Des études ont montré à quel point c’est important d’avoir des amis. Tout le monde n’a pas la chance d’avoir un grand réseau de véritables amis, des personnes qui partagent une relation semblable à celle qui existait entre David et Jonathan. Caractéristique de cette amitié et comment devenir de bons amis.
1/ L’amitié dans le projet de Dieu
Contexte d’abord : David vient de vaincre Goliath et Saül commence à devenir jaloux de David et va même chercher à le tuer. Et cette amitié survient donc précisément à une période difficile et dangereuse pour lui. David n’aurait jamais pu endurer ces épreuves et encore moins survivre sans l’amitié de Jonathan. David a été sauvé, protégé et donc devenu roi aussi grâce à l’amitié de Jonathan. C’est là que nous voyons à quel point il est important d’avoir des amis proches dans les tempêtes de nos vies. L’amitié nous aide à tenir dans les périodes difficiles de notre vie. Je suis sûr que vous l’avez déjà expérimenté.
L’amitié est importante et pour cause, elle est inscrite dès le début de l’humanité. En effet, Dieu a dit « il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Dieu dit cela alors que nous sommes encore dans le jardin d’Eden ! Là où tout est encore harmonieux et où l’homme bénéficie de l’amitié de Dieu. Mais… il manquait encore des relations d’amour humaines profondes. Nous avions besoin des autres à côté de Dieu !
Et puis l’amitié est aussi inscrite dans l’ADN de Dieu puisque depuis toujours Dieu lui-même est en relation d’amour entre 3 personnes divines. Donc on peut dire que l’amitié fait partie du plan de Dieu. Si nous regrettons ne pas avoir assez d’amis et que nous nous sentons seuls, c’est normal. Parce que Dieu nous a créés pour être entouré d’amis. Ce serait un mensonge de dire que nous n’avons pas besoin des gens. Dieu lui-même nous a créés pour être en relation d’amitié avec lui, avec les autres et pour les autres pour notre joie !
2/ caractéristiques de l’amitié de David et Jonathan
18, 1-4 nous disent beaucoup de choses sur l’amitié entre David et Jonathan. 2 mots décrivent cette amitié : constance et transparence.
D’abord la constance. David et Jonathan ont conclu une alliance entre eux, c.-à-d. qu’ils ont fait un serment d’amitié, des vœux d’amitié. C’est tout l’inverse des relation kleenex (je prends, j’utilise, je jette) dans la mesure où cette relation ne dépend pas des circonstances (difficiles). Elle se fonde sur un choix d’attachement mutuel quoi qu’il arrive au nom de l’amour qu’ils se portent. Par exemple Jonathan comprend que David sera roi et non lui mais cela n’affecte pas son amitié pour lui.
Au moment même où Saül veut le tuer, David demande à Jonathan de lui montrer son attachement (hesed) au nom de cette alliance. Ce mot (hesed) est synonyme de miséricorde, de compassion, d’affection. Mais il recouvre la notion de fidélité, de fiabilité, de loyauté, d’amour persévérant. Donc de constance.
David fait appel à ces qualités en Jonathan et il s’y attend puisqu’il les a promises dans cette alliance. Comprenons que cette alliance se fonde sur la nature même du Dieu de l’alliance, qui est riche en hesed et en fidélité (Ex 34,6).
Cette relation n’a rien à voir avec une relation de type acheteur/vendeur. Quand vous êtes acheteur vous souhaitez que le vendeur réponde à vos attentes ; si ce n’est pas le cas vous changez de vendeur. Ce qui est premier et prioritaire dans cette relation ce sont vos besoins et vos droits. Souvent les relations sont construites sur le modèle économique c.-à-d. en fonction de ce qu’elle peut nous apporter. Que puis-je en retirer ? Quel en est le bénéfice ? Je choisis mes relations en fonction de mes besoins et si elle n’y répond pas alors je peux y mettre fin. En somme c’est une relation dans laquelle on se sert des gens au lieu de les aimer.
Mais chez David et Jonathan, c’est tout autre. Dans une relation d’alliance, vos droits et vos besoins ne viennent pas en premier mais en second. La relation, la responsabilité à l’égard de l’autre sont premiers. Le bien-être de l’autre est premier. David et Jonathan manifestent une amitié profonde, des amis unis par l’amour de Dieu et qui se consacrent l’un à l’autre de manière non égoïste, sans autre motif et sans demander : qu’est-ce que j’en retire ?
Quand Jonathan remet son vêtement à David, c’est comme s’il disait : « j’abandonne qui je suis (ma qualité de fils de roi) et donc j’abandonne mes droits d’héritier ». Chacun aurait pu dire « Jo, t’es fou, tu peux être roi, tu peux bien sacrifier cette relation sur l’autel du succès et de la gloire ! ». Non, Jonathan renonce à ses droits au trône au nom de cette alliance. Il n’a pas regardé à ses droits mais à son amitié avec David. Jonathan montre sa loyauté envers David en reconnaissant en lui le futur roi. Conséquences : il perdra ainsi la confiance de son père qui lui devient hostile. Et cette fidélité à David va même le conduire à la mort dans une attaque au Mont Guilboa.
