Prédication sur Josué 1,1-2+10-11/3,1 ;5-6 ;13 ;17 ; 4,1-9(txt annexe: Ro 6,4+13**)

Croire, faire des choix / des renoncements motivés par notre espérance.

Choisir c’est aussi renoncer, aurait dit André Gide. Et nos choix, qui sont aussi des renoncements, reflètent nos espoirs ou nos peurs, dit Nelson Mandela[1].

Notre vie chrétienne, notre vie de disciple de Christ se base sur un choix fondamental : suivre Jésus, mettre Jésus au centre de notre vie, construire sur lui, ou ancrer notre vie dans son amour pour nous. Chacun le dira avec ses mots. Mais il y a un choix… et donc un renoncement.

Le livre de Josué nous parle de ce choix. Il nous dit que la vie chrétienne est faite de ce que je découvre en Christ et prends pour moi et de ce que je laisse derrière, parce que ne correspondant plus à ce que j’ai découvert de Jésus.

Dans le livre de Josué, Israël est face à un choix : entrer dans la terre que Dieu lui a promise ou rester dans  le désert. 40 ans plutôt, Israël a été libéré de l’esclavage égyptien; vous vous souvenez, c’est l’histoire des 10 plaies d’Egypte et du passage de la Mer Rouge. Une fois libéré, les Hébreux ont la nostalgie de l’Egypte : ils y étaient certes esclaves, mais ils y avaient une vie bien organisée et un large choix de nourriture. Cette génération de nostalgiques qui a refusé d’entrer dans la terre promise est maintenant morte, et Moïse aussi. C’est une nouvelle génération qui se trouve avec Josué face au Jourdain, une génération qui n’a pas connu l’esclavage, mais seulement le désert où Dieu les nourrissait de la manne chaque matin. C’est une génération qui est au bénéfice de l’action libératrice de Dieu sans l’avoir demandé. Comme nous qui avons été baptisés bébés, sans l’avoir demandé. Comme ceux d’entre nous qui sont au bénéfice de l’amour et du pardon que Dieu leur a accordés en Jésus, mais qui n’ont pas forcément encore vécu quelque chose de personnel avec Jésus; qui ne sont pas forcément entrés dans l’aventure de vivre le projet de Dieu pour eux.

Dans le texte lu tout à l’heure, cette nouvelle génération fait le choix de traverser le Jourdain, le choix d’entrer dans la Terre que Dieu leur a promise. Nelson Mandela disait : Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs. Le choix de cette génération reflètent sa confiance que Dieu les accompagnera dans ses projets. Le refus de la génération précédente d’entrer dans la Terre promise reflétait sa peur. Dieu demande à Josué de symboliser ce choix motivé par l’espérance et la foi du peuple en prenant 12 pierres du milieu du lit asséché du Jourdain et en plaçant ces pierres dans leur campement. Ces pierres seront un rappel de la fidélité de Dieu à ouvrir un chemin devant son peuple qui a fait le choix du projet de Dieu et de la confiance. Et Josué ajoute un 2e symbole : il laisse 12 autres pierres au milieu de la rivière comme pour symboliser ce que le peuple a enterré dans sa décision de vivre le projet de Dieu.

 Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs. Phrase riche d’interpellation ! Notre vie à la suite de Jésus est appelée à être l’expression de choix reflétant notre confiance en Lui. Des choix et donc des renoncements aussi. Je peux m’interroger moi-même : qu’ai-je déjà laissé derrière moi pour suivre Jésus et que suis-je encore appelé à laisser derrière moi ? Qu’ai-je gagné, qu’ai-je reçu, trouvé, découvert en suivant Jésus et qu’aurais-je encore à gagner, à recevoir, à trouver, à expérimenter, à vivre ?

Regardons un instant ce que Josué a gagné, découvert, expérimenté ?

