Restaurer la relation : être artisan de paix. Mt 5,9 et 23-25 ; Col 3,12-15 ; 1 Jn 4,19-21 (Bulle, 22/10/17)

J’aimerais faire un petit lien avec la série actuelle sur le pardon et traiter la question : « comment restaurer nos relations et être artisan de paix » ? Question : avec qui êtes-vous, surtout au sein de l’Eglise, en brouille en ce moment ? Pas la peine de nous voiler la face et faire semblant que tout va bien avec tout le monde ! Paul n’a pas ménagé ses frères de Corinthe qui formaient des clans opposés les uns aux autres, allant même parfois jusqu’à se traîner en justice (1 Co 6,5). Il était très choqué que personne, dans l’assemblée, ne soit assez mûr pour résoudre un conflit à l’amiable. La Parole nous rappelle que les chrétiens devraient être connus pour l’amour mutuel d’autant que tout conflit rend un mauvais témoignage aux non-croyants.

Jésus a dit : « Heureux ceux qui procurent la paix, car c’est eux qui seront appelés fils de Dieu » (Mt 5,9). Notre identité de fils de Dieu est liée à notre fonction d’artisan de paix. Il n’a pas dit « heureux ceux qui aiment la paix » car tous en sont capable. Mais heureux ceux qui cherchent activement à résoudre les conflits. Etre un artisan de paix, ce n’est pas esquiver les conflits, éviter les problèmes, se comporter comme s’ils n’existaient pas ou avoir peur d’en parler. Ça c’est plutôt de la lâcheté ! Restaurer la paix, ce n’est pas non plus capituler systématiquement, comme un paillasson, et laisser les autres vous dominer en permanence. Voici 7 étapes bibliques pour atteindre ce but :

  1. Parlez-en à Dieu d’abord

Il est plus sage de faire d’abord connaitre le problème/sujet du conflit à Dieu dans la prière que de colporter la nouvelle à un ami. Comme David dans les Psaumes utilisons la prière pour nous décharger à un niveau vertical. Rien ne surprend ni n’exaspère Dieu.  Nous pouvons lui exposer et lui dire ce que nous éprouvons dans cette situation : colère, souffrance, frustrations, désarroi, peine, tout autre sentiment. Dans la prière sincère Dieu nous aide aussi à changer notre cœur vis-à-vis de la personne concernée.

  1. Prenez toujours l’initiative.

Que vous soyez l’offenseur ou l’offensé, Dieu nous invite à faire le premier pas. N’attendez pas que l’autre fasse un geste car il risque de ne jamais le faire (conscience du pb ?). Restaurer une relation est si important que Jésus a ordonné de faire passer cette démarche avant l’adoration collective : « Si ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande et va d’abord te réconcilier avec ton frère » (Mt 5,23-24). Il nous faut donc organiser une « conférence de paix » au plus vite avec la personne concernée. Ne remettons pas les choses à plus tard et n’alléguons pas d’excuses. Retarder notre démarche ne fera qu’accroître son ressentiment et envenimer la situation. Dans les conflits, le temps ne résout souvent rien, mais il gangrène les plaies.

  1. Comprenez le point de vue de votre interlocuteur

Ecoutez avant de parler ! Essayez de comprendre l’autre sans être sur la défensive avant d’essayer de résoudre un différend. Montrez de la compréhension même si vous n’êtes pas d’accord. Prenons aussi de la distance vis-à-vis de nos sentiments respectifs. En effet les sentiments ne sont pas toujours vrais ou logiques, et la rancune nous amène souvent à agir et à penser d’une façon stupide. Ps 73,21-22 David avouait : « Quand j’avais le cœur amer et tant que je me tourmentais, j’étais un sot, un ignorant, je me comportais avec toi comme une bête sans raison ». C’est ce que nous faisons tous lorsque nous sommes offusqués. Quand on est attentif à l’autre cela indique nous nous intéressons à lui, à son point de vue, vous montrez que la relation est importante à vos yeux et que l’autre compte pour vous.

  1. Admettez votre part de responsabilité dans le conflit

Jésus a dit : « ôte premièrement de ton œil la poutre, et alors tu verras clair pour ôter la paille de l’œil de ton frère. » (Mt 7,5). C’est essentiel de repérer et admettre notre part de responsabilité et nos erreurs dans un conflit. 1 Jn 1,8 dit : « Si nous disons que nous n’avons pas de péché, nous nous séduisons nous-mêmes ». Peut-être suis-je irréaliste, insensible ou trop susceptible ? L’aveu des fautes est un puissant outil de réconciliation. Quand on commence par reconnaître humblement ses torts, on apaise la colère de son adversaire. 10% responsable de la situation ? Je suis 100% de ces 10% ! Cessons de nous justifier ou de jeter la pierre ! S’obstiner à blâmer notre interlocuteur ne résoudra jamais un différend. Admettons plutôt la part qui est la nôtre dans ce conflit. Assumons la responsabilité de nos fautes et osons demander pardon pour cela.

