Oscar Wilde a dit (cynique) « le meilleur moyen de résister à la tentation c’est d’y céder ». Cette formule peut prêter à sourire mais nous luttons tous avec la tentation et bien des personnages bibliques ont été confronté à la tentation et au péché : Abraham, Jacob, Moïse, Pierre… David aussi et il en a fait les frais. Jusque-là nous avons mis l’accent sur bien des qualités du roi David : loyauté, courage, fidélité, etc. Mais nous ne pouvons mettre de côté cet épisode sombre de sa vie. Si on résume la faute de David : il voit BS, la convoite, couche avec, lui fait un enfant et pour couvrir sa faute fait tuer son mari, un homme qui en plus lui devait la vie… Comment en est-il arriver à violer la moitié des 10 commandements en une seule démarche ?!

  1. L’origine du problème : le cœur

Le mal ne vient pas de nulle part. Tout commence dans notre cœur dont la Bible nous dit qu’il est entaché par le péché. Le cœur de tout être humain est perverti. En occident on essaie de se débarrasser de cette idée que le cœur humain est rempli de mal. On n’aime pas trop cela et on préfère croire que le mal est d’abord lié aux circonstances et que c’est à cause de cela que les gens sont tordus et capables de faire le mal. Non, nous croyons que tout commence dans notre cœur et que rien d’autre ne peut justifier le mal fait.

Jésus pointe la racine du problème au niveau du cœur et de nos intentions. Selon lui l’origine du mal réside dans l’amertume, l’envie, la jalousie, la convoitise, etc. On peut comparer toutes ces choses à de simples graines. Mais c’est parce qu’elles se situent dans notre cœur que Proverbes 4,23 dit : Garde ton cœur plus que toute autre chose, car de lui viennent les sources de la vie.

Un théologien puritain, John Owen a écrit qu’il faut « tuer le péché sinon c’est lui qui va vous tuer ». On sait jusqu’où le péché de David va le conduire et quelles en seront les conséquences immédiates et à long terme. Ce texte nous invite donc à agir à la racine du problème, à faire en sorte que cette graine ne puisse pas germer. Ce n’est pas gros une graine. Mais si elle tombe dans un sol fertile, qu’elle est arrosée et entretenue, elle ne manquera pas de produire quelque chose de bien plus grand qu’elle comme un arbre par exemple.  Or quelqu’un a dit qu’il est beaucoup plus facile d’écraser un gland que d’abattre un chêne.

Question : qu’est-ce que je tolère comme graine dans mon cœur et que peut-être je prends même plaisir à cultiver ?

Comment David a-t-il pu aller aussi loin dans le péché ? Cela n’a pas été possible sans qu’il rentre dans une démarche de rationalisation, de mécanisme de défense et d’auto-tromperie. Je m’explique : David est un homme de pouvoir qui lui demande beaucoup de sacrifices et de don de soi. Une vie dédiée aux autres, fatigante, stressante dans laquelle il rencontre beaucoup d’opposition et de critiques. Tout cela fait qu’au plus profond de lui, la petite graine de la pitié de soi et d’autojustification grandit : « Personne ne sait ce que je dois gérer, les sacrifices que je fais, personne ne comprend ce que je vis »…

Alors quand l’opportunité d’un pot-de-vin, d’une aventure, ou quoi ce soit d’autre survient, la personne de pouvoir se dit « je mérite cela »… Et dans le prolongement de ce qu’il vit et pense surgit alors la tentation. Il monte sur le toit et voilà que la graine se met à germer ! Et il va tout couvrir en se justifiant et en s’illusionnant lui-même.  Attention, si j’explique le mécanisme ce n’est pas pour excuser David, mais comprendre comment chacun peut en arriver là. 

Ne nous est-il jamais arrivé de justifier notre manière de penser et d’agir ? « oui, après tout, les autres le font aussi…après tout je mérite bien une petite compensation…après tout, voyez quel stress est le mien… après tout, c’est seulement une fois…après tout Dieu sait ce que je traverse ». Face à la tentation et quand on y cède il est plus simple de chercher des excuses ou bien de rejeter la responsabilité sur les autres ou sur les circonstances.

