Prédication sur Ro 14,17-19 / Luc 17,20-21 / Jn 18,33 et 36-37a
Nous… parcelle du Royaume de Dieu dans ce monde.
Bien-aimés du Seigneur,
Nous sommes aujourd’hui le dernier dimanche de l’année liturgique, intitulé dimanche du Christ-Roi. Le fait que l’année liturgique culmine et aboutisse au Christ-Roi nous indique l’objectif de notre vie chrétienne : que Christ règne. Et le dimanche qui suit, le 1er de l’Avent, marque le début de notre attente du retour de Jésus en Roi et notre désir d’accueillir le Seigneur dans nos vies. Notre vie est comme marquée par ce mouvement perpétuel qui va de l’expectative de la venue du Règne de Christ, du désir de voir sa Royauté s’établir à la mise en œuvre de cela. On attend sa venue et en même temps on travaille à sa réalisation dans nos vies. Et parfois, nous nous décourageons, tant ce monde semble prendre le chemin contraire.
Pilate, le Romain, a une conception très pragmatique d’une royauté : elle s’exerce par la force, elle s’impose. Il s’étonne donc qu’un prétendu roi puisse se trouver en position d’accusé en son tribunal. Jésus le laisse encore plus perplexe : Mon royaume, ma royauté n’est pas de ce monde.
Jésus avait déjà dû expliquer cela à Pierre quand sortit l’épée pour défendre son maître à Gethsémané. Ma royauté n’est pas de ce monde. Pourtant, le même Jésus avait dit 3 ans plutôt : le Règne de Dieu s’est fait proche, convertissez-vous. Il en appelait à notre engagement, à notre responsabilité.
Donc, à écouter Jésus, le Règne de Dieu n’est pas l’affaire d’un nouvel ordre mondial. Mais alors de quoi est-il l’affaire ?
Le Règne de Dieu ne vient pas de telle sorte qu’on puisse l’observer, mais il est au-dedans de vous (Luc 17,20). Et en vous, il est dans le monde où vous êtes, comme du levain dans une pâte, comme une graine dans un jardin potager. Il est en vous pour y produire justice, paix, joie par le St.Esprit, dit Paul. En nous pour petit-à-petit briller autour de nous. Ah !
Oui, c’est pour ça que Jésus en appelle à notre disponibilité, à notre accueil de sa Royauté. Cette disponibilité à son Règne, cette ouverture à sa Royauté, c’est tout le sens et le défi de notre vie de disciple. Et c’est vrai que ça ne se traduira pas forcément par des démonstrations éclatantes, mais par quelque chose qui change en nous pour y produire ce qui est juste, pour y produire la paix et la joie par le St.Esprit, par l’action du St.Esprit, oui… par l’action de son Règne accueilli. Et ce cheminement il est sans cesse à reprendre, sans cesse à espérer, à désirer et à vouloir voir se réaliser en nous, pour que Christ établisse sa Royauté en nous.
ET parce que notre vie de disciple de Christ est un cheminement, cela veut aussi dire que nous pouvons mesurer le chemin parcouru. C’est aussi, je crois, l’idée d’un dimanche comme celui du Christ Roi, pouvoir mesurer le chemin parcouru par le Règne de Dieu dans notre vie. Durant cette dernière année, par exemple. Interroge-toi donc : comment s’est exprimé, comment s’est déployé la Royauté de Christ dans ta vie ? As-tu appris un peu plus à Lui faire confiance ? As-tu vécu quelque chose de l’ordre de plus de paix, plus de joie, plus de ce qui est juste dans tes relations avec les autres, dans ta cohabitation avec toi-même ? Je suis régulièrement émerveillé de voir comment le Seigneur Jésus manifeste sa royauté, sa souveraineté dans la vie de certains d’entre vous.
Mon royaume n’est pas de ce monde dit Jésus, mais il est bien dans ce monde par votre intermédiaire. Par notre intermédiaire il peut être levain, ferment de changement, de questionnement au sens positif, de paix, de joie, de justice. Par notre intermédiaire il peut déployer ses effets dans nos familles, dans notre paroisse. Par notre intermédiaire, en Assemblée de paroisse, il peut se dire ou ne pas se dire, briller ou ne pas briller.
Amen.