  • Il était jeune quand Dieu a ouvert la Mer Rouge pour que le peuple puisse la traverser. A ce moment-là, Dieu avait promis : L’Éternel combattra pour vous ; et vous, gardez le silence (Ex 14,14). Josué a pris avec lui cette assurance que Dieu, son Dieu ne le laissera pas tomber, que face à des obstacles humainement insurmontables, Dieu sera fidèle pour agir. C’est sans doute cette foi qui lui permettra de prendre la grande ville Jéricho. Il y a des situations où humainement il n’y a pas de solution, mais Dieu est à l’action. Dans ta vie aussi. Dans ces situations, laisse-Le se battre pour toi et dis-lui merci pour Sa Maîtrise de la situation.
  • Peu de temps après la sortie d’Egypte, les Amalécites attaquèrent les Israélites par derrière[2]. Josué fut choisi par Moïse pour aller les combattre pendant que lui priait. Josué apprit là que Dieu non seulement agit quand tout semble humainement perdu, mais que Dieu combat à nos côtés, avec nous dans notre effort, dans notre engagement, dans notre lutte. Pas seulement à notre place, mais à nos côtés, en partenaire, et ce grâce à la prière, et parfois à celle des autres. Et c’est valable pour nous aussi. Dieu se bat à tes côtés quand tu ne crains pas le combat.
  • Josué passa par d’autres expériences qui forgèrent sa foi : il apprit que Dieu était non seulement fidèle au peuple, mais fidèle d’abord à lui-même, fidèle à sa volonté, fidèle à ses projets. C’est ce qui fait sa sainteté. Dieu ne se compromet pas avec non combines ou compromis. D’où l’appelle à se sanctifier avant de passer le Jourdain. Se sanctifier, se mettre à part pour Dieu, se consacrer à Lui, écarter de soi ce que nous savons lui être contraire et l’enterrer au fond du Jourdain.
  • durant ces 40 années passées à errer dans le désert suite au refus du peuple d’entrer dans la Terre promise, Josué appris une autre leçon tout aussi vraie et importante pour nous : Dieu ne libère pas son peuple pour que ce dernier ne soit simplement plus esclaves. Mais pour que ce dernier soit libre d’entrer dans son Règne, dans ses projets. Notre foi en Jésus sous appelle à quitter notre vie sans la guidance du Saint Esprit pour une vie à l’écoute des projets que le Saint Esprit a pour nous ; à quitter une vie menée hors de Sa volonté pour entrer dans Sa volonté ; à quitter une vie menée comme si Christ Jésus était mort et archivé pour une vie menée en relation avec Christ Jésus ressuscité, vivant, présent, agissant. Paul dit que c’est consacrer notre vie à Dieu. Jésus dit que c’est le mettre au centre, l’avoir pour seul maître.

A chacun d’entre nous de nous interroger: mon engagement à la suite de Jésus, qu’est-ce qu’il m’a conduit à lâcher jusqu’ici? Et qu’est-ce qu’il m’a conduit à découvrir et à gagner[3]? Consacrer sa vie à Christ s’exprimera différemment d’une personne à l’autre. Chez certain comme Joseph Rusca, l’ancien patron de Globull, ce fut radical: il est entré en communauté religieuse[4]. Pour d’autre comme Frédérique Bedos journaliste vedette sur MTV et Antenne 2, elle prend conscience que le monde télévisuel n’est plus là pour servir les gens, mais pour se servir d’eux et quitte son monde du showbiz pour fonder sa propre maison de production média avec des valeurs chrétiennes.

Chacun, chacune d’entre nous est appelé lors de son baptême à occuper sa place dans la Terre promise, dans le Règne de notre Seigneur Jésus Christ. Faire ce choix comporte aussi des renoncements et ne doit pas être motivé par la peur. Mais par l’espérance et la confiance que nous avons que Christ a des projets qu’il veut réaliser au travers de nous, avec nous, en nous. Par la confiance qu’Il est avec nous, en nous, devant nous, derrière nous, tout autour de nous, souverain, voyant au-delà de ce que nous apercevons. Croyons qu’au-delà de nos difficultés ou au-delà de l’étroitesse de notre champ visuel, le Seigneur veut nous introduire dans sa Terre promise*, dans son projet.

