Intro : Genèse dit que Dieu a créé l’être humain mâle et femelle. J’aimerais mettre en avant le fait qu’il y a de la beauté à être une femme et de la beauté à être un homme.

1. Notre foi face à la théorie du genre (TG) : Il ne s’agit pas ici de polémiquer mais de comprendre ! TG = on ne parle plus de sexe mais de genre. Féminité et masculinité n’ont plus de lien avec la réalité biologique XX ou XY. Vous pouvez être XY (H) mais adopter une identité sexuelle féminine et ainsi ne pas être distingué d’une femme. L’identité sexuelle varie selon le désir sexuel de chacun. Ce déni de la réalité anatomique fait prévaloir le désir et l’orientation sexuels (hétéro, homo, bi, trans) sur le sexe biologique. C’est pourquoi nous entendons plus facilement parler de non-binarité, de transition de genre, de gender-fluid… Perso, je crois qu’une personne est aussi son corps. Le genre se construit conformément à la dimension biologique du corps. Sinon l’individu divise sa personne et s’engage dans une sorte d’éclatement interne.

Cette théorie part d’une vision faussée de l’égalité et cède plutôt à l’égalitarisme. Chacun est pour l’égalité entre Homme et Femme. Mais sous prétexte d’en finir avec la domination de l’Homme sur la Femme, le sexisme ou des stéréotypes, l’égalitarisme conduit en fait à la confusion des identités sexuelles, à niveler voire supprimer les différences entre hommes et femmes au lieu de reconnaître les spécificités, les différences et les complémentarités. Elle veut nous rendre semblables au lieu de nous rendre prochain les uns des autres.

Au risque de déplaire nous ne sommes pas en tout point égaux. Cela ne signifie pas qu’il y a un sexe supérieur ou inférieur à l’autre. Mais nous avons reçu une vocation différente, marquée dans notre corps. Il y a fatalement une asymétrie des rôles dans la maternité (un homme ne fera jamais un bébé). Cette revendication de l’égalité implique une exigence de symétrie absurde. D’autant qu’homme et femme sont biologiquement et psychologiquement construits différemment.

Cette théorie résulte de deux obsessions qui sont celles de la recherche d’égalité absolue (j’en ai parlé) mais aussi de liberté absolue. L’homme pense qu’il ne doit rien à personne, qu’il ne dépend de rien et surtout pas d’une loi naturelle qui l’aurait précédée et encore moins de Dieu. Il devient son propre Dieu et croit de façon orgueilleuse que l’individu se crée lui-même. Il refuse son identité sexuelle qu’il n’a pas choisie et veut construire son genre.

Il est important d’avoir des repères identitaires justes qui permettent la rencontre, la complémentarité, la fécondité des relations. Ainsi nous évitons la confusion, l’interchangeabilité, l’indétermination sexuelle, le retour à une espèce de tohu-bohu sexuel soumis à la loi de l’unique désir personnel de chacun. Si le masculin et le féminin ne sont plus des réalités objectives et fixes, on nie la beauté de la complémentarité homme-femme.

Enjeu spirituel : Dans la ligne de Genèse, Jésus en Matthieu 19 rappelle que la différenciation sexuelle n’est pas un accident mais elle est voulue par Dieu lui-même comme la structure anthropologique fondamentale. L’humain est soit homme soit femme (pas androgyne comme dans les récits de création et mythe grec). De même Dieu n’a pas fait un autre homme pour Adam. Cette différence le confronte à une altérité radicale. Il est appelé à sortir de soi, à sortir du « même » pour aller vers l’autre pour en apprécier les qualités irremplaçables.

Paul associe le refus de l’Autre (Dieu) au refus de l’altérité homme-femme. Cette altérité reflète cette altérité plus radicale encore entre Dieu et l’être humain, entre le Créateur et la créature. Le rejet des distinctions internes à la création va de pair avec la révolte contre le créateur.  Lorsqu’il n’y a plus cette altérité, lorsqu’il y a confusion entre créature et créateur, cela s’appelle de l’idolâtrie.

2. Egaux, ressemblants et différents (Gn 1 et 2)

1° En Genèse 1, homme et femme (mâle et femelle) sont tous deux créés à l’image de Dieu = sont égaux dans leur dignité. L’image de Dieu trouve sa pleine expression non dans la personne seule mais dans le couple homme-femme. Dieu est présent et se reflète autant dans l’homme que dans la femme. Ils partagent une même humanité et un même mandat à assumer ensemble (remplir la terre, exercer la domination/prendre soin). On comprend bien que l’acte d’être fécond et de se multiplier dépend et découle de leur distinction sexuelle respective. L’homme ne peut prétendre à aucune supériorité sur la femme d’autant qu’en Genèse 2 l’homme n’a aucune part active dans la création de la femme (il dort !). Homme et femme proviennent tous les 2 de Dieu !  Elle n’a rien de plus ni rien de moins que l’homme. Elle n’a pas de compte à lui rendre !

