Prédication Réf. 21 sur Marc 12,28b-34 et Ac 9,10-12 / Es 6,8

Me voici ou être disponible aux appels de Dieu pour ce monde.

Bien-aimés du Seigneur,

Qui ne s’est pas déjà énervé lorsqu’il ou elle appelle un numéro de téléphone et entend un ordinateur lui répondre et lui faire ensuite le coup de la petite musique et de la phrase : toutes nos lignes sont occupées, merci de patienter. Et ça dure parfois une éternité. Imaginez vivre cela lorsque vous faites le 144 ou le 117. Impensable. Il est des services dont nous attendons une disponibilité instantanée et qu’on nous réponde immédiatement : Me voici, je suis à votre disposition, que puis-je pour vous ?.

De nombreuses fois dans la Bible, me voici est la réponse d’hommes et de femmes à l’appel de Dieu. Abraham, Jacob, Moïse, Samuel, Esaïe, Ananias, Marie, Pierre.

Me voici répond à un appel. Me voici, je suis là, c’est ce qu’on dit à quelqu’un qui nous cherche, qui nous demande, qui nous attend. Me voici c’est une réponse de disponibilité personnelle à quelqu’un qui a besoin de nous. Qui dit me voici ne délègue pas. Il ou elle se rend présent à l’appel perçu.

Dans l’Evangile de ce jour, Jésus résume la volonté de Dieu son Père à l’amour, à l’aimer, lui Dieu, notre prochain et nous-mêmes. L’appel à aimer est par excellence celui auquel je ne peux pas répondre par délégation. Je ne peux pas déléguer quelqu’un pour aimer mon épouse. C’est à moi de le lui montrer. L’amour c’est une démarche qui engage de ma part un me voici pour toi. Aimer par procuration ça n’existe pas.

Entendons-nous encore l’appel de Dieu ? Moi je crois que Dieu nous appelle tous, chacune, chacun. Il nous appelle par notre nom. Il nous appelle de différentes manières. Il attend notre me voici Seigneur. Il nous appelle à l’aimer, mais aussi à nous témoigner les uns les autres de l’amour. L’amour c’est pas des émotions, c’est un engagement en faveur de l’autre. C’est ce que Jésus a fait en donnant sa vie à la Croix pour nous. Il s’est engagé pour nous. Et il nous appelle à nous engager à notre tour pour lui et pour les autres, pour ce monde aussi, à prendre soin les uns des autres.

Tu me diras : Mais comment le Seigneur m’appelle-t-il ? A quoi m’appelle-t-il ? Je crois que Dieu fait appel à notre disponibilité par différents moyens. Je vous donne quelques exemples.

  • Abraham ressent fortement l’appel de Dieu lorsque son père enferme toute la famille dans un deuil qu’il ne parvient pas à faire. Jacob entend l’appel de Dieu au milieu des abus dont il est l’objet par Laban qui changent sans cesse son salaire. Le Seigneur peut nous faire signe qu’il nous appelle à quelque chose d’autre au sein de nos moments d’emprisonnement, au sein de ce qui cause en nous une sorte de dépression. Il utilise parfois l’état de notre âme qui dépérit, parfois nos problèmes de santé quand elle nous dit stop.
  • Moïse, Esaïe, Esther réponde me voici au Seigneur, quand ils sont face à la détresse des gens de leur temps. Dieu peut nous lancer un appel par la détresse d’autrui.
  • Pierre dira à Dieu me voici suite à une question qui le triture : puis-je sortir du cadre que ma tradition religieuse m’impose pour aller à la rencontre d’autrui ? Il y a des questions que nous nous posons qui cachent un appel à écouter ce que Dieu veut nous dire. Des questions que nous nous posons et des interpellations que d’autres nous font.
  • L’appel de Dieu peut nous arriver par une intuition soudaine et étrange. Par un rêve, une vision. Qu’on pense à Samuel, Marie, Ananias.
  • Martin Luther a ressenti l’appel de Dieu au sein de ses angoisses personnelles et devant la corruption et la compromission régnant dans l’institution ecclésiastique.

Nous peinons à écouter les appels de Dieu pour 4 raisons. La 1ère c’est que nous pressentons le dérangement que cela va impliquer. La 2e c’est que nous avons pris l’habitude de déléguer à des professionnels de très nombreuses tâches d’entraide. L’Etat et ses services s’en occuperont. Les assurances vont intervenir. La permanence psy saura y faire. Les pasteurs feront le reste. Etc. Cette délégation est à la base de notre individualisme. La 3e c’est que nous n’entendons même plus ces appels tellement nous sommes pris dans nos projets et nos obligations. Et 4°, je crois que nous sommes découragés et pensons que de toutes façons notre me voici ne changera rien à rien, rien n’arrêtera le monde dans sa dérive.

Réponde me voici aux appels de Dieu est le signe que nous lui sommes présents, mais aussi que nous sommes présents à nous-mêmes, à ce qui se passe en nous.

Répondre me voici au Seigneur, c’est aussi permettre à son projet de se déployer par notre intermédiaire. C’est permettre à son amour de devenir concret dans ce monde.

Le me voici de Marie a fait que Jésus est venu dans ce monde.

Le me voici de Moïse a permis la libération des Hébreux d’Egypte.

Le me voici d’Ananias a rendu la vue à Saul.

Le me voici d’Esther a évité le génocide des juifs par Assuérus le Perse.

Le me voici d’Esaïe et des prophètes a constitué un formidable contre-pouvoir au pouvoir politique de l’époque, un appel incessant à faire preuve de recul critique face aux politiques de l’époque.

A chaque fois que des hommes et des femmes ont répondu au Seigneur me voici, des choses étonnantes ont pu avoir lieu. A chaque fois, cela a permis au Seigneur de manifester son amour, sa réalité, sa puissance et sa présence. Souvent ça a pris du temps, c’est aussi vrai. Aucune réforme personnelle, sociétale ou ecclésiale n’est possible sans ce me voici donné librement au Seigneur. Nos me voici permettre à la bénédiction de Dieu de s’étendre, ils ouvrent des solutions de vie là où la mort et l’enfermement règnent.

Me voici est pour nous le seul moyen d’aller à la rencontre de ce Dieu qui nous aime au point de s’être donné pour nous à la Croix et qui désire non pas notre religiosité, mais notre amour, notre disponibilité pour exercer notre amour. Je dis exprès exercer, car aimer de tout son cœur, de toute son âme, de toute son intelligence, de toute sa force ça se ne fait pas du jour au lendemain, ça s’apprend petit à petit. En répondant me voici aux petits appels venu d’autrui ou du Seigneur.

Me voici c’est la réponse de qui est présent à l’appel que Dieu lui adresse.

Me voici c’est le 1er pas vers aimer concrètement. C’est ce qui permet au Règne de Dieu de s’insérer un peu plus dans ce monde pour le rendre un peu plus vivable. C’est ce qui rend toute réforme possible et durable.

La question que je nous laisse c’est : sommes-nous sensibles à ces appels à répondre me voici ? Et quels seraient ces appels ?

Amen.

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