Prédication Noël 2019 sur Mt 2,1-12 (11) et 26,6-15

La joie du cadeau est complète quand tu peux embrasser qui te l’a offert

Chers amis,

Le Noël des rois mages est marqué par la joie et l’émerveillement. Ils entrèrent dans la maison, virent le petit enfant avec Marie sa mère, se prosternèrent et l’adorèrent ; ils ouvrirent ensuite leurs trésors, et lui offrirent en présent de l’or, de l’encens et de la myrrhe. Quel contraste avec l’attitude de Judas : Que voulez-vous me donner et je vous le livrerai ? Cela m’a rappelé cette histoire : Yvan, infirme moteur cérébral, est un garçon qui respire la joie de vivre et s’attire ainsi de nombreux amis. Il a toute sa tête, mais ne parvient juste pas à coordonner ses gestes. Depuis des années, le jour de son anniversaire, il reçoit un cadeau d’une personne anonyme, un cadeau toujours choisi avec amour et goût. Et chaque année il le déballe avec joie, espérant découvrir qui est le précieux donateur. Mais… en vain. Ce qui l’attriste. En effet, pour Yvan, la joie d’un cadeau est complète quand tu peux embrasser celui ou celle qui te l’a offert[1].

Les mages, les bergers ont aussi vécu cela. Aller jusqu’à ce petit enfant. Entrer, voir, sentir. Se réjouir. Se réjouir de la joie qui surgit devant une attente, une expectative, une quête intense et comblée. Retrouver la joie de Noël, la joie de la naissance de Jésus notre Sauveur. La joie de la foi.

Nous vivons dans un monde qui oublié la joie de la foi, la joie du cadeau que Dieu nous a fait à Noël: son Fils Jésus, notre Sauveur. D’ailleurs pour beaucoup, ce cadeau, ils ne l’ont pas demandé. Il n’en allait pas autrement à l’époque : Joseph n’avait rien demandé… surtout pas la naissance de ce petit dont il n’était pas le père ; Zacharie avait oublié ses prières et supplications ; Hérode s’en trouve très mal ; les scribes ont pris l’habitude de lire leur Bible comme un livre à analyser plutôt qu’à croire. Judas, quoique disciple, aura voulu tirer avantage de son Maître.

Les mages nous encouragent à retrouver la beauté du cadeau de Dieu à l’humanité, de son cadeau à chacun et chacune d’entre nous : Jésus.

César avait l’habitude de dire : veni, vidi, vici – je suis venu, j’ai vu, j’ai vaincu. Les mages disent : je suis venu, j’ai vu, je me suis incliné dans l’adoration. S’incliner devant le mystère de l’amour de Dieu pour nous[2]. T’incliner. Nous perdons la joie du cadeau de l’amour de Dieu pour nous, la joie de la naissance de Jésus si nous ne nous inclinons pas… Luther déjà le disait : Il est impossible de reconnaître Dieu sinon en te tenant à sa crèche. Si tu suis le chemin inverse, si tu commences à réfléchir sur sa divinité, à la manière dont elle gouverne le monde… tu te casseras aussitôt le cou et tu tomberas du ciel. Mon cher n’escalade pas le ciel ! Va d’abord à Bethléem !  C’est là que tout commence.

 

A la crèche, comme à la Croix, Dieu me révèle sa véritable nature : l’amour. Et il a sans doute fallu un voyage intérieur aux mages qui devaient s’attendre à trouver un prince dans un palais, au milieu des puissants et qui se retrouvent face à un nouveau-né parmi le commun des mortels.

Jésus le Fils de Dieu, le Sauveur, Dieu devenu homme, Dieu qui repose sur le sein de Marie, vie nouvelle apparue dans la nuit des hommes comme une promesse d’avenir, Dieu à la merci des mille et une menace que l’humanité fait peser sur lui. Tout le contraire d’un Dieu-magicien qui résout nos problèmes d’un coup de baguette magique, d’un Dieu tout-puissant qui règle les problèmes à coup de décret divin, et qui impose son règne à ses adversaires ou les balaie d’un jugement impitoyable.