2° Dieu créé l’humain deux dans une différenciation sexuée. Si Gn 1 la voit dans une perspective de procréation, Gn 2 la décrit dans un but de relation. Dieu donne à l’homme ce que l’animal ne pouvait lui donner : une aide (« donneur de force »). Elle ne suggère pas un état subalterne. Elle n’est pas son simple auxiliaire telle une servante ! Elle est son soutien-secours-salut. C’est le terme utilisé quand Dieu (Ps 30,11) vient en aide à l’humanité. Cela implique que l’homme a besoin d’elle. Si la femme met fin à la solitude de l’homme elle ne peut être que son égal, son vis-à-vis, son alter ego, son répondant.

Dieu prend un côté d’Adam (pas côte – pas un bout de lui dont elle serait dépendante) et forme la femme. Un commentateur anglais Henry écrit : « Dieu n’a pas fait la femme de la tête de l’homme pour qu’elle domine sur lui, ni de ses pieds pour qu’il la piétine, mais de son côté pour qu’elle soit son égale sous son bras, pour qu’il la protège, et près de son cœur pour qu’il la chérisse ». La femme est son vis-à-vis, un être à côté de lui, en hébreu une compagne.

Car en hébreu pour faire une aide ou un partenaire Dieu se sert du côté. Il crée le côte-à-côte dont le terme s’applique aux 2 battants d’une porte. Ils peuvent être à la fois vis-à-vis quand les portes sont ouvertes et côte-à-côte lorsque les portes sont fermées. Moment de face-à-face, de complicité, de dialogue. Et le temps du côte-à-côte, mains dans la main vers le monde. Ouverture aux autres et retrouvailles à 2 sont deux pôles indispensables.

Os de mes os, chair de ma chair. Il accueille avec joie et reconnaissance un vis-à-vis qu’il reçoit comme un cadeau de la part de Dieu. En Gn 2 ils sont ich et icha : humanité partagée, ressemblants mais différents. Elle est un miroir corporel : il voit dans l’autre un « moi-même » (alter ego) qui est fondateur de compréhension et de respect. L’humain découvre ici que son identité se révèle dans la relation avec l’altérité.

Je m’explique : l’autre qui me fait face n’est pas un étranger totalement inconnu ! Je reconnais ses besoins et j’accepte ses limites comme moi j’ai des besoins et des limites. L’autre n’est pas un étranger mais un semblable, un sujet et non un objet. D’ailleurs l’homme ne nomme pas la femme car elle n’est pas un objet sur lequel il a du pouvoir. Mais elle est une personne à respecter à part entière, dont les idées doivent être respectées, les demandes entendues et les talents valorisés : et ce tout comme les miens ! Alors qui a dit que le texte biblique fondait l’asservissement, l’infériorité et la subordination d’un sexe par rapport à l’autre ! Il n’en est rien !

4° Gn met en valeur toute la complémentarité entre homme et femme. Comprenons bien qu’aucune créature ne peut à elle seule exprimer toute la richesse de la condition créée. Ni l’un ni l’autre à lui tout seul ne peut récapituler l’ensemble de l’expérience et des compétences humaines. L’homme et la femme se complètent pour signifier pleinement ce qu’est l’être humain.

Cette complémentarité peut et devrait s’exercer aujourd’hui notamment dans une répartition des tâches accomplie en fonction des compétences et des goûts de chacun. Aucune tâche n’est par nature dévolue à l’homme ou à la femme (la culture s’en chargera) ! Nous ne pouvons enfermer ni l’homme ni la femme dans des rôles masculins et féminins ! Car être côte à côte c’est d’abord faire équipe !

Nous verrons la prochaine fois comment Paul envisage la place de l’homme et de la femme dans le plan divin.

Conclusion : Dieu a créé l’humain dans une différence qui s’observe jusqu’aux niveaux chromosomique, anatomique, reproductif, physiologique et émotionnel. La différenciation sexuée c’est son projet. Il est beau et bon. Il est beau d’être homme et beau d’être femme. Ce serait nier leur beauté respective que de les faire interchangeables ! Ils sont différents et complémentaires. Le vrai thème du récit de la création c’est que tous les deux trouvent leur individualité et leur spécificité l’un grâce à l’autre. Ne cédons pas à la tyrannie de l’égalitarisme qui ne rend pas hommage à ce que nous sommes. Ne cédons pas à toute forme d’idéologie qui tenterait de réenchanter le monde par des principes qui ont une apparence d’humanisme et de générosité. En tant qu’Eglise nous voulons être un lieu qui manifeste et où peuvent se vivre de nouveaux rapports entre les hommes et les femmes, égaux en droit et d’une égale dignité. Nous sommes invités à accueillir avec joie et reconnaissance notre identité d’hommes et de femmes.