Amen.

 

* Pour nous chrétiens, cette entrée dans la Terre Promise c’est le baptême. C’est une constante dans la Bible qu’entrer dans les projets de Dieu implique un choix de notre part. Les Hébreux ont dû choisir de quitter l’Egypte où ils étaient esclaves, pour la liberté dans le désert. Ils doivent maintenant choisir de quitter le désert pour la Terre promise, choix pas forcément facile vu que cette Terre est habitée par des peuples bien organisés. Et nous chrétiens, notre baptême nous appelle à quitter notre vie sans la guidance du Saint Esprit de Jésus pour une vie à l’écoute des projets que le St.Esprit a pour nous ; quitter une vie menée hors de Sa volonté pour entrer dans Sa volonté ; quitter une vie menée comme si Christ Jésus était mort et archivé pour une vie menée en relation avec Christ Jésus ressuscité, vivant, présent, agissant.

Jésus lui-même nous rappelle que notre vie de disciple, de chrétien et chrétienne est un choix, est modelée par une succession de choix. Nul ne peut servir deux maîtres ; car ou il haïra l’un et aimera l’autre, ou il s’attachera à l’un et méprisera l’autre, dit Jésus ;  puis il précise : Vous ne pouvez servir Dieu et Mamon.

** Josué 1 : 1 Après la mort de Moïse, serviteur de l’Éternel, l’Éternel dit à Josué, fils de Noun, assistant de Moïse : 2  Moïse, mon serviteur, est mort ; maintenant, lève-toi, traverse le Jourdain que voici, toi et tout ce peuple, en direction du pays que je donne aux Israélites. (…). 10 Josué donna cet ordre aux officiers du peuple : 11  Parcourez le camp, et voici ce que vous commanderez au peuple : Préparez-vous des provisions, car dans trois jours vous traverserez le Jourdain que voici pour aller conquérir le pays dont l’Éternel, votre Dieu, vous donne la possession. (…).

Jos 3 :1 Josué se leva de bon matin. Lui et tous les Israélites arrivèrent au Jourdain, et là ils passèrent la nuit avant la traversée. 5  Josué dit au peuple : Sanctifiez-vous, car demain l’Éternel accomplira des prodiges au milieu de vous. 6  Josué dit aux prêtres : Portez l’arche de l’alliance et passez devant le peuple. Ils portèrent l’arche de l’alliance et marchèrent devant le peuple. 13  Dès que les prêtres qui portent l’arche de l’Éternel, le Seigneur de toute la terre, poseront la plante des pieds dans les eaux du Jourdain, les eaux du Jourdain seront coupées, les eaux qui viennent d’amont s’arrêteront en une seule masse. 17  Le peuple traversa vis–à–vis de Jéricho. Les prêtres qui portaient l’arche de l’alliance de l’Éternel se tinrent au sec, de pied ferme, au milieu du Jourdain –– et tout Israël passait à sec –– jusqu’à ce que toute la nation eût achevé de traverser le Jourdain.

Jos 4 : 1 Alors, l’Éternel dit à Josué : 2  Prenez douze hommes parmi le peuple, un homme par tribu. 3  Donnez-leur cet ordre : Enlevez d’ici, du milieu du Jourdain, de la place où les prêtres se sont arrêtés de pied ferme, douze pierres que vous ferez passer avec vous et que vous déposerez au campement où vous passerez cette nuit. 6  Lorsque vos fils vous demanderont demain : Que sont ces pierres pour vous ? 7  vous leur direz : C’est que les eaux du Jourdain ont été coupées devant l’arche de l’alliance de l’Éternel. Lorsqu’elle traversa le Jourdain, les eaux du Jourdain ont été coupées. Ces pierres serviront de mémorial aux Israélites, à jamais8  Les Israélites firent ce que Josué avait ordonné. Ils enlevèrent douze pierres du milieu du Jourdain, comme l’Éternel l’avait dit à Josué, selon le nombre des tribus des Israélites. Ils les firent passer avec eux au campement et les y déposèrent. 9  Josué dressa douze pierres au milieu du Jourdain, à la place où s’étaient arrêtés les pieds des prêtres qui portaient l’arche de l’alliance, et elles y demeurent jusqu’à aujourd’hui.

