Nous associons parfois des noms de villes connues à de grands personnages historiques parce qu’ils y sont nés. Par exemple Henry Dunant… à Genève. Bonaparte à… Ajaccio. Jeanne d’Arc à… Domrémy (pour le coup, pas connu !). Justement ce matin, le prophète Michée annonce la naissance du Messie non pas à Jérusalem, là où devraient naître et régner les rois mais bien plutôt dans une bourgade insignifiante (minable dit l’hébreu – pas seulement petite), un village d’un petit district du royaume de Juda situé à quelques km de Jérusalem du nom de Bethléem, qui signifie la « maison du pain ».

I. Contexte

Michée fait partie de ce qu’on appelle « les petits prophètes, contemporain d’Esaïe. Son nom signifie « qui est comme Dieu ». Un nom commun au 8ème siècle avant JC, période pendant laquelle Michée assure son ministère pendant le règne de 3 rois (Jotham, Achaz et Ezechias).  Il venait aussi d’une petite bourgade au sud-ouest de Jérusalem. Peut-être que la prophétie de Dieu résonnait chez lui, car lui aussi savait ce que c’était que de venir d’origines humbles.

Esaïe et Michée dénoncent l’injustice et la déchéance spirituelle du peuple. Le pays vit une période de grande agitation politique alors que le voisin assyrien grandit en puissance. Le danger pèse alors sur le royaume du nord mais aussi sur Juda. Comme d’autres prophètes, Michée déplore que son pays fait davantage confiance à la puissance militaire et aux alliances politiques plutôt qu’au Dieu souverain qui a fait sortir son peuple d’Égypte. Car les rois de l’époque préféraient payer d’énormes dettes à leurs voisins plus puissants pour les empêcher de les attaquer. Et cela avait aussi un impact sur les plus pauvres qui étaient les 1ères victimes de ce système. Malgré cela l’Assyrie détruit le royaume du nord en 722. Michée assiste à cela et il verra dans cet événement et ce drame national une conséquence inéluctable du péché d’Israël.

C’est au cœur de ces tensions que Michée annonce au chapitre 5 cette prophétie et cette parole d’espérance. Un monarque va surgir (il ne l’appelle pas roi exprès, car l’image de la royauté était trop négative à ce moment-là). Non pas issu de la famille régnante en place, mais d’une branche secondaire, momentanément oubliée à la campagne ! Le salut, la délivrance vient de l’endroit le plus inattendu : Bethleem.

Michée évoque les origines lointaines Davidiques de Bethléem. Mais ce qu’il veut surtout dire c’est que Dieu prépare un renouveau depuis les temps les plus reculés de l’histoire de l’humanité. Il va venir pour apporter la paix et la réconciliation avec l’humanité. C’est de cette bourgade que surgira un chef dont le leadership apportera la gloire à l’Eternel.

II. Quel lien avec Jésus ?

La petite taille de Bethleem. rappelle un thème biblique commun : quand Dieu s’apprête à faire quelque chose de grand, ce que les humains jugent en termes de statut, de taille, de pouvoir et d’influence est en fait complètement hors de propos (cf. choix de David) ! En fait, Dieu choisit souvent délibérément quelqu’un que nous nous rejetterions et jugerions inapproprié et improbable à nos yeux pour mener à bien Sa mission. Mais pour Michée, le choix de Bethléhem, c’est certes la revanche de la campagne sur la ville mais surtout celle du petit sur le grand, du méprisé sur l’orgueilleux. Alors qui est ce chef à venir ?

