En décembre 2018, lors d’une célébration dédiée aux chrétiens d’Orient persécutés le Prince Charles évoquait l’histoire de Sœur Luma qui faisait partie des 100.000 chrétiens irakiens qui avaient choisi de rentrer au milieu des décombres pour reconstruire leurs communautés après avoir été chassés de chez eux par Daesh. Pour le Prince Charles ce retour constituait « le plus merveilleux témoignage de résilience de l’humanité et de l’extraordinaire pouvoir de la foi de résister aux efforts les plus brutaux pour l’éteindre ». Il a ajouté qu’il était « profondément humilié et profondément ému par la grâce extraordinaire et la capacité de pardon constatée chez ceux qui ont tant souffert ». « C’est un acte de courage suprême, de refus de se définir par les actes subis, de détermination à ce que l’amour triomphe de la haine ».

  1. Qu’est-ce que la résilience ?

Quel que soit le domaine dans lequel il est utilisé (économie, écologie, informatique, psychologie), ce terme désigne une capacité à récupérer, à se rétablir, à se restaurer, à fonctionner après un problème.  Initialement ce terme désigne la capacité d’un matériau à reprendre sa forme après avoir subi une contrainte ou encore le nombre caractérisant la résistance d’un matériau aux chocs répétés.

Quand on a été éprouvé, nous pouvons perdre confiance en la vie, en nous et en certaines personnes. Nous recroqueviller sur nous-mêmes. Nous nous sentons comme pris au piège de notre passé et nous avons du mal à reprendre la route, à nous tourner vers l’avenir. Justement, la résilience est cette capacité à supporter les chocs de la vie, à nous relever, à nous projeter et à aller de l’avant après un échec, un rejet, une agression, un trauma, un abus, une situation de détresse, une maladie, etc. Dans la bible, beaucoup de personnages ont vécu ces situations.  La résilience est un processus de croissance positive malgré de très grandes difficultés. Difficultés qui n’ont pas empêché Sœur Luma de se relever et de se tourner résolument vers l’avenir.

Une prof de théologie adventiste (Geneviève Aurouze) a écrit, je cite : « la résilience, véritable chemin vers la victoire, représente la mise en mouvement pour vaincre l’adversité. La résilience est le fruit d’une décision : celle de modifier son regard sur l’épreuve pour trouver la petite étincelle qui va donner sens à la vie. Décision d’avancer sur les chemins, en cultivant l’espoir et en cherchant appui pour écarter les cailloux qui peuvent encore blesser ».  Pour beaucoup, le mal subi les a comme stoppé nets sur leur chemin. Mais le Seigneur veut nous aider à ne pas rester bloqués sur le mal qui nous a été fait parce que sinon le mal reste une fois de plus vainqueur…

  1. Bible et résilience : lève-toi…

Ces situations difficiles ne laissent pas Dieu indifférent. Au point que c’est souvent Lui qui prend l’initiative et s’approche des hommes et femmes éprouvés et accablés pour les appeler à se lever et les remet en mouvement : Adam et Eve, Joseph, des prophètes, des malades ou des morts rendus à la vie.  Lève-toi ! Va ! leur dit Dieu ou Jésus. Après un coup dur, comme Elie nous pouvons rester dans notre grotte. Comme Lazare dans notre tombeau. Mais Dieu dit à Elie déprimé : Lève-toi et reprends ton chemin ! A Gédéon face à ses ennemis : Va avec la force que tu as ! A Lazare mort : Sors de cette tombe ! Au paralytique pardonné et guéri : Lève-toi et prends ton brancard !

Dans son amour, Dieu ne cesse d’appeler ses créatures à la vie : Lève-toi ! Va vers la vie, vers un avenir. Ne reste pas enfermé dans ton passé ni dans ton tombeau d’amertume, de regrets, de peurs. Ce n’est pas ta place ! Dis-le : ce n’est pas ma place ! Le passé, ce qui s’est passé ne peut pas, ne doit pas nous définir. Ta vie ne se réduit pas à ton passé le plus obscur soit-il. L’espérance chrétienne ne dit pas seulement qu’un monde meilleur est pour demain. Il dit que même au cœur du tombeau un élan de vie est déjà en germe.