Mt 6 : 24  Personne ne peut servir deux maîtres : ou bien il haïra le premier et aimera le second ; ou bien il s’attachera au premier et méprisera le second. 33  Préoccupez–vous d’abord du Royaume de Dieu et de la vie juste qu’il demande, et Dieu vous accordera aussi tout le reste.

Ro 6 : 4  Par le baptême, donc, nous avons été mis au tombeau avec lui pour être associés à sa mort, afin que, tout comme le Christ a été ramené d’entre les morts par la puissance glorieuse du Père, nous aussi nous vivions d’une vie nouvelle. 13  Ne mettez plus les diverses parties de votre corps au service du péché comme instruments du mal. Au contraire, offrez–vous à Dieu, comme des êtres revenus de la mort à la vie, et mettez–vous tout entiers à son service comme instruments de ce qui est juste.

[1] Que vos choix reflètent vos espoirs et non vos peurs.

[2] Deut 25 : 17  Souviens-toi de ce que te fit Amalek pendant la route, lors de votre sortie d’Egypte, 18  comment il te rencontra dans le chemin, et, sans aucune crainte de Dieu, tomba sur toi par derrière, sur tous ceux qui se traînaient les derniers, pendant que tu étais las et épuisé toi-même. 19  Lorsque l’Eternel, ton Dieu, après t’avoir délivré de tous les ennemis qui t’entourent, t’accordera du repos dans le pays que l’Eternel, ton Dieu, te donne en héritage et en propriété, tu effaceras la mémoire d’Amalek de dessous les cieux: ne l’oublie point.

Ex 17 : 8 Amalek vint combattre Israël à Rephidim. 9  Alors Moïse dit à Josué: Choisis-nous des hommes, sors, et combats Amalek; demain je me tiendrai sur le sommet de la colline, la verge de Dieu dans ma main. 10  Josué fit ce que lui avait dit Moïse, pour combattre Amalek. Et Moïse, Aaron et Hur montèrent au sommet de la colline. 11  Lorsque Moïse élevait sa main, Israël était le plus fort; et lorsqu’il baissait sa main, Amalek était le plus fort.12 Les mains de Moïse étant fatiguées, ils prirent une pierre qu’ils placèrent sous lui, et il s’assit dessus. Aaron et Hur soutenaient ses mains, l’un d’un côté, l’autre de l’autre; et ses mains restèrent fermes jusqu’au coucher du soleil. 13  Et Josué vainquit Amalek et son peuple, au tranchant de l’épée. 14 L’Eternel dit à Moïse: Ecris cela dans le livre, pour que le souvenir s’en conserve, et déclare à Josué que j’effacerai la mémoire d’Amalek de dessous les cieux. 15  Moïse bâtit un autel, et lui donna pour nom: l’Eternel ma bannière.

[3] Par exemple, Jésus nous interroge :

  • quel est réellement ton maître ? L’argent ? Lui Jésus ?
  • où va ta loyauté quand tu es pris dans un conflit de conscience ? A ta famille, à tes collègues, au qu’en-dira-t-on ? Ou à Lui Jésus et à ce que tu crois qu’il attend de toi ?
  • où mets-tu ta sécurité ? Où investis-tu ta raison d’être ?
  • ta lecture de la Bible est-elle une lecture qui vise à te donner le sentiment d’être du bon côté alors que d’autres sont du mauvais ? Ou est-ce une lecture qui t’interpelle et te questionne sur toi-même, à la lumière de l’amour, de la grâce et de la liberté que Dieu a pour toi ?