  1. Dieu choisit un souverain dont le rayonnement atteindra les confins de la terre… Personne ne l’imagine naitre à Bethleem, la maison du pain. C’est pourtant le seul endroit approprié pour que Jésus naisse. Non seulement à cause de ses liens avec la maison de David, mais aussi en raison du fait que ce village dit déjà quelque chose de Jésus, lui le Pain de vie descendu du ciel et qui nourrit et rassasie nos âmes affamées… Lui le pain brisé qui s’offre à jeudi saint pour le pardon de nos péchés. La « Maison du pain » est déjà ce lieu où Dieu démontre à quel point il désire pourvoir aux besoins les plus essentiels de notre humanité !
  2. Cette prophétie nous enseigne que ce monarque régnera sur Israël et gardera son troupeau (v.3). Pour Michée, cette idée d’un berger (qui décrivait déjà les dirigeants d’Israël à l’époque de David) servait de métaphore pour un leader fort qui dirigerait le peuple de Dieu et vivrait ainsi en sécurité, dans la paix et la prospérité. Un berger dont le peuple n’aurait pas à se plaindre car il sera soutenu par Dieu lui-même. Car un pouvoir non corrompu ne peut être que l’œuvre de Dieu seul, le Juste parfait. Jésus dira être lui-même ce bon berger. Celui qui donne la paix. Cette paix n’est pas seulement une absence de guerre, de menaces qui se profilent aux frontières de la terre d’Israël. Mais c’est le shalom pour celui ou celle qui décide de suivre le bon berger. Le berger qui conduit à une plénitude de vie avec Dieu et avec notre prochain. 
  3. Il est bon. Vous savez qu’en anglais God et good n’ont qu’une lettre de différence. Cela date du jour où des tribus germaniques ont combiné leur langue avec celle des Britanniques. Quand les germains ont commencé à adorer le Dieu de la Bible ils avaient besoin d’un mot pour le décrire. Les germains avaient des noms pour leurs dieux mais aucun mot n’arrivait à décrire le Dieu de l’Ancien et du Nouveau Testament. Et quand ils ont vu la bonté inhérente de Dieu, ils ont décidé de prendre une forme du mot « bon » et d’en faire leur mot pour Dieu. Pour les nouveaux croyants, le mot qui avait le plus de sens pour eux était le mot « bon ». Les deux mots ne se distinguent quasi pas dans les langues germaniques primitives ni dans des langues modernes (Got et Gut en allemand).

III. Qu’est-ce que cela signifie pour nous en tant que disciples de Jésus ?

L’un des thèmes sur lesquels on ne saurait trop insister en ce qui concerne le ministère de Jésus est la relation paradoxale entre humilité et force. Rappelons-nous comment Paul en Philippiens 2 reconnait les origines humbles de Jésus, ce Jésus qui prend la « forme d’un esclave / serviteur (doulos), mais qui est finalement exalté : « tout genou fléchira, toute langue confessera que Jésus est Seigneur ».

Notre responsabilité est de démontrer, encore et toujours, notre force par l’humilité et le service. Notre bonne et juste position est celle d’humbles serviteurs de Dieu, dont l’autorité ne peut ni ne doit jamais être utilisé à notre propre avantage et ne jamais être tenu pour acquis. Notre autorité doit être une autorité qui fait grandir les autres. Une autorité qui nous est donnée par Jésus pour devenir à sa suite des témoins de confiance en Dieu, de paix, de bonté, de pardon.

En ce temps de l’Avent il est peut intéressant de montrer ce tableau de Matthias Grünewald (cliquez ici pour voir). Il peint Jean-Baptiste montrant Jésus, pointant le doigt vers lui pour dire : voici à quoi devraient ressembler la vie chrétienne, le leadership et l’autorité du chrétien. En Jean 3,30 il dit « il faut qu’il croisse et que je diminue ». Il doit prendre toujours plus de place en moi pour que comme dit encore Paul « ce n’est plus moi qui vis, mais Christ qui vit en moi ».

JB montrait Jésus l’Agneau de Dieu. De même comme témoins de Jésus, lorsque nous montrons Jésus nous disons « voilà à quoi ressemble Dieu ». Nous ne sommes que d’humbles et modestes serviteurs, aidés par la puissance du Saint-Esprit. Ce geste de JB est fort car nous sommes sans cesse invités à mettre notre ego de côté afin que l’Evangile des humbles origines puisse se répandre.

Je conclue : si la prophétie de Michée s’est accomplie 700 ans plus tard comme 1er temps avec la naissance de Jésus, l’Eglise et les chrétiens attendent la réalisation de son deuxième temps : la venue de Jésus-Christ comme Seigneur de l’humanité, établissant son règne de Paix ! C’est notre espérance : qu’elle suscite en nous la joie et nourrisse notre foi. Amen

Prière : Père, nos véritables origines sont d’abord en toi. Aide-nous à devenir à ton image des témoins humbles de ton Evangile, capable de répandre autour de nous paix, pardon, vie, bonté avec le secours de ton Esprit. Ainsi nous pourrons montrer à quoi tu ressembles et que tu en sois ainsi glorifié. Dans notre attente, que nos cœurs soient tournés vers toi. Fortifie notre foi, notre amour et notre espérance.

Textes : Mt 2,1-6 ; Ph 2,5-11 ; Michée 5,1-4

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