  1. S’attaquer au problème, non à la personne

Le problème ce n’est jamais l’autre. Le problème, c’est le problème lui-même. Nous devons mettre le problème entre nous et le traiter. Cela passe par la façon dont nous nous parlons. Nous n’obtenons aucun résultat en nous fâchant et en attaquant les autres verbalement. Pesons bien nos paroles. Pr 15,1 dit : « Une réponse douce calme la fureur, mais une parole dure excite la colère ». Pour résoudre un conflit, la façon de parler et aussi importante que nos paroles elles-mêmes. Les paroles cinglantes et agressives ne persuadent jamais personne. Elles ne font qu’envenimer les choses.  Pr 16,21 : « Plus une parole est aimable, plus elle est convaincante». Si nous souhaitons rétablir des relations, nous devez détruire notre arsenal d’armes nucléaires relationnelles (condamnation, mépris, comparaisons, jugement, insultes, attitude condescendante et sarcastique, etc.). Paul en Eph 4,29 dit : « Ne laissez aucune parole blessante franchir vos lèvres, mais seulement des paroles empreintes de bonté… »

  1. Coopérez le plus possible.

Rm 12,18 dit : « S’il est possible, autant que cela dépende de vous, soyez en paix avec tous les hommes ».  Etre artisan de paix, cela nous coute. Cela nous coûte notre orgueil et notre égocentrisme. Paul dit « autant que cela dépende de vous ». Je ne peux pas faire la part de l’autre mais je peux faire la mienne et tout ce qui est en mon pouvoir pour rétablir la relation. Parfois cela nous demandera de faire des concessions, de nous adapter aux autres et de tenir compte de leurs besoins. Quelqu’un a paraphrasé ainsi la 7ème béatitude de Jésus : « Vous êtes béni lorsque vous parvenez à montrer aux gens comment coopérer au lieu d’entrer en compétition ou en guerre avec eux. C’est à ce moment-là que vous découvrez qui vous êtes et quelle est votre place dans la famille de Dieu ».

 Viser la réconciliation d’abord

Dans 1 Co 1,10 Paul dit : « Je vous adresse une recommandation instante : Vivez tous ensemble en pleine harmonie ! ». Harmonie ne signifie pas être d’accord avec tous et penser pareil. Il arrive que nous ayons des divergences d’opinion flagrantes sur différents sujets. Mais nos désaccords ne doivent pas nous empêcher de vivre des relations harmonieuses et une authentique communion fraternelle. Nous pouvons marcher main dans la main sans être d’accord à 100% sur tous les sujets. Dieu souhaite l’unité et non l’uniformité. Il se peut que nous ne réglions pas tous les désaccords mais Christ nous invite à privilégier la réconciliation, à maintenir des relations vivantes et l’amour mutuel entre nous.

Conclusion : En 1 P 3,11 Pierre insistait pour que les chrétiens recherchent « la paix avec persévérance ». But/objectif non facultatif. Oui, restaurer une relation exige de nombreux efforts. Avec qui avez-vous besoin de rétablir une relation ? N’attendez pas une seconde de plus. Parlez à Dieu de cette personne, puis décrochez le téléphone et enclenchez le processus de paix. Je ne dis pas que ces étapes sont simples, mais n’oublions pas : quand vous vous efforcez d’instaurer la paix, vous faites la volonté de Dieu et le Seigneur nomme ceux qui procurent la paix : ses fils et ses filles (Mt 5,9) !

Prière : Père, nous ne voulons pas laisser des relations entre frères et sœurs se dégrader mais être artisan de paix et de réconciliation. Aide-nous par ton Saint-Esprit à prendre les devants, à écouter l’autre patiemment, à reconnaitre nos torts si nécessaire et à parler de façon constructive et bienveillante. Nous voulons être dignes de notre identité de fils/fille de Dieu et mettre en pratique ta parole qui nous demande de t’aimer et de nous aimer les uns les autres. Même si divergences il y a, nous voulons nous regarder les uns les autres comme toi tu nous vois. Viens toi-même façonner l’unité dans ton église.