Cet encouragement était comme la base de tout redressement et de tout changement de cap. Cette remise en marche se fait 1/toujours avec l’aide bienveillante et attentive du Seigneur (je serai avec toi…) au travers de paroles, de gestes d’amour.  Mais parfois, nous voyons que cela 2/ demande aussi l’aide, l’amitié et la sollicitude d’autrui. Et enfin, la personne ne peut pas rester passive et doit favoriser la rencontre avec celui qui l’aide à la résilience en manifestant un désir de changement et par une recherche de tout ce qui peut lui redonner la force de se lever et de marcher. Nous verrons cela au point 3.

Dans la bible, la résilience ne signifie pas que tout sera comme avant. La croissance se fait AVEC les blessures du passé. Le mal est là. Jésus ne l’explique ni ne l’élimine complètement. Il prend acte du mal ; il est attentif à ceux qui sont blessés et il cherche pour chacun une autre plénitude. A Pâques, Jésus montre à Thomas que ses blessures sont toujours bien présentes… MAIS elles ont été transformées en nouvelle vie.

Ainsi Dieu ne promet pas un paradis terrestre sans blessures ni déceptions. Mais nos blessures peuvent se transformer en une vie nouvelle et inattendue. Cf. ma cicatrice : tjrs là-présente/plus de douleur attachée à elle. La résilience ne supprime donc pas le passé ni les blessures. MAIS… celles-ci ne bloquent pas, ne détruisent pas la vie. Cœur de la foi : Jésus a connu Vendredi saint. Mais il n’est pas resté dans le tombeau. Dieu a ouvert un avenir. Les puissances de mort n’ont pas eu le dernier mot. Il a été relevé ! La pierre du tombeau a été roulée, nous pouvons donc sortir, nous aussi ! La question c’est comment ?

  1. Aides à la résilience : part de Dieu, part des autres, notre part

Les pistes que je donne sont pour nous-mêmes ou pour aider qqun à se relever.

Recevoir son amour. Toute rencontre avec Jésus faisait basculer une vie de façon positive et libérait une nouvelle croissance parce qu’il aime de façon inconditionnelle (Zachée). Cet amour est comme une force motrice qui génère un élan spirituel intime vers la Vie. Tous ceux guéris par Jésus sont remis debout et en marche par un geste d’amour qui redonne confiance en soi et en la vie. 

Se savoir accepté inconditionnellement. Il semble qu’un adulte résilient a rencontré sur son chemin au moins une personne qui s’est intéressée à lui personnellement, a pris le temps de l’écouter, s’est efforcée de le comprendre et a cru en lui. Si nous pensons que nous sommes nuls ou incapables à cause de ce qui est arrivé, c’est faux. Fondamentalement nous sommes acceptés par Dieu et nous gardons toute notre valeur à ses yeux. Nous sommes ses enfants bien-aimés. Son amour nous revalorise à nos propres yeux, nous reconstitue dans notre identité et nous permet de retrouver un sens à la vie.

2.Accepter l’aide pratique des autres pour nous relever. Lazare fut aidé de ses amis pour être délié des bandelettes qui l’entravaient. Nous devons reconnaitre que nous ne pouvons pas nous en sortir seuls. Nous avons besoin de l’amitié, de la compassion et du soutien de nos amis pour sortir de l’obscurité et entendre la parole libératrice du sauveur, ou pour une aide pratique.

Recevoir le réconfort/l’encouragement des frères dont notre esprit a besoin. 2 Co 7,6 : Dieu, qui relève le courage de ceux qui sont abattus, nous a réconfortés par l’arrivée de Tite. Après un coup de massue, notre esprit est abattu disent les Psaumes. Notre esprit a besoin d’être régulièrement encouragé par les paroles de vie et la prière des autres pour reprendre force et lui permettre d’assurer de nouveau le rôle qui est le sien de transmettre la vie à notre être entier.

Recevoir le ministère de la prière et laisser le Saint-Esprit lever tout ce qui nous entrave physiquement, psychiquement et spirituellement. Il peut s’agir de briser des paroles de malédiction, de mauvais liens d’âmes, etc.

