Vendredi saint. Bulle 2 avril 2021

Luc 22,39-46

Gethsémani : l’épreuve de la croix vécue spirituellement

Le récit que nous avons lu raconte la terrible épreuve, la plus grande épreuve, que Jésus a traversée, au jardin de Gethsémani. Après ce moment, Jésus ne parlera que très peu ; ce sont ses ennemis surtout qui parleront. C’est à la résurrection que la parole sera rendue au…crucifié.

C’est l’épreuve avant la crucifixion. Pourtant, ce n’est pas l’épreuve avant l’épreuve, c’est l’épreuve. Ce qui va se jouer là pendant cette nuit va être révélé lors des chapitres suivants. Gethsémani, c’est la croix subie spirituellement avant d’être vécue concrètement. C’est la croix vécue non devant les hommes, mais devant Dieu seul. C’est la face invisible de la croix. C’est la croix avant la croix.

C’est la passion d’un homme qui va traverser la nuit, l’exil.

L’absence de l’Esprit

C’est une épreuve. Or, dans toute épreuve il manque quelqu’un. L’épreuve, c’est quand quelqu’un manque. Qui manque-t-il ? Où est la force de Jésus ? Où est son onction (la dernière onction mentionnée est celle de son embaument en Marc 14,8) ? Où est sa protection ? Où est son bouclier ? Où est l’Esprit ?

Luc nous a dit qu’avant la tentation, il était rempli de l’Esprit suite au baptême. Apres la tentation, il nous dit que Jésus marchait dans la puissance de l’Esprit. Où est cette puissance ? Où est cet Esprit ?

L’Esprit ne le protège plus ! Jésus est exilé loin de Dieu.

Il est seul sous le regard de son père. Et comme dans toute épreuve, quand Dieu enlève sa protection, le Malin en profite. Les épreuves que nous traversons ont lieu quand Dieu nous expose un peu plus aux forces des ténèbres qu’Il combat tous les jours.

Il n’est pas loin : un jet de pierres, c’est une petite distance. Cela suffit pour être là sans être là. Être vu sans être compris. La preuve : les disciples le voient mais ne partagent pas son combat.

Ce que nous affrontons dans l’épreuve relève de ce que le Christ affronte. Quelque chose s’en est allé, sans que nous sachions très bien quoi, et nous nous retrouvons tout d’un coup privés de ce qui faisait notre couverture, notre assurance, notre protection. Dès que Dieu enlève son bouclier, expose son témoin, le Malin en profite. Il n’attend que cela.

Il se rue telle une hyène sur le témoin. C’est comme dans le monde animal quand les prédateurs repèrent les animaux sans protection

L’épreuve : la volonté de Dieu ou la volonté propre ?

C’est tout l’enjeu du combat. Un combat acharné puisqu’on nous dit que Jésus transpire des gouttes de sang. Et encore, des gouttes… plutôt des caillots (thrombose). Un combat acharné puisqu’un ange est dépêché sur place pour l’assister.

Un combat contre le diable

Si l’ange est là, c’est que l’adversaire est un autre ange, un ange diabolique, autant dire le diable lui-même. Il s’était déjà attaqué à Jésus après sa vocation et avant sa mission. Dans cet espace temporel creux où les choses sont promises, données, mais pas encore accomplies, pas encore mises en pratique. C’est là un moment favori pour l’attaque du diable prédateur. Son but est de détourner l’élu de l’accomplissement de la promesse, son but est de rendre la promesse vaine. Ce temps est le temps de la foi.

Mais là le diable ne s’attaque pas à Jésus pour le détruire. Dans la nature, quand les hyènes s’attaquent à un lion, ce n’est pas pour le manger. C’est pour dérober son butin. Ici si le diable s’attaque au berger, ce n’est pas pour le dévorer, il a déjà essayé mais n’y est pas parvenue. Non ici, c’est pour mieux lui dérober son troupeau.

Alors Jésus leur dit: Je serai pour vous tous, cette nuit, une occasion de chute; car il est écrit: Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées. Mt 26,31

Le butin c’est nous. Nous sommes le butin du Christ. C’est nous que le diable veut, ce soir-là, voir tomber par terre des mains de Jésus. Mais Jésus résiste. Il résiste jusqu’au sang (He 12,4). Il préfère voir son sang tomber à terre plutôt que de voir ses brebis tomber à terre.

Le combat de Jésus à Gethsémani ne consiste pas seulement à rester fidèle à Dieu. Il consiste aussi à rester solidaire de ceux qui ne parviennent pas à rester en communion avec lui plus d’une heure alors qu’il combat pour eux. Une heure (nous dit l’évangile de Marc) !

Jésus va donc vivre ce moment isolé ; isolé et attaqué par des forces ténébreuses dont nous n’avons pas idée. Les forces en question sont celles qu’il a combattues depuis 3 ans au cours de son ministère. Elles prennent en cet instant leur revanche. Ce sont les forces que son Évangile à repoussées qui reviennent tel un boomerang.

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