Jean 20,11-18 ; Actes 1,6-11 ; Actes 7,54-58a ;
Chers amis, à l’Ascension, il se passe quelque chose d’extraordinaire. Jésus s’élève, non dans le ciel des étoiles et des planètes, mais dans le ciel avec un grand C de la présence de Dieu. Il s’élève, comme un monarque s’élève sur un trône pour régner. A Londres dans l’abbaye de Westminster se trouve la chaise du roi Edouard qui était utilisée pour le couronnement des rois et reines d’Angleterre. Pour exercer la fonction royale vous deviez monter les marches pour vous asseoir sur le trône. L’accession au trône n’est pas définie par une élévation physique même si celle-ci se produit pendant la cérémonie de couronnement. En montant sur le trône il y a en fait un changement dans le statut juridique incluant de nouveaux pouvoirs et privilèges. L’élévation dans l’espace symbolise donc l’élévation dans l’autorité et la relation avec les autres.
Dans le livre des Actes ch. 7, Etienne voit la gloire de Dieu et Jésus debout à sa droite. Dans l’Antiquité celui qui s’asseyait à la droite du trône était en quelque sorte le Premier ministre du roi, celui qui traduisait dans les faits son autorité et sa domination royale par le biais de politiques et de lois. Nous comprenons qu’à l’Ascension Jésus prend sa place de nouveau roi et de chef de l’humanité. L’ascension est le couronnement de Christ comme roi suprême. Il commence son règne et exerce son autorité sur le monde entier.
Jésus a toujours été roi. Mais notons cette différence : ce qu’il était sur la terre il le devient cette fois partout, pour tous, en tout lieu, et pour toujours. Il gouverne sur toute chose, non pas de façon autoritaire, mais avec amour dans le but d’accomplir son plan de salut pour l’humanité. Il règne dans les cieux et il devient le directeur exécutif de l’histoire qu’il conduit avec sagesse jusqu’au jour où il établira son règne de paix, de justice et d’amour parmi nous. Tant que je ne le vois pas comme cela, alors oui, je peux me révolter, m’insurger, crier, être en colère contre Dieu, être inquiet, anxieux, apeuré de tout ce qui se passe aujourd’hui… Mais comme les disciples nous pouvons être dans la joie car s’il contrôle tout, pardon, puisqu’il contrôle absolument tout, nous pouvons affronter le monde le cœur apaisé.
Quand Jésus s’en va, les disciples sont plein de joie. Parce qu’ils savent que Jésus ne sera plus simplement avec eux en tel endroit, tel jour, mais comme j’ai dit partout, pour tous, en tout lieu et pour toujours. C’est justement ce que n’avait pas saisi Marie qui s’accroche à Jésus après la résurrection. Marie ne comprend pas que c’est dans son intérêt que Jésus aille vers le Père. Jésus lui dit : « ne me touche pas car je ne suis pas encore monté vers mon Père ».
Le verbe utilisé ici veut dire « serrer fort ». Marie l’a agrippé de toutes ses forces parce qu’elle ne voulait pas le perdre à nouveau ! Elle pensait avoir perdu la relation précieuse qu’elle avait avec Jésus à sa mort et maintenant qu’il vit elle ne veut pas le perdre à nouveau. Mais c’est là où elle se trompe ! Elle n’a pas encore totalement compris la portée de la résurrection de Jésus et que c’est dans son intérêt qu’il aille vers le Père, dans notre intérêt à tous aujourd’hui !
Pour comprendre la signification et la portée de l’ascension, cet épisode est crucial. Marie a eu Jésus auprès d’elle quelques années. Elle a reçu son amour, son enseignement et été réjoui de sa présence. Mais que se passerait-il si Marie devait être mené loin de Jésus contre son grès ? Si la vie ou même la persécution devait l’emmener loin de chez elle ? Si par exemple elle était emprisonnée comme le seront d’autres disciples ? Où serait Jésus ?