3.Notre participation active : se nourrir de la Parole de Dieu et de la prière pour fortifier notre esprit. Sa parole est esprit et vie et notre esprit a besoin de recevoir les promesses, les encouragements, la vie dont il a besoin pour retrouver les forces indispensables à la guérison et à notre marche en avant.

Comme Elie, ne pas rester le regard fixé sur soi et s’obstiner à accuser les autres car cela nous empêche de sortir de notre grotte de dépression. Prenons nos responsabilités et changeons ce que nous pouvons changer avec son aide. Car nous ne sommes pas passifs mais acteurs dans ce processus.

Exposer notre détresse voire notre colère à Dieu comme David dans les Psaumes, épancher notre cœur devant lui et le laisser nous rejoindre dans son amour. L’expression de notre colère est thérapeutique, en plus du pardon.

Pardonner à ceux qui nous ont fait du mal. Le pardon a un grand rôle dans la résilience car il est comme une clé qui nous libère d’une prison afin de retrouver la vie. Quand on ne pardonne pas l’autre gagne 2 fois : pour le mal qu’il nous a fait et pour le pouvoir émotionnel qu’il exerce encore sur nous (le non-pardon est comme un boulet qu’on traine et nous empêche d’avancer)

Conclusion[1] : avec Dieu, avec les autres et en faisant notre part, sortons vers la vie, vers un avenir et une nouvelle liberté en Christ ! N’oublions pas, la pierre du tombeau est roulée, ce n’est pas pour rester dedans ! 3 choses pour finir :

  •  Tout mal ne peut et ne sera pas évité. Fortifions-nous (et nos enfants) dès aujourd’hui pour avoir une capacité toujours plus grande de résilience.
  • Si Christ vous a conduit vers la vie, la parole que Jésus adressa au gadarénien possédé et délivré est aussi pour toi : va, retourne dans ta maison et raconte tout ce que Dieu a fait pour toi
  • Et si vous souffrez, si vous avez souffert, pensez à l’huitre. N’oubliez pas que chez l’huitre, les perles se construisent autour d’une blessure (perle est le fruit d’une agression extérieure)… JS Bach qui a beaucoup souffert a composé un Oratorio de Noël magnifique qui exprime à sa façon la résilience et dont les paroles et la mélodie affirment que les forces de la vie vaincront les forces du mal.

Prière : Seigneur, ton amour, ta parole et ton Saint-Esprit nous aident à sortir de nos tombeaux, à nous relever et à aller de l’avant, merci. Viens transformer toute chose et faire jaillir une vie nouvelle malgré les blessures. Viens Saint-Esprit, j’invoque ta présence et ton action sur la vie de chacun-e d’entre nous afin que tu nous rejoignes dans ce que nous avons vécu, que ta puissance de résurrection soit à l’œuvre ; viens guérir les émotions blessées, relève les esprits abattus ; aide-nous à pardonner si nécessaire aux personnes qui m’ont fait du mal ; surtout témoigne à mon esprit de ton amour et qu’il génère un nouvel élan de vie… Merci de me donner des amis qui m’encouragent et aide-moi à faire ma part et prendre mes responsabilité. Je t’entends me dire : lève-toi et va…sors… car ce tombeau ce n’est pas ta place. Tu me veux vivant de ta vie. Je te loue Père, par Jésus Christ qui me donne un nouveau départ. Amen

Pour aller plus loin. De quel tombeau Jésus veut-il te sortir ? De quelle aide as-tu le plus besoin ? Quelle est ta cicatrice et en quoi sa blessure s’est transformée en vie nouvelle ? Idée lecture : ZUBER Evelyne, Lève-toi et va vers la vie. Empreintes, 2018.

Lectures : 2 Co 1,4-5 et 4,8-9 ; Es 40,27-31 ; Ps 145,13-19 ; Jn 11,38-44 

[1] Pour lire sur ce sujet de la résilience, je propose : ZUBER Evelyne, Lève-toi et va vers la vie. Bible et résilience. Editions Empreinte, 2018, 191 pages

Inscrivez-vous à notre bulletin d'information

Vous recevrez par mail les informations utiles et importantes de notre paroisse, ainsi que des messages de la part de nos pasteurs (prières, méditations, ...)

Votre inscription nous est bien parvenue. A bientôt !