L’autre marque de cette amitié est la transparence. Cet attachement signifie littéralement que l’âme de Jonathan fut liée à celle de David. Cette expression ne se retrouve que dans la relation d’affection de Jacob avec son fils Joseph en Gn 44,30. Cela veut dire quoi ? Chacun s’ouvre suffisamment pour permettre à l’autre de voir ce qui se passe en nous. Voilà un truc avec lequel on a beaucoup de mal (culturel) car nous mettons souvent un masque et des barrières pour ne trop laisser les autres voir ce qui se passe en nous !
On voit David et Jonathan pleurer, 2 mecs, 2 guerriers qui pleurent et s’embrassent… Mais ce n’était pas inhabituel à l’époque. Dans Actes 20, on voit Paul exprimer ses émotions quand il quitte ses amis pour Rome. Les amis s’ouvrent pour vous laisser voir leurs sentiments les plus profonds. Ils partageaient en vérité leurs joies, leurs peines, des choses qui sont réellement importantes pour eux deux. Et ils se souciaient mutuellement de ce qui leur arrivait. Le véritable ami désire trouver ce qui est unique en vous ; s’il trouve en vous faiblesses et défauts (soit que nous ne voyons pas soit dont nous ne sommes pas conscients) c’est pour gentiment vous aider à devenir meilleur. Nous n’avons pas à nous mettre sur la défensive car l’objectif est toujours de nous faire grandir dans notre relation à Dieu et aux autres. Et comme Eglise nous devrions être un lieu sécure pour le faire.
3/ Jésus : l’ami ultime et source d’amitié
Qui voudrait un ami comme Jonathan ? Comment le devenir ? Les amis mettent leurs besoins en second pour le bien des autres. Comme j’ai dit, en donnant son vêtement il abandonne ainsi son droit à la couronne. Lui donner son épée signifie qu’il devient vulnérable. C’est comme dire « je vais te servir jusqu’à la mort ». Au nom de cette alliance il refuse de se ranger du côté de son père contre David. Car s’il l’avait fait David serait mort et lui serait devenu roi. Jonathan aurait pu aussi contribuer à faire éliminer son père ou l’abandonner et devenir un fugitif pour échapper à la colère de Saül. Il a été loyal autant à son père qu’à David. Il a fini par laisser David partir et lui mourra…
Jésus a dit : « je ne vous appelle plus serviteurs, mais je vous appelle amis…il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis ». Mais Jésus est venu comme l’ami ultime. Le mot « ami » renvoie à une relation intime, profonde et de confiance. L’exemple même de constance et de transparence. Jésus a aussi ôté sa robe royale et a renoncé à son trône (cf. Ph 2). Sans épée, il était vulnérable. Il a mis sa condition divine de côté et il est mort pour nos péchés sur une croix. Jésus est resté loyal autant à l’amour de Dieu qu’à la justice de Dieu. Si David a été sauvé par le sacrifice de Jonathan à son égard, à plus forte raison sommes-nous sauvés par le sacrifice ultime de Jésus, quand nous mettons notre confiance en lui.
Nous parlions de constance et de transparence. De ces amis qui s’ouvrent à vous et ne vous laissent pas tomber. Jésus n’a jamais laissé tomber ses disciples qui pourtant ont fui le vendredi saint ; il a ouvert grands les bras sur la croix pour dire à quel point il a tout donné de lui. C’est en regardant à notre ami Jésus et à tout ce qu’il a fait pour que nous devenions ses amis …que nous pourrons devenir le même genre d’ami pour les autres.
Vous savez à quel point il nous aime ? C’est qu’il nous a sauvé par grâce. Il n’a pas dit : « que puis-je retirer de ce que je vais faire pour eux ? ». Il a abandonné tous ses droits par amour pour que nous soyons sûr de son amour pour nous, notre plus grand besoin. Il donne tout, sans rien garder, pour nous accorder son amitié alors que nous ne méritions rien… Par grâce, c.-à-d. tout l’inverse d’une relation marchande ! Par grâce : cela signifie que nous ne serons jamais en déficit d’amour de la part de Dieu. Par grâce : vous ne pouvez rien faire, vous n’avez rien à prouver pour paraitre bon ou meilleur aux yeux des autres pour être aimé tout simplement parce que la grâce dit que nous sommes déjà aimés en Jésus. Un amour qui comble tous nos besoins.
Chers amis, qui pourrait dire « je n’ai pas besoin de cette relation d’amitié ? » Jésus témoigne à notre égard d’un amour constant, loyal, fidèle malgré toute notre propre inconstance et infidélité. Un amour transparent qui ne retient rien pour lui-même et qui désire partager avec nous qui il est.
Sa transparence et sa constance sont les bases de notre propre constance et transparence. Nous deviendrons ainsi des amis que les autres apprécieront. Notre niveau de constance et de transparence suscitera, appellera et fera grandir un niveau de constance et de transparence aussi chez les autres. Et cela permettra à d’autres personnes de devenir le type d’amis que nous désirons avoir. Oui, regardons à Jésus notre ami ultime et à ce qu’il a fait pour nous et son amitié fera de nous le type d’amis que nous et les autres ont toujours eu envie d’avoir ! Amen
Textes : 1 Samuel 18:1–4; 12-16 ; 19:1–7; 20:1-2; 12-17; 40–42 ; Jn 15,9-15