[4]Cf L’écho magazine du 6 mars 2014 sur internet.

 Le fêtard qui a croisé Dieu sur son balcon

A 31 ans, Joseph Rusca est au top de sa carrière. Directeur artistique de Globull, la grande discothèque fribourgeoise, il laisse tout pour tâter de l’austérité de la vie religieuse. Portrait d’un amoureux du défi.

 «Si vous sortez à Bulle, c’est ici qu’il faut venir.» Joseph Rusca vante les mérites du bistro branché Le Buro, aménagé dans un ancien entrepôt, qu’il a ouvert avec des associés il y a cinq ans. Le monde de la nuit et de la fête, le Bullois de 31 ans connaît. Il ne gère pas que Le Buro: il était jusqu’il y a peu directeur artistique de Globull, la grande boîte de nuit du canton qui fait danser un millier de personnes chaque samedi soir. Un cadre de vie trépidant qu’il s’apprête à troquer contre une vieille bâtisse du sud de la France qui abrite une communauté religieuse et quelques chèvres.

Septième de neuf enfants, Joseph a grandi dans une famille profondément croyante. «Parmi nous il y avait des sportifs et des fêtards, on était libres de vivre comme on voulait; mais le dimanche matin, tout le monde se levait pour la messe!» L’adolescent y va volontiers, même pendant ses années turbulentes au collège du Sud, à Bulle – dont il se fait renvoyer une fois –, durant lesquelles il organise déjà fêtes et soirées humoristiques pour rire des profs. «J’avais un sacré caractère et un grand besoin de me mettre en avant, reconnaît-il, comme souvent dans les familles nombreuses.»

Marchand de tapis

A cette époque, Joseph pense intégrer la Haute école de commerce de Saint-Gall. «Mon grand-papa vendait des meubles et des tapis d’Orient. J’ai toujours rêvé de faire du business.» Mais alors qu’il travaille dans un café en attendant de commencer l’université, Joseph apprend par un ami qu’on cherche un gérant pour une discothèque. Malgré ses 20 ans et quatre heures de retard au rendez-vous («A cette époque, je faisais beaucoup la fête»), le contact passe et Joseph décroche le poste; tant pis pour les études!

Du jour au lendemain, le jeune homme devient responsable du planning des serveurs, de la sécurité, du ravitaillement,… «Pendant deux ou trois ans, j’ai bossé 70 à 80 heures par semaine, se souvient-il. Je passais mes nuits là-bas, je pensais à de nouveaux projets. J’adorais ça, mais j’ai dû boire beaucoup de Redbull pour tenir le coup!» Les dimanches ne servent bientôt plus qu’à récupérer. «J’ai arrêté de pratiquer d’un coup. Pas par révolte: je n’avais aucune haine, mais j’étais un peu mon propre Dieu», explique celui à qui tout réussissait. Joseph ramène d’Ibiza des concepts de soirées et s’implique toujours plus dans le développement artistique de la boîte, qui voit ses entrées prendre l’ascenseur. Il collabore avec de nombreux artistes, vit dans un monde de rêve, de lumières, de danse et de champagne. «Il y a cinq ans, je me suis un peu lassé et j’ai voulu partir; mais on nous a proposé d’ouvrir Le Buro, un bar au centre-ville qui peut accueillir des brunchs, des one man shows, des matchs d’impro… Ça nous a relancés et là aussi, nos projets ont cartonné.»

