Présentation: Jacky Brandt m’a proposé un texte pour notre journal de paroisse au sujet de l’usage de l’argent. Je lui ai suggéré d’en faire une prédication pour un dimanche matin.

 

De l’usage de l’argent

Le pasteur Stauffer m’a demandé de vous parler d’un sujet qui nous occupe tous. Nous n’aimons pas trop en parler; il s’agit de l’argent. Pour les suisses, l’argent est le nerf de leurs affaires. Aujourd’hui, il est devenu le principal objet de motivation: «time is money ». Nous lui attribuons beaucoup de pouvoir au point qu’il mène le monde. Jeune patron, ce temps d’activisme et d’agitation, je l’ai également vécu.

Dans l’introduction, je reprends quelques réflexions de Daniel Marguerat, ancien professeur du nouveau Testament à l’Université de Lausanne. Veuillez m’excuser si certains d’entre vous avez déjà entendus les 2 histoires personnelles qui suivront.

La Bible est claire au sujet de l’argent. Elle met en garde contre la dépendance. Vous ne pouvez servir deux Maîtres à la fois, Dieu et Mamon. Il est dangereux de capitaliser l’argent. Dieu ne nous empêche pas de posséder. Par contre Jésus s’insurge contre ce qu’Il appelle l’accaparement et l’accumulation de richesses.

Dire dans certains milieux d’Eglise que l’on ne s’intéresse pas trop à l’argent est hypocrite. D’autres sont tenus de s’en soucier sérieusement, faute de régulières rentrées d’argent institutionnalisées pour survivre, à l’exemple des paroisses des cantons de NE et GE ne percevant pas d’impôts. Les affaires pécuniaires ne sont aucunement des bassesses matérielles. La manière de répartir des sommes d’argent reflète le système de valeurs d’un groupe. Un budget  est le portrait d’une communauté, ses valeurs, une radiographie de ses convictions. Malheureusement le raisonnement et des intérêts étroits l’emportent souvent. Dieu n’entre jamais dans nos têtes; la porte par laquelle Il passe est dans notre cœur. l’Evangile de Matthieu le dit bien: «Là où est ton trésor, là aussi sera ton coeur».

C’est bien beau tout cela, direz-vous! J’ai une tendance à engranger de l’argent plutôt qu’à le partager. Dans l’Evangile de Luc, (la suite de l’homme riche), Jésus dit: «Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille, qu’à un riche d’entrer dans le Royaume de Dieu».

N’est-ce pas finalement une question d’honnêteté et d’humilité avec soi, aussi avec Jésus qui connait ma nature! Ma femme aussi ! Dans la mesure où je fais ce que Dieu me demande, je reçois Sa Grâce, sorte de cadeau : c.à.d. une grande liberté, et surtout le sentiment et la joie d’avoir agi sans regret! 

Dois-je m’appuyer sur la sécurité de Mamon ou celle provenant de Dieu? Ce dernier répond à mes attentes quand je prends le temps de L’écouter et Lui fais confiance. J’ai pu l’expérimenter sur un plan social et collectif en dirigeant l’entreprise familiale. Voyant des chefs d’entreprise agir dans l’intérêt commun, je me suis mis, tant bien que mal, à considérer l’argent comme un bien à gérer, certes nécessaire pour une saine marche des affaires, mais pas pour seulement me l’approprier. Au début, il ne m’a pas été facile de décider! J’ai tergiversé durant quelques mois, ayant toutes sortes d’excuses. Pourtant le souffle divin de la petite voix intérieure m’invitait à bâtir une société plus juste. Ceci a créé des relations d’ouverture et de transparence avec le personnel: il avait droit au chapitre!  Le fait de les écouter, de prendre en considération leur avis, a instauré un état d’esprit différent: des relations d’ouverture et de confiance. La démonstration que les mobiles inspirés d’En–Haut peuvent avoir de l’importance quant aux conséquences de  l’usage de l’argent. Cette expérience m’a appris l’humilité et le partage des responsabilités en mettant l’individu en priorité. Aussi celui du sens de servir et de m’engager dans d’autres activités, dont celles de la formation professionnelle et de la paroisse.

2e expérience. Pour la rénovation complète de la cure, il y a 40 ans, le Conseil de paroisse devait trouver un demi million de francs. Aujourd’hui l’équivalent d’env. un million. Ce fut un acte de foi – nous n’avions pas d’argent à disposition – ensemble nous avons prié – alors que la communauté de Bulle  dépendait encore financièrement du Comité vaudois d’aide aux protestants disséminés. Pour rappel, le comité, au tournant du siècle passé, avait généreusement financé l’achat des terrains, la construction du Temple et de la cure, voyant la communauté grandir. A notre demande, la Collecte suisse de la Réformation a permis de recevoir la moitié de la somme. L’autre partie est venue de nombreux donateurs, commerçants, PME, et également des milieux catholiques grâce aux liens étroits tissés avec la population locale lors des fêtes et ventes de paroisse.

Reçu comme un don du Très-Haut, l’argent n’est de la sorte plus condamné à être l’oasis de nos peurs. Ces deux expériences m’ont convaincu de l’existence de Dieu, qu’Il est là et répond.

Malgré les fautes que j’ai faites et que je fais encore et toujours, je perds moins de temps pour rester à l’essentiel. Cet état d’esprit ouvre surtout une perspective de vision différente de ce que nous sommes appelés à vivre dans la société. Mais rien n’est définitivement acquis. Le diable est aussi là, qui rôde et n’attend que le moment propice pour reprendre le dessus. Si bien que j’ai d’autant plus besoin de demander l’aide du Seigneur.  

Mais revenons à l’argent. Il est un moyen d’échange et touche à la liberté responsable. Il est donc en rapport à la relation et doit être partagé. Qui partage son argent laisse tomber le masque, de sorte que l’argent peut être aussi utilisé d’une manière spirituelle en imagination et en relations de fraternité et d’amitié. Par exemple en Suisse, il existe une péréquation financière intercantonale, initiée par la Confédération. La péréquation fonctionne aussi entre paroisses ayant le souci du partage. En rapport avec l’Evangile, il y aurait d’autres sujets à développer concernant l’usage de l’argent, c’est crucial: la transparence, le mode de vie, la consommation des biens. Ces sujets pourraient faire l’objet d’un autre culte, pourquoi pas ! 

Il  me parait donc urgent de repenser une spiritualité de l’économie dans notre pays et nos Eglises pour éviter de se retrouver un jour (déjà actuellement) dans une société marchande et de consommation à outrance. Face aux différentes crises, notamment celles dues au Covid  et au réchauffement climatique devant lesquelles nous nous trouvons (et allons devoir vivre ensemble) – qu’on le veuille ou non – Jésus, me pose cette question: qu’est-ce que l’argent fait ou va faire de toi?  La question, notre Sauveur, la pose également d’une manière urgente à nos communautés, à nos Paroisses. En parler pour avoir bonne conscience ne suffit pas! Avons-nous, le courage et l’obéissance de répondre aux appels d’en Haut ? Se contenter de ce qui est nécessaire est un art que nous devons (ré)apprendre à exercer dans le sens du service à la collectivité comme croyants et en même temps comme citoyens. Merci de votre attention

 

 

 

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