Marie tient à Jésus parce qu’elle a fait partie de ceux qui ont été touchés et aimés par lui et que cela a changé leur vie. En le voyant mort elle a perdu cette relation d’amour. Alors une fois vivant, elle ne veut plus le lâcher ! Mais ce que ne comprend pas Marie c’est qu’une fois monté au ciel, Marie et chacun de nous à sa suite, aurons un accès à une relation d’amour encore plus forte avec le Christ. En effet, et au risque d’être un peu sentimental il faut bien comprendre qu’une fois monté au ciel, Jésus ne sera pas simplement physiquement présent pour telle personne, à quelques occasions…
Non, et c’est là la BN de l’Ascension : il sera présent à tout jamais dans le cœur de Marie, dans celui des disciples, dans nos cœurs ! Comme si Jésus disait à Marie : « Tu n’as pas à avoir peur de me perdre ! Dans ce monde ci nous pourrions et nous serons séparés ; je ne serais pas toujours là à tes côtés. Mais si je monte vers le père tu m’auras pour toujours avec toi. Ou que tu ailles et où que tu sois, J’y serai avec toi. Tu auras cette intimité et cette communion là et rien ne pourras plus jamais m’éloigner de toi ! ». Qui nous séparera de l’amour du Christ ? demande Paul ?! Rien ni personne !
Saint Augustin l’a dit à sa façon « tu es monté aux cieux, dissimulé à nos regards, et nous nous sommes détournés attristés, pour soudain te découvrir dans notre cœur ». La promesse de Jésus d’être avec chacun de nous, chaque jour n’est pas vaine ; il est le seul à avoir la capacité de tenir cette promesse.
Ne me retiens pas. J’ai encore mieux pour toi. Le Saint-Esprit a pris la place de Jésus ; Il est omniprésent et n’a pas les contraintes physiques que Jésus avait avant sa mort où il ne pouvait vivre une réelle intimité qu’avec quelques proches seulement. Nous pouvons donc, désormais, avoir tous accès à cette intimité avec Jésus par le Saint-Esprit. Paul dit en Rm 5,5 : « Or, l’espérance ne trompe point, parce que l’amour de Dieu est répandu dans nos cœurs par le Saint-Esprit qui nous a été donné ».
Paul nous dit dans Ephésiens 2,6 que les chrétiens sont unis avec Christ et même « assis avec lui dans les lieux célestes ». Cela signifie que par l’intermédiaire de l’Esprit-Saint les attentes et les désirs les plus profonds de notre cœur peuvent être puissamment satisfaits en Christ. L’amour de Christ pour nous est pleinement, totalement, incroyablement suffisant !
Nous connaissons tous des personnalités chrétiennes qui ont fait l’expérience d’une communion extraordinaire avec Christ. Des récits de chrétiens qui ont vécu cette intimité, cette communion avec le Christ qui surpasse tout, qui emplit tout notre être au point que tout le reste nous paraît tellement dérisoire et fade… Mais cette présence n’est pas réservée à une élite, à quelques saints ou à des mystiques connus. Cette présence et cet amour n’est pas réservée à quelques personnes sensibles du point de vue émotionnel, ou même à d’autres personnes qui seraient irréprochables du point de vue moral ! Absolument pas ! Chacun d’entre nous peut connaître et expérimenter cet amour par l’entremise de l’esprit Saint !
Oui, Jésus est monté au ciel de façon à pouvoir entrer dans la vie de chacun : dans la mienne, dans la tienne, comme une réalité d’amour et un lien personnel plein de vie et d’éclat ! N’oublions pas en effet que cet amour que nous pouvons ressentir dans sa présence, cet amour qui est « déversé dans notre cœur » dit Paul, cet amour est un signe, le signe distinctif des chrétiens ! Cet amour n’est pas un sentiment béat, mais un engagement au service de Dieu et de ton prochain, de son royaume qu’il veut étendre au-delà des limites de ton cœur, pour tous et partout !
Conclusion : alors, en ce jour de l’Ascension, réjouis-toi ! Jésus règne sur le monde et son plan d’amour va se réaliser. N’aie crainte de ce qui se passe autour de toi car Jésus est au contrôle. Et dans son plan, tu y es aussi inclus ! Car il compte sur nous pour aimer et répandre son royaume. C’était la tâche des premiers disciples. C’est la nôtre aussi. Que son SE nous remplisse chaque jour à nouveau de son amour. Laisse son amour ravir ton cœur…ne laisse rien d’autre que son amour ravir ton cœur ! Plus tu connaitras cet amour, plus tu seras rempli de son amour, et plus tu auras de l’amour pour lui et pour autrui… Si tu dois regarder vers le ciel, que cela soit pour t’enraciner dans son amour, qu’il désire répandre partout, chez tous et toujours. Amen !