Le philosophe de YouTube

Une brèche s’ouvre pourtant dans cette vie où s’enchaînent les réussites. Il y a trois ans, un ami proche avec qui Joseph organise des fêtes meurt brutalement. «Il générait tellement de bonheur autour de lui! Je ne pouvais pas comprendre qu’il parte comme ça. J’ai recommencé à dire les prières que je connaissais, le Notre Père, le Je vous salue Marie. J’ai essayé de comprendre, je ne voulais pas me borner à regretter.» Le jeune homme part alors en Terre sainte pour voir de ses yeux ce dont il entend parler depuis son enfance et parcourt le territoire du Sinaï à la Syrie. «Ça m’a beaucoup marqué même si pendant le chemin de croix dans les rues de Jérusalem, j’avais tellement honte que je me cachais derrière la Croix!»

De retour en Suisse, Joseph ressent le besoin de lire et de renouer avec sa vie intérieure. Il commence des études à la Haute école de gestion de Fribourg sans abandonner ses engagements professionnels. Sur les sites internet et les réseaux sociaux, le jeune homme découvre une autre Eglise que celle présentée dans les médias; il écoute des conférences du philosophe Fabrice Hadjadj sur YouTube et quand il entend, en avril 2013, que celui-ci donne une conférence sur la présence réelle à Fribourg, il va l’écouter. «Ça m’a tellement parlé qu’à la fin, j’ai acheté tous ses bouquins.»

Le printemps est pour Joseph une suite de chamboulements. La démission de Benoît XVI, «que je ne portais pourtant pas dans mon cœur», l’élection du nouveau pape, le drame syrien, auquel il est particulièrement sensible depuis son voyage, les Manifs pour tous, en France, qui protestent contre une nouvelle manière de concevoir l’homme, en dehors de la filiation, tout ceci lui donne à penser. Mais penser n’est pas encore trouver ce qu’on cherche.

Même pas soûl

«Pendant l’été, j’ai rompu avec ma copine et toute cette histoire spirituelle a commencé à m’emmerder. J’essayais de mettre une certaine discipline dans ma vie, mais au-dedans, c’était le vide intersidéral, ça ne m’apportait rien, juste une grosse prise de tête.» C’est dans cet état d’esprit, songeant sérieusement à laisser tomber sa quête spirituelle, que Joseph allume un soir une cigarette sur son balcon. Seul face aux étoiles, il est soudain saisi. Une présence brûlante d’amour l’envahit; le jeune homme n’a aucun doute sur l’identité de son Visiteur nocturne. «Je n’ai jamais ressenti un tel bonheur, un bonheur total, et sans être soûl! C’était la réponse à tout ce que je demandais depuis trois ans. J’avais envie de mettre le feu à la planète, envie que tout le monde soit heureux.»

Avec les chèvres

Le lendemain, Joseph s’envole pour les JMJ de Rio. Avant son expérience de la veille, il pensait s’y rendre en célibataire pour profiter des charmes du Brésil; mais le jeune homme se remet à prier tous les jours et à recevoir les sacrements. A son retour, il pense reprendre sa vie d’avant le plus chrétiennement possible, mais il n’est pas tranquille. Après de nombreuses nuits sans sommeil, fin septembre, il décide de tout quitter. «Alors seulement j’ai eu la paix. J’ai annoncé à mes collaborateurs que je me sentais appelé faire un choix définitif, à vivre entièrement pour Dieu. Certains ont compris, d’autres ont pensé que mon échec amoureux m’avait tourné la tête!»

Un choix définitif? Joseph ne sait pas encore quelle forme il prendra. Pour l’instant, il s’apprête à quitter la Suisse pour Château Rima, dans le Var, en France, où il rejoindra pour un temps la fraternité Eucharistein. «Je laisse tout, le travail, mon appart et ma voiture.» Depuis quelques semaines, le trentenaire vit même sans télé. La perspective de se lever à 6h du matin et de s’occuper de chèvres quand on sort de onze ans dans le monde de la fête? «Vivre de ses récoltes et de la générosité des gens, ça me séduit, y compris au niveau écologique. Mon seul souci, c’est de partir avec rien. Je laisse mon argent ici, il servira à des œuvres caritatives. Je n’aurai même plus de quoi nourrir mon addiction à la clope!»

Christine Mo Costabella

 

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