Bulle (assemblée de paroisse 26/11/2017). Apocalypse 2,4

Les lettres aux 7 églises d’Asie mineure sont pleines d’enseignements pour nos communautés. Elles relèvent les forces et les faiblesses de ces églises non pour les blâmer mais pour les encourager à persévérer dans leur mission. Si Dieu leur fait des reproches c’est afin que ses églises se rapprochent de lui.

Dieu reconnait à l’Eglise d’Ephèse son travail et sa persévérance mais lui reproche d’avoir abandonné son premier amour. Et moi ça me touche ! Dans sa lettre aux Ephésiens (1,15) Paul avait fait l’éloge de l’Eglise d’Ephèse pour son amour envers Dieu. Il semblerait donc que les croyants de la 2ème génération aient déjà perdu leur zèle originel pour le Seigneur, comme quoi ça peut aller très vite…

Tout comme au début d’une relation amoureuse les croyants sont pleins d’enthousiasme pour Dieu. Souvenons-nous de l’amour que nous avions pour Dieu à nos débuts dans la foi : c’était simple, fort, plein de confiance, une intimité passionnée, nous étions prêts à tout donner, à tout risquer pour lui… Cet amour que nous avions était le signe qu’il n’y avait rien de plus important que lui, mais retenons surtout ceci : c’était un amour sans partage.

Et puis cette passion s’est peu à peu estompée. Cela ne s’est surement pas fait du jour au lendemain. Cela commence quand nous oublions la gravité du péché et par voie de conséquence nous en perdons la joie du pardon et du salut. La grâce est devenue un oreiller de paresse. Comme les chrétiens d’Ephèse nous avons désormais la connaissance mais plus forcément l’enthousiasme. Je rappelle que le mot enthousiasme signifie « être en Dieu ».

Au lieu d’être un feu brulant qui habite en nous, notre relation est devenue monotone, une habitude et un devoir. Aimer Dieu ne devrait pas être un devoir mais une ferveur joyeuse nourrie par l’amour que Dieu a pour nous ! Jésus est mort par amour pour nous : cela ne devrait-il pas susciter en nous un amour toujours plus intense pour lui ? D’où l’importance de méditer la croix, le sens de la croix, régulièrement.

Cette lettre met le doigt sur quelque chose qui peut nous concerner si on ne fait pas attention. Nous pouvons entreprendre de nombreuses actions envers nos communautés, elles peuvent être très actives, pleine d’activités, nous pouvons être nombreux à vouloir travailler pour Dieu… mais cette lettre pose une question fondamentale : quelle est notre motivation ? Quelle est ma motivation ? Pourquoi suis-je ici ? Quel est le véritable moteur de mon action/engagement ? En effet la question n’est donc pas tant : « en fais-tu assez pour Dieu ? » mais plutôt « où en est mon/ton amour pour Dieu » ?

Le pasteur Ph. Decorvet indique le véritable enjeu : « Il ne s’agit pas de retrouver les premiers émois, l’exubérance et l’enthousiasme des premiers jours car l’amour évolue et murit aussi. Mais il faut qu’il reste premier, qu’il demeure prioritaire dans notre vie et également dans toutes nos activités »[1]. Tout ce que nous faisons, tous nos engagements doivent être le fruit de notre amour. Les œuvres les plus belles peuvent être accomplies sans amour ! Mais notre amour ne peut pas ne pas déboucher sur de belles œuvres.

A l’église de Sardes il lui dit « Sois vigilant ! ». Sardes comprend parfaitement ce mot d’ordre. Sardes était considérée comme une citadelle imprenable, car construite sur un contrefort rocheux d’une montagne. Mais le roi Cyrus était bien décidé à conquérir la forteresse. Un jour, un de ses soldats vit un soldat de Sardes descendre et remonter par le même chemin pour  récupérer un casque qu’il avait laissé tomber.  Pendant une nuit, l’armée de Cyrus emprunta le même chemin et quand il atteignit le sommet, les défenseurs furent pris par surprise et Cyrus s’empara de la ville. L’ironie de l’histoire c’est qu’Antioche s’est emparée de la ville de la même manière 200 ans plus tard. Soyez vigilants avait décidemment un sens particulier pour Sardes[2]

Tout comme Sardes fut un jour conquise d’une manière mémorable par manque de vigilance, nous imaginons bien que l’ennemi de nos vies peut tout aussi subtilement conquérir nos cœurs et nous détourner de notre amour pour Dieu. Sachons-le : une église active ne lui fait pas peur ! Mais des chrétiens à l’amour sans partage pour Dieu, nettement plus ! La parole le dit bien : « garde ton cœur plus que tout autre chose ! ». Ne laisse pas ton cœur sans défense ! Ne laisse pas l’ennemi faire son nid petit à petit dans ton cœur avec de l’indifférence, de la satisfaction de soi, le matérialisme, une idole, une personne, d’autres amourettes qui détournent nos cœurs de celui du Père.

Chers amis, veillons à ce que notre amour soit vrai, fort, entièrement consacré. Veillons à ne pas laisser notre amour pour Dieu se refroidir. Veillons à ce que rien ne nous détourne de notre premier amour. Que faire ? Peut-être nous faut-il humblement aller à lui dans la prière pour lui demander de mettre en lumière tout ce qui nous a entrainés loin de son amour. Et prions comme le chant : plonge-moi dans ta rivière d’amour !  Faim et soif de ton amour !

Oui, soyons résolus et refusons que notre amour soit plus longtemps partagé. Il n’y a rien de plus digne que d’offrir au Seigneur des cœurs entiers qui l’aiment d’un amour qui demeure premier et prioritaire dans nos vies et aussi dans nos églises. La promesse nous est faite : « Au vainqueur je donnerai à manger du fruit de l’arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu ».

[1] Philippe Decorvet, Reprocher pour rapprocher, Editions Emmaüs, 2014, p.38

[2] Tiré de Lloyd John Olgivie, Manne pour aujourd’hui, Vida, 1995. Méditation du 16 mai

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