Prédication sur Jean 4

Du dieu-magicien au Dieu-ré/orienteur : le chemin de la vérité.

Bien-aimés du Christ.

Que de malentendus entre nous et Dieu ! Le 1er de tous c’est celui que beaucoup expriment en disant : Si Dieu m’aime, pourquoi cette maladie, pourquoi cette difficulté ?… Si Dieu nous écoute, pourquoi ne répond-il pas à mes prières ?

Comme dans cette rencontre entre Jésus et la Samaritaine. Elle ne comprend d’abord pas pourquoi, il s’adresse à elle. Ensuite, elle comprend à sa façon cette histoire d’eau vive : ce serait génial si ce Jésus lui fournissait un puit ambulant, ce que nous appelons l’eau courante, s’il tirait la conduite jusque chez elle. Cela ferait de Jésus un magicien. De même si je pense que baptiser mon enfant c’est le mettre au bénéfice d’une protection qu’il n’aurait pas autrement.

Ce qui est touchant dans l’attitude de Jésus c’est qu’il ne s’offusque pas. Il accueille ces malentendus, nos malentendus. Il les accueille avec patience dans le but de nous faire aller plus loin. Il accueille les attentes que nous avons envers Lui, ce qui ne veut pas dire qu’il y répondra, mais qu’il essaiera de nous faire aller plus loin. En effet, lui, il voit au-delà de ce que nous croyons être important pour nous. Tirer la conduite d’eau jusque chez la Samaritaine… ouais… ce serait pratique… mais ça ne guérirait pas sa blessure de rejet (si elle vient puiser son eau à midi c’est pour ne rencontrer aucun regard jeté sur elle avec mépris car elle a déjà usé 5 hommes), et ça ne répondrait pas à son besoin fondamental, celui d’être aimée.

Etre baptisée pour que Dieu m’accompagne et m’aide… oui… c’est top… mais au fin fond c’est quoi que je cherche.

Mais c’est aussi vrai, c’est dans le très ordinaire de notre vie que Dieu commence par manifester son amour pour chacun d’entre nous[1].

Nous avons tous nos malentendus avec le Seigneur, moi inclus.

Jésus prend son temps avec nous, pour qu’on lui permette d’accéder à nos profondeurs, là où il ne sera plus le magicien de service, mais où il sera reconnu comme notre Créateur-Dieu-Sauveur-Restaurateur, comme l’ami, fin connaisseur de nos profondeurs.

C’est émouvant de voir cette femme qui se dévoile à Jésus, qui passe de la contestation à la confiance, qui passe de l’auto-isolement à la rencontre avec son village, qui passe de se cacher à s’assumer devant les autres. Elle vit une nouvelle naissance, une conversion. Elle vit une véritable rencontre avec Jésus qui la change, qui la fait revivre. Passer d’une religion de spectateur détaché, extérieur, à une relation avec Christ au-dedans, intime. Passer du Dieu extérieur au Dieu intérieur, d’un Jésus lointain à un Jésus au cœur de mon quotidien[2].

Et là se pose la question de la vérité. Car Dieu recherche des personnes qui l’adorent, le cherchent, le servent en esprit et en vérité. En fait, le grec dit : dans la vérité et dans l’esprit.

Dans la vérité… Quelle vérité ?

Si on regarde la Samaritaine, on constate qu’elle va oser faire face à la vérité sur elle-même. C’est quand je m’approche du Seigneur dans la vérité de ce que je suis, qu’il peut devenir le Dieu qui me restaure, me sauve. Oser faire face à la vérité qui façonne ma vie… pas toujours pour le mieux. Et découvrir que Jésus, Dieu la connaît déjà, et étonnamment m’aime tout en me connaissant. Parce que nous… franchement, nous ne sommes pas sûr d’être aimé avec nos secrets, avec nos disfonctionnements bien maquillés, avec nos jalousies, et nos envies de pouvoir ou contrôle.

Venir à Christ dans la vérité de ce qui m’habite.

Intéressant de voir que la majorité des guérisons que Jésus a opéré ont été des guérisons qui ont conduit les bénéficiaires dans la vérité de qui ils étaient. Ou elles ont été possibles car ceux qui les demandaient étaient dans la vérité sur eux-mêmes, sans maquiller quoi que ce soit.

Laisser Jésus nous conduire dans la vérité de ce que nous sommes pour vivre son action restauratrice et sa présence réelle en nous.

Vous savez, quand la religion nous laisse sur notre faim… c’est très bien. Quand l’idée que nous nous faisons de Dieu nous laisse sur notre faim… c’est positif. C’est le signe que nous ne sommes pas dans une démarche de vérité. Parce que si nous ne sommes pas dans une démarche de vérité sur nous-mêmes, Dieu n’a rien à nous apporter. Quand Jésus donne sa vie pour nous à la Croix, quand Dieu accepte le rejet à la Croix, c’est pour nous dire non seulement son amour, mais nous inviter à la vérité sur nous-mêmes. Quand Dieu se laisse crucifier c’est pour qu’on réfléchisse sur nous-mêmes. Parce que ce n’est pas dans l’ordre des choses que Dieu se laisse éliminer. C’est unique. C’est le fait d’un Amour qui nous dépasse, qui décoiffe.

Quand j’accepte de laisser Jésus visiter ma vérité… il me guérit, il me restaure, il me réoriente. Et là, je découvre un Jésus qui n’est pas magicien, mais qui est le Dieu qui m’aime et veut me conduire dans la Vie avec un grand V. Je découvre un Dieu qui est Esprit, c-à-d le Dieu qui souffle dans les voiles de mon existence pour la faire avancer.

Amen.

[1] Bernard Pommereuil, Appel et conversion. L’inattendu de Dieu dans nos vies, éd. Vie Chrétienne, Paris, 2019, p.17.

[2] Idem, p.26.

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