Un historien du Titanic, Bill Sauder, raconte dans un reportage vidéo une histoire intéressante sur la récupération d’objets dans le navire coulé. Beaucoup de ces objets étaient pourris, rouillés et l’odeur qui s’en dégageait était fétide. Il décrit le laboratoire comme « désagréable » en raison de l’odeur horrible. Mais un jour, l’équipage de Sauder récupère une sacoche en cuir avec des flacons de parfum. En évoquant ce souvenir il en est encore ému aux larmes. https://archive.org/details/JonathanButtonSermons37BillSauderVideo-titanic
Voici ce qu’il dit : « Soudain, quelqu’un ouvre cette sacoche en cuir et le parfum du ciel en sort. Toutes ces fleurs et ces saveurs fruitées. C’est délicieux ! C’est la chose la plus merveilleuse que vous ayez jamais connue. C’était une expérience complètement bouleversante. Le parfum du ciel se déplace dans la pièce. Et au lieu d’être entouré de toutes ces choses mortes, pendant ces quelques minutes, le navire était à nouveau vivant. » Voilà que le parfum des cieux couvrait la puanteur des objets en décomposition…
Cette anecdote nous rappelle que le parfum peut vraiment transformer une atmosphère. Pour Paul, le chrétien est comme un parfum de bonne odeur aux yeux de Dieu, une odeur qui devrait pouvoir aussi changer l’atmosphère dans un monde marqué par des valeurs malodorantes telles que l’indifférence, le chacun pour soi, l’injustice, toute forme d’idolâtrie, le cynisme, le désespoir, la peur, la violence, etc.
Sentez encore votre poignet : quand une personne était ointe par l’huile, c’était le signe de son appartenance à Dieu. Ainsi par ce geste nous rappelons que nous portons sur nous l’odeur de Dieu qui nous accompagne. Christ, christos en grec c’est celui qui est oint, choisi par Dieu. Et le mot « chrétien » signifie petit christ, et nous voulons vivre en accord avec celui qui apporte la vie dans ce monde. Nous voulons en tant que petit Christ répandre dans notre entourage la bonne odeur de la proximité de Dieu.
Justement, l’une des caractéristiques du parfum c’est qu’il renvoie à une présence, il signale une présence. Telle odeur vous fait dire « il ou elle est là ». Le parfum attire toujours l’attention sur une présence qui est ressentie généralement comme heureuse, bénéfique, amicale. Et même parfois, quand la présence cesse, la permanence du parfum agit comme une mémoire.
Voyez-vous, si Christ était le parfum du ciel sur terre, avec son départ, qui pourra nous rappeler sa présence ?
Paul dit que Dieu répand PAR NOUS le parfum de sa connaissance. Quel privilège et honneur ! Au cœur d’un monde aux odeurs semblables à celles du labo du Titanic, il existe un parfum qui rappelle et signale une présence, une odeur des cieux et d’éternité. Une présence qui, par notre amour et notre consécration, renvoie à la personne de Jésus lui-même. Dieu veut se faire connaitre au travers de nous ! La connaissance de Dieu passe par nous. Et partout où Dieu règne, cela sent bon ! Nous sommes capables de répandre au cœur de ce monde des arômes différents qui sentent bon sa compassion, sa bonté, sa justice, sa vérité, sa sagesse… et surtout son Amour. Ainsi nous changeons l’atmosphère du lieu où nous sommes…
Comment est-ce possible ? Voyez-vous, quand nous sommes unis à Christ, nous prenons sur nous son parfum. En effet, avez-vous remarqué que vous pouvez sentir sur vos habits le parfum d’un autre si vous avez été très proche de lui ? Vous ne portez pas son parfum mais son parfum s’est attaché à votre vêtement. Ce n’était pas votre odeur mais c’est devenu la vôtre ! Quand nous devenons un avec Jésus, nous prenons son odeur.
L’odeur de la connaissance de Dieu ne se répand pas par un service accompli par les humains en faveur de Dieu, par des rites ou je-ne-sais-quoi. Mais tout simplement parce que nous acceptons que Dieu soit présent près de nous (et même en nous) avec sa bonne odeur ! Nous désirons que son parfum se répande sur autrui en espérant que chacun accepte de se joindre à la bonne odeur de Dieu !
Athénagore (2ème s) disait que Dieu n’avait plus besoin qu’on lui offre de l’encens (comme faisaient les païens) car Dieu était l’encens le plus parfait. Mais nous devenons et voulons être ce parfum pour Dieu, et autour de nous, partout où nous sommes, partout où nous allons, au travers de nos actes et de nos paroles, de nos engagements, de notre amour, de notre fidélité, un parfum de bonne odeur ressentie comme heureuse, bénéfique et amicale. Un parfum qui dit et rappelle sa présence. Puisque Jésus n’est plus là physiquement, nous sommes la présence même de Dieu au cœur d’un monde en décomposition.
Le prédicateur Charles Spurgeon a un jour décrit les vertus chrétiennes comme de « douces épices ». Parmi ces vertus celle de l’obéissance qu’il décrit comme étant « le miel caché et le parfum enfermé dans les fleurs par une chaude journée ». Il appelle en fait chaque chrétien à une vie d’obéissance qui répand le parfum du ciel, et où le parfum de la ressemblance au Christ devient évident pour tous.
Je disais au début du culte que lorsque Dieu sent l’odeur agréable des sacrifices de son peuple, c’est parce que pour un sémite, le parfum symbolisait l’état d’âme de l’adorateur. Dieu y sent si j’ose dire l’amour, la consécration de ses enfants. L’odeur que Dieu aime chez les humains c’est avant tout une attitude de respect des commandements et de sa volonté dans la vie de tous les jours.
Paul voit un exemple d’amour, de consécration et d’obéissance dans les dons qu’il reçoit de ses amis philippiens. Il les voit comme un parfum de bonne odeur que Dieu agrée. Ces dons sont la marque de leur attachement à Christ. Ils sont le signe de la présence de Christ en eux.
Frères et sœurs, si les chrétiens doivent avoir l’arôme du Christ, alors l’Église doit être un endroit parfumé, où le parfum du ciel déborde de notre culte dans un monde qui ne sent pas toujours la rose. Oui, que Dieu nous préserve de sentir comme le monde. Unis à Jésus, puissions dégager une odeur : celle du parfum du ciel, un petit avant-goût de paradis !
Ce dont le monde a besoin, c’est d’une Église qui sent bon la vie.
Que le parfum de Jésus et l’arôme de la grâce se libèrent de plus en plus à travers ces fragiles vases d’argile que nous sommes (2 Co 4,7) !
Textes :
- Mt 26,6-13
- 2 Corinthiens 2,14-17
- Philippiens 4,18-20
- Ephésiens 5,1-2