2. Etapes pour lutter contre tentation (cf. Jacques 1,12-15)

  1. 1ère étape : « Tentés par ses propres désirs». Il y en nous des désirs légitimes (aimer/être aimer) qui coexistent avec de mauvais désirs. Ils sont mauvais car ils sont mus par la convoitise et l’égoïsme. Ces désirs-là nous obsèdent (sexe, argent, nourriture, travail). La tentation est comme l’acier dans un aimant. Il y a une partie intérieure (désirs) et extérieure (circonstances). Comme je l’ai dit, tout commence à l’intérieur. C’est ce désir intérieur qui nous conduit à mener un désir légitime dans la mauvaise direction.
  2. La 2ème étape : « Il se laisse entrainer et est pris au piège ». Le mot grec est celui utilisé pour la pêche et signifie « attiré par un appât ». Le secret réside dans l’appât. Le bon appât pour le bon poisson. On n’attrape pas de poisson avec un hameçon nu. Il faut mettre un appât dessus. Quel appât l’Ennemi utilise pour nous ?* Il connaît nos points faibles ! Il cache l’hameçon dans un appât et utilise votre point faible. Quel est notre point faible ? Bien souvent nous voyons l’hameçon mais on ne peut s’empêcher d’aller mordiller…
  3. 3ème étape : « Désir donne naissance et conçoit le péché ». La tentation commence ici avec un regard. La belle BS… Ce regard se poursuit avec une pensée. Sauf que la bataille prend forme justement dans notre esprit. Ce qui prend forme dans notre esprit se traduit ensuite en actes… Les publicitaires savent que s’ils vous mettent le produit dans la tête, ils vous ont eu ! Sinon ils ne feraient pas de pub ! Tout commence dans notre esprit et se manifeste ensuite dans un style de vie. L’objectif est donc de mettre un terme à cette tentation avant qu’elle ne devienne trop forte et que nous perdions le contrôle.
  4. 4ème étape. « Une fois développé il donne naissance à la mort ». Le fruit du péché c’est la mort = séparation spirituelle d’avec Dieu. Être loin de Dieu n’est pas qu’une impression c’est souvent une réalité douloureuse. Et nous verrons que seule la repentance pourra y remédier (prochaine prédication).

 

3. Qu’aurait dû faire David? et nous par la même occasion !

Martin Luther a dit : « on ne peut empêcher les oiseaux de voler au-dessus de nos têtes, mais nous pouvons les empêcher de faire leur nid dans nos cheveux ». La tentation est là, mais ce n’est pas un péché. Jésus a aussi été tenté mais il n’y a pas cédé. Cela devient un péché quand il prend forme dans notre cœur et que nous cela se traduit dans les faits.

  1. Quand la tentation appelle, raccrochez! Si vous ne voulez pas vous faire piquer par des guêpes, éloignez-vous de l’essaim! Dieu dit « fuyez » ! Il ne dit pas « voyez si vous pouvez résister », non ! Fuyez ! Peut-être cela demande-t-il de changer de chaines de télé, d’éteindre l’ordinateur, de changer de travail, de relations, d’objectifs de vie…Quand Joseph fut en situation de tentation avec la femme de Potifar, il laissa son manteau et couru ! David aurait dû détourner son regard dès l’instant où il a vu BS et ne pas commencer à écouter ses désirs.
  2. Soyez à l’écoute de ce qui se passe dans votre vieet dans votre cœur : la tentation se nourrit de nos difficultés, nos blessures, notre solitude, notre stress, de notre oisiveté, de nos sentiments négatifs (ex. dans la contrariété certaines personnes se mettent à beaucoup manger). C’est dans les périodes plus difficiles que nous sommes les plus exposés à la tentation. Vous connaissez votre caractère. Le diable aussi et il joue avec tout cela. Je demandais « quel est votre point faible ? ». Connaître ses faiblesses (fameux appâts) est important car nous saurons où et quand nous sommes susceptibles de chuter et donc d’éviter cela. Et réfléchissons aussi à cette question : à quel moment de la journée, de la semaine, à quelle période de l’année ou dans quelle situation suis-je le plus vulnérable ?
  3. L’ennemi vous connait certes, mais Dieu aussi et il veut vous aider. Dans la prière, nous voulons lui demander de nous donner force et volonté pour faire ce que nous savons être bon. Comme dit Paul qu’il mette « le vouloir et le faire » dans notre faiblesse. Son Esprit en nous est plus fort que l’esprit de ce monde. Nous sommes dans un combat spirituel. Continuons à prier avec foi « ne nous laisse pas entrer en tentation ». Mais ne prions pas cela tout en approchant le nid de guêpes… N’oublions pas que nous ne pouvons pas dire non à la tentation avant que nous apprenions à dire « oui » au Seigneur.

Conclusion : comme j’ai dit ce n’est pas un péché que d’être tenté. C’est de céder à la tentation qui est un péché.  Si nous avions péché nous avons une promesse dans 1 Jn 1,9. Lors d’un prochain culte nous aborderons la suite du récit avec la question de la repentance.

En attendant, et je termine avec cela, tout commence dans notre cœur, avec ce que nous regardons et ce à quoi nous pensons… Alors, nous, restons les yeux fixés sur Jésus et nos cœurs attachés à sa Parole et à son amour. Puissions-nous dire comme David au Ps 40,8-10 : « Mon Dieu j’ai plaisir à t’obéir, et je garde ta Loi tout au fond de mon cœur » …

Textes :

  • 2 Samuel 11,1-8 ; 14-15 ; 26-27
  • Marc 7,21-23
  • Jacques 1,12-15

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