Prédication Noel 2021 sur Jn 3.16 Es 61.1-3 et Luc 4,13-21

Noël aujourd’hui.

Bien-aimés du Seigneur,

Qu’est-ce que tu as de plus précieux ? Qu’est-ce qui t’es si précieux qu’il ne te viendrait pas à l’idée de le donner ?

L’autre jour, nous étions invités chez un couple de paroissiens. Le monsieur me disait : Ce qui me touche dans l’Evangile c’est que Dieu nous ait donné son fils. Pour moi, mes enfants c’est ce que j’ai de plus précieux… Je donnerais ma vie pour eux. Alors que Dieu nous ait donné son fils me touche. Ça m’a fait réfléchir. C’est vrai nos enfants sont nos trésors. Et à l’époque de Jésus, des fils ça représentait beaucoup, beaucoup.

A l’époque, avoir des fils c’était une garantie de sauvegarde de l’honneur du père : ses fils allaient être ses défenseurs lors de litiges, lors de négociations ou discussions sur des sujets sensibles avec d’autres hommes. Ils étaient comme les protecteurs de l’honneur du père.

Avoir des fils étaient aussi signe de prospérité, le signe d’être béni de Dieu.

Avoir des fils c’était avoir un avenir. Une veuve sans fils se retrouvait dans une situation de grande précarité et vulnérabilité. Des fils étaient aussi une garantie pour les vieux jours – il n’y avait pas d’AVS. Avoir des fils c’était encore avoir quelqu’un qui allait veiller à ce que les rites funéraires des parents soient dument respectés et donc c’était aussi une manière de s’assurer un avenir post-mortem, une dignité post-mortem.

Dieu nous a tant aimés qu’il nous a donné son fils unique… Ce qu’il avait de plus précieux. Il remet entre nos mains son honneur, son avenir, sa dignité. Il remet tout entre nos mains. Parce que son honneur n’est pas plus important que notre liberté de choix. Parce que son avenir n’est pas plus important que notre présent. Parce que sa dignité n’est pas plus importante que la conscience de notre responsabilité. Il nous donne son fils parce qu’il nous veut debout, nous les humains, il nous veut debout, libres, adultes.

Dieu nous a tant aimés qu’il nous a donné son fils unique… Il nous a tant aimé qu’il renonce à lui-même pour nous, pour nous donner un avenir, une espérance, une dignité, sa bénédiction éternelle.

Jésus est né… Il est venu revêtu de l’Esprit de Dieu et avec une mission : guérir ceux qui ont le cœur brisé ; annoncer la bonne nouvelle aux pauvres; proclamer aux captifs la délivrance, aux aveugles le recouvrement de la vue, renvoyer libres les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. Dieu nous a donné son fils, mais pas pour qu’il reste dans la crèche de Noël. Il nous a donné son fils pour être le Sauveur et le Seigneur, le Maître. Il nous a donné son Fils pour que nous cessions de nous perdre, en nous disant son amour libérateur et guérissant. Si tu n’as pas encore fait l’expérience de son amour libérateur, demande-lui de te le révéler. En nous donnant son Fils, Dieu nous dit son amour plus important que le souci de sa propre personne. En nous donnant son Fils, Dieu nous dit son pardon plus important que le souci de son propre honneur. En nous donnant son Fils, Dieu nous dit que notre vie vaut plus que la sienne livrée à la Croix pour nous.

Nous nous perdons encore trop souvent. Nos cœurs blessés par autrui se perdent dans l’amertume et la recherche souvent vaine de justice. Ils se perdent dans leur souffrance. Nous nous perdons quand nous devenons aveugles, aveuglés par nos colères, revendications et nos jugements. Nous vendons notre dignité, notre liberté en échange qu’on nous fiche la paix ou en échange d’un peu de confort payé au prix de notre silence et de notre passivité.

Jésus naquit jadis à Bethléem, mais il veut naître dans nos vies encore et encore. Nous sommes appelés à être son berceau. Non. Non pas son berceau. Mais sa demeure d’où son Esprit rayonne. Sa demeure où brille sa lumière qui nous fait voir qui nous sommes dans la vérité de son amour. Sa lumière qui nous rend la vue, une vue renouvelée sur autrui, sur nous-même, sur le monde.

Nous avons reçu le St.Esprit, le même qui était sur Jésus, le même qui a couvert Marie de son ombre pour y engendrer le Christ. Qu’en avons-nos fait ? Qu’en faisons-nous ? Jésus nous envoie dans ce monde avec son Esprit, avec ce même esprit. Guérir ceux qui ont le cœur brisé ; annoncer la bonne nouvelle aux pauvres; proclamer aux captifs la délivrance, aux aveugles le recouvrement de la vue, renvoyer libres les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. La bonne nouvelle de Noël, la bonne nouvelle de la puissance de l’amour de Dieu pour nous est encore pour ce monde. Même si certains voudraient l’évacuer de l’espace publique. Ce n’est pas nouveau : durant la 1ère guerre mondiale, les généraux français, anglais, allemands n’ont pas supporté de voir la puissance de Noël conduire leurs hommes à sortir des tranchées et fêter Noël allemands, français et anglais ensemble. Alors on a fusillé les meneurs, pour l’exemple.

Noël, la bonne nouvelle de la naissance de Jésus, ce n’est pas un conte de fée. Noël c’est la fête d’un Dieu assez courageux pour venir à notre rencontre et se mêler à notre monde réel et qui nous envoie à notre tour nous mêler à ce monde pour lui dire et redire qu’il nous aime et que parce nous lui sommes si important, il nous a donné ce qu’il avait de plus précieux. Parce que tu lui es si important, il t’a donné ce qu’il avait de plus précieux : son Fils, Christ-Jésus.

Amen.