible qui fait trembler l’humanité : un virus. Un inconnu échappant encore pour l’instant à notre maîtrise. Mais rassurez-vous… nous ne parlerons pas de coronavirus ce matin. C’est juste qu’en lisant le texte de Marc 7, je n’ai pas pu m’empêcher de faire le lien avec. Et avant d’aller plus loin, afin d’éviter tout malentendu : qu’il soit clair que je ne remets pas en question les règles de l’Ofsp. Cela dit, passons à l’essentiel.

Je dois avouer qu’après être passé par un moment de déstabilisation devant cette épidémie, j’ai commencé à m’interroger sur tout l’énergie mise en œuvre pour lutter contre l’expansion de ce virus pouvant semer la mort sur son passage. Tout cet effort mis en œuvre par peur de mourir, par peur d’être transmetteur de mort.

La question qui m’est venue à l’esprit est celle-ci : avons-nous la même terreur à l’idée d’être porteur d’un autre virus tout aussi mortel, celui de la méchanceté ? Le virus de la méchanceté capable de muter en mensonge, fausseté, hypocrisie, tromperie, médisance, manipulation, vengeance, orgueil, jalousie, intimidation, air de supériorité, prétention à mieux savoir que l’autre, arrogance, capacité à faire passer ma méchanceté pour un bien pour l’autre, mépris, etc. Bref tout ce qui porte atteinte au prochain, à l’amour. Et souvent pour imposer notre propre ego, notre propre personne, nos propres intérêts et points de vue.

Jésus, qui nous révèle le véritable visage de Dieu, a engagé une lutte sans merci contre ce virus. Il s’est engagé dans un combat sans distance aucune avec ce mal qui nous habite et il en a payé le prix de sa vie à la Croix.

Ce virus de la méchanceté et de la malice rend malade notre cœur, notre vie, nos relations. Lui aussi nous menace de mort, de mort intérieure, de mort spirituelle, de mort relationnelle et peut tuer notre prochain au propre comme au figuré. Il peut tuer l’âme de notre prochain, son estime de soi, sa confiance, son espérance, éteindre sa flamme, son élan de vie. Parfois le conduire au suicide ou à la maladie mentale.

Nous prenons beaucoup de précautions pour éviter la propagation du covid-19. La distance sociale, le semi-confinement fait rêver à certains de la joie des retrouvailles, du retour à la normale. Espérons que le retour ne sera pas à la normale, mais à mieux, à plus de respect, à valoriser réellement, véritablement notre prochain. Parce que, oui, la relation est précieuse, et l’autre est inestimable, même s’il ne pense pas comme moi, même si elle me dérange par sa manière d’être, même s’il ou elle est différent, différente.

Parce que le virus du mal naît dans notre cœur, la Bible nous appelle à veiller à nettoyer l’intérieur de notre être. Jésus le dit : 25 Vous nettoyez l’extérieur de la coupe et du plat, mais l’intérieur reste rempli du produit de vos vols et de vos mauvais désirs. 26 Aveugle ! Nettoie d’abord l’intérieur de la coupe et alors l’extérieur deviendra également propre (Mt 23,25-26). Les Proverbes le disent aussi : 23 Garde ton coeur plus que toute autre chose, prends garde à ce que tu penses au fond de toi–même, car ta vie en dépend. 27 Tiens–toi éloigné du mal (Pro 4,23 et 27).

Garder son cœur implique d’interroger ce qui s’y trouve. Certains Pères du désert disaient qu’il fallait interroger nos pensées, ce qui traverse notre cœur et qui oriente notre relation aux autres, avec cette question de Josué (5,13) : Est–ce que tu es pour nous ou pour nos ennemis ? En d’autres mots : Es-tu pour Christ et avec Christ Jésus ou contre lui ? Ou plus simplement encore : Que penserait Jésus à ma place, que ferait-il à ma place ?

Ou encore autrement : ce qui habite mon cœur favorise-t-il mon prochain, est-ce que ça favorise la vie chez lui / elle ? Est-ce porteur de paix et de vie pour lui, pour elle ? Ou est-ce que je lui transmets la mort sans même m’en rendre compte ?

Jésus dit que nous sommes invités à venir à sa lumière, c’est-à-dire le laisser juger à sa lumière nos pensées, nos paroles, nos actes, nos motivations. Sa vie est cette lumière : le regarder vivre, l’écouter fait briller cette lumière.

L’apôtre Jean, qui était sans doute le disciple le plus proche de Jésus, nous donne ce critère (1Jean 3.14-15) : 14 Nous savons que nous sommes passés de la mort à la vie ; nous le savons parce que nous aimons nos frères. Celui qui n’aime pas est encore sous le pouvoir de la mort. 15 Quiconque a de la haine pour son frère est un meurtrier. Meurtrier est celui qui estime qu’il ne peut vivre que si l’autre n’est pas là. Jésus a justement mis en œuvre le contraire de cela.

Je laisse la parole de la fin à Magda Holander Lafon, rescapée du camp de Auschwitz : Nos actes nous engagent. Il dépend de chacun de choisir d’être humain ou d’humilier, de devenir violent ou de pacifier. Il dépend de chacun de dire et redire par nos pensées, nos actes et nos paroles que la vie est sacrée et unique[1]. Cette vie qui est aussi la vie intérieure, la vie de l’être profond de mon prochain, celle qui peut mourir avant son corps, celle qui peut survivre à la tombe. Nos actes nous engagent et cela commence pour nous par surveiller notre cœur, par nettoyer l’intérieur de notre cœur.

Puissions-nous mettre autant de soin à ne pas blesser les autres et à les respecter, les valoriser qu’à nous protéger du mal biologique.

Amen.

 

[1] Magda Holander-Lafon, Quatre petits bouts de pain, Albin Michel 2012, p.96.

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