Prédication sur Ge 1

L’homme au 7e jour : émerveillement – humilité – valorisation

Bien-aimés du Christ.

Ce texte de Genèse est riche en sujet de méditation pour peu qu’on n’en fasse pas une lecture aux pieds de la lettre, mais une lecture aux pieds de l’Esprit qui planait à la surface des eaux. Dans notre dialogue muet, vous avez mentionné de nombreuses pistes de méditation.

Nous vivons une époque où l’on nous assomme avec le dérèglement climatique et où tout se résume bientôt à un enjeu écologique. Alors je ne vais pas ajouter une couche ce matin. Toutefois, j’aimerais m’arrêter sur 2 points que je compléterai encore le 1er octobre lors du culte que j’animerai avec C.C.

Je me suis demandé pourquoi Dieu crée l’être humain en dernier dans ce récit. Il lui donne une place particulière : être à son image, mais il le crée en dernier. Pourtant, il avait bien l’idée de le créer dès le début… Tiens… me suis-je dit, ça me fait penser à des parents qui préparent la chambre qui accueillera leur bébé qui va naître. Si tu as été mère, tu te souviens du soin que tu as mis à choisir le petit lit et à le faire, et la décoration, et peut-être quelques petits jouets. Moi, je me souviens que pendant que mon épouse était à l’hôpital après avoir donné naissance à notre fils, j’aérais la chambre du bébé et qu’un jour quand je suis monté pour fermer la fenêtre – nous habitions la cure – j’ai découvert que le chat du voisin s’était introduit dans la chambre et avait fait caca sur le duvet du petit lit : je me souviens encore de la colère que cela a déclenché chez moi. Pourquoi ? Parce qu’avec amour nous avions préparé le lieu devant accueillir notre enfant et que ce lieu avait été souillé.

Dieu a préparé cet univers et cette terre en particulier pour nous accueillir, nous, qu’il a voulu comme ses enfants. C’est le lieu qu’il a préparé, voulu et organisé pour que nous puissions y vivre, y grandir, nous y épanouir. Et il nous y a mis comme étant son image, appelés à lui ressembler. Nous allons donc quand même pas saccager ce lieu. Non ?

Quand Dieu a fait l’univers, il nous attendait déjà. Il savait que tout ce qu’il faisait c’était pour nous. Et à chaque étape, il s’en émerveillait voyant que tout ce qu’il faisait était une bonne chose. Bien sûr, certains diront que mes propos sont d’un infantilisme navrant, parce que tout le monde sait que l’univers est apparu selon un procédé dit scientifique. Pourtant, force est de constater que c’est bien cette approche d’une création sans créateur qui a donné à l’humain l’illusion d’en être le maître plénipotentiaire avec les résultats que nous connaissons aujourd’hui : un saccage effrayant.

Et si le Créateur s’émerveillait de son œuvre, de ce qu’il préparait pour nous, à combien plus forte raison ne devrions-nous pas nous émerveiller devant la Création ! L’autre jour en montant à la cabane du Wildhorn, nous nous extasions devant un champ d’edelweiss. Tu ne peux pas t’émerveiller devant quelque chose et puis le piétiner. Lutter pour le climat et contre la surconsommation en jetant un pot de peinture sur une œuvre d’art c’est juste démontrer ton incapacité à l’émerveillement. 

Cultivons notre capacité à nous émerveiller de la Création. S’émerveiller c’est aussi s’ouvrir à la gratitude et pourquoi pas à la confiance.

Un commentaire rabbinique dit[1] : L’homme devrait toujours avoir 2 poches dans lesquelles il puiserait selon ses besoins. Dans l’une seraient écrits ces mots : « C’est pour mon salut que la terre a été créée ». Et dans l’autre : « Souviens-toi que tu n’es que cendre et poussière ». Poussière, mais poussière d’or car comme le dit un autre rabbin : Le plus grand mal c’est d’oublier que tu es fils de Roi[2]. De ce roi qui t’a fait à son image pour que tu lui ressembles (ce que nous développerons le 1er octobre).

Pourquoi Dieu a-t-il créé l’homme en dernier ? Pour lui montrer son amour s’exprimant dans la merveille qu’est ce monde qu’il lui a donné pour demeure, pour lieu de vie.

Mais il y a peut-être encore une autre raison. Imagine que l’homme ait été créé le 2e jour de la Création. Pour qui ne se serait-il pas pris ? Pour le co-créateur peut-être, ou pour Dieu lui-même…  Le Seigneur n’a-t-il pas voulu nous dire à quel point nous dépendons de ce monde pour notre vie ?… Les spirituels diront que nous dépendons du Seigneur. D’accord. Mais, Lui, il nous a donné la terre comme lieu de vie. Notre arrivée dans ce monde en fin de processus créationnel devrait nous remplir d’humilité. Nous sommes ici dépendant de cette terre et avons donc à en prendre soin.

Karl Barth dit aussi que la création, en particulier le monde animal créé avant l’humain, avait pour but de rappeler à l’homme sa position de créature et de dépendance envers le Créateur, car eux n’ont pas la prétention d’asservir leur environnement ni de se prendre pour Dieu[3].

D’ailleurs, je me permettrai d’ajouter encore ceci : la 1ère chose que Dieu fait lorsqu’il a créé l’homme c’est de l’associer à son repos. Vous souvenez-vous de ce que nous avons dit sur le repos il y a 2 semaines ? Se re-poser, se recentrer, simplement prendre le temps de réfléchir au sens de ce que nous avons fait et faisons, oser la gratitude, etc. Dieu associe l’homme à cette démarche du repos avant de lui confier le soin du jardin dans le chap. 2 de Genèse. Comme pour dire : Mon enfant, avant de foncer dans la responsabilité que je vais te confier, arrête-toi un instant pour t’émerveiller et pour ne pas oublier d’où tu viens, de quelle poussière tu es fait, et de qui tu es le fils, la fille.

Prends le temps de t’émerveiller de la Création durant cette semaine et observe l’effet que cela a sur toi. Prends le temps de t’émerveiller peut-être de ton corps et de la sagesse avec laquelle chaque organe a été pensé. Jésus s’est lui-même émerveillé de la nature et l’a souvent cité en exemple pour notre vie de croyant.

S’émerveiller ne peut que réveiller en nous un sentiment plus aigu de responsabilité.

Amen.

 

[1] Cité par Antoine Nouis, L’aujourd’hui de la Création, Olivétan, Lyon 2001, p.69.

[2] Ibidem.

[3] Cf. Karl Barth, Dogmatique 10.189-190. Index général et textes choisis. Labor et Fides, Genève 1980.

Inscrivez-vous à notre bulletin d'information

Vous recevrez par mail les informations utiles et importantes de notre paroisse, ainsi que des messages de la part de nos pasteurs (prières, méditations, ...)

Votre inscription nous est bien parvenue. A bientôt !