Jésus dit : Car Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son fils unique afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais aie la vie avec Dieu pour toujours. Dieu nous aime d’un amour mystérieux[3]. D’un amour qui fait de lui un pauvre, un mendiant face à nous. Imagine un mari qui aime sa femme d’un amour vrai, dépourvu d’égoïsme ; le regard qu’il pose sur elle ne dit-il pas: Tu es tout pour moi, tu es toute ma joie, ma richesse c’est toi ; sans toi, je me sens rien. N’est-ce pas ce même amour qui anime Dieu pour nous ?

Dieu nous aime d’un amour impénétrable. D’un amour qui fait de lui un passionné. Nous on pose des limites à notre amour : on dit à l’autre je t’aime, mais si tu prends ce chemin, tu ne comptes plus sur moi. Dieu nous aime d’un amour qui dit : je t’aime et je te suivrai jusqu’au bout du monde, jusqu’au bout de tes détours et de tes erreurs ; jusque dans tes ténèbres les plus noires.

Dieu nous aime d’un amour déconcertant. D’un amour humble. Il ne nous regarde pas en disant : Je t’aime, mais n’oublie pas que je suis supérieur à toi et que toi tu n’es qu’une poussière. Jésus regarda cet homme qui n’était pas disposé à lâcher ses sécurités et il l’aima… sans un mot de reproche. Alors, bien sûr que Dieu est plus grand que nous, mais il est d’abord plus grand que nous en amour.

Et voilà cet amour que Dieu a pour toi, tout contenu en Christ Jésus né pour toi, pour moi. Né pour faire briller sa lumière, celle qui nous révèle à nous-mêmes.

Cet amour se reçoit dans la gratitude et l’adoration. Comme pour les mages et la femme pécheresse. Cette amour veut réveiller en nous le parfum de la joie.

Les mages sont entrés et ils ont vu. Ils se sont prosternés, ils ont quitté leur position debout pour s’agenouiller, pour se faire proche, pour incliner leur intelligence devant ce mystère. L’amour de Dieu ne se reçoit pas avec un esprit analytique ou critique. Je ne peux pas entrer dans la joie de l’amour que Dieu a pour moi en position de force, ni en posant mes conditions, ni en décidant comment Dieu doit être, ni ce qu’il ose ou n’ose pas dire ou faire. Le cadeau de l’amour de Dieu pour nous se reçoit avec un cœur dépourvu de prétention. Dépourvu d’exigence. La joie peut alors naître dans notre foi.

Si la joie a disparu de ta foi, serait-ce parce que tu ne t’inclines pas devant ce Dieu tout-aimant ? Ou serait-ce parce que tu te dis que finalement tu n’en pas besoin… et que de toutes façons tu ne l’as pas demandé ? Ou simplement que tu as oublié le donateur ?

En Jésus, Dieu s’est offert à nous. Puissions-nous nous offrir à lui en signe d’adoration. La joie, la paix et un grand réconfort seront au rendez-vous. Car la joie d’un cadeau n’est complète que lorsque tu peux remercier de tout cœur celui qui te l’a fait.

Amen.

 

 

 

 

[1] Charles Delhez, Sous le ciel étoilé…, p.19.

[2] D’ailleurs, à Bethléem, si tu veux entrer dans la basilique de la nativité, la porte ne faisant qu’un mètre et demi de haut, tu dois te baisser.

[3] D’après François Varillon, Joie de croire, joie de vivre, Centurion, Paris, 1981, p.22-33.

Inscrivez-vous à notre bulletin d'information

Vous recevrez par mail les informations utiles et importantes de notre paroisse, ainsi que des messages de la part de nos pasteurs (prières, méditations, ...)

Votre inscription nous est bien parvenue. A bientôt !