Présentation du temple de Bulle et de ses vitraux 

Bienvenue à toi, visiteur de ce temple, passant/e venue t’y reposer un instant, touriste de passage, ou simplement habitué/e venu/e t’y recueillir.  Nous souhaitons te présenter brièvement ici le temple de Bulle et orienter ta méditation au travers de ses vitraux et médaillons.

Rapide historique du temple

La présence attestée de protestants en Gruyère remonte à 1838 : les deux familles d’alors furent rapidement rejointes par d’autres personnes et la communauté réformée atteignait déjà une soixantaine de personnes en 1841, dont la moitié était de langue allemande. Dès lors, des cultes furent régulièrement célébrés. Il faudra attendre 1856 pour que la communauté ait des pasteurs attitrés, envoyés par la Commission d’évangélisation de l’Eglise Libre du canton de Vaud.  En 1862, les réformés accueillirent et installèrent leur 1er pasteur résidant, Monsieur Kleinhans. En 1882, l’Eglise libre transmit le poste de Bulle au Comité vaudois pour les protestants disséminés. En 1970, la paroisse de Bulle – La Gruyère intègre l’Eglise Evangélique Réformée du canton de Fribourg.

C’ est en 1890 que la petite communauté réformée de Bulle et des environs décide de se doter d’un temple et d’un presbytère. En avril 1893, la 1ère pierre de ces 2 bâtiments est posée grâce au financement des protestants vaudois. Ce projet s’inscrit dans le développement urbanistique de Bulle qui prévoit un nouveau quartier s’étendant au sud, en direction de la Tour de Trême.

Le 18 juillet 1894, le temple est inauguré. Jusque-là, les cultes de la communauté réformée avaient lieu dans la salle affectée depuis 1859 à l’école protestante, à Broc.

L’intérieur du temple a connu plusieurs modifications jusqu’à aujourd’hui. La plus importante étant sans doute celle de 1945 où la croix dressée dans le cœur de l’église a remplacé la chaire. C’est alors aussi que sont peints les médaillons du plafond, œuvres du peintre Jean Gagnebin.

En avril 1956, la paroisse inaugure son premier orgue qui restera en fonction jusqu’à la dédicace d’un nouvel orgue, le 18 octobre 2009.

Les vitraux du temple datent de 1963 et sont l’œuvre de Bernard Viglino, peintre et verrier. Ils ont été groupés par thèmes : au sud, l’abaissement et l’incarnation du Christ Jésus, Sauveur, Dieu qui s’identifie à nous par amour ; au nord, la résurrection et l’élévation du Christ, Seigneur, Dieu qui nous appelle à le suivre. Les vitraux d’une Eglise ont pour fonction d’être support à notre méditation. Le Temple réformé de Bulle nous accueille dans sa sobriété et souhaite favoriser notre méditation.

 

Un appel à méditer

Entrant dans le lieu de culte, la croix dressée dans le cœur nous accueille. La croix, lieu de réconciliation et de rencontre entre Dieu et l’homme. La croix où Jésus le Christ, Dieu fait homme, meurt sous les coups de l’orgueil humain. La croix vide symbole du Christ ressuscité, présent là où 2 ou 3 se réunissent en son nom ; le Christ ressuscité qui nous tend la main et s’invite à nous rejoindre dans notre prière (cf. Mat 18,20 et Apoc 3,20).

Les vitraux.

A notre gauche, 4 vitraux.

 

Le 1er représente le sacrement (geste institué par Jésus lui-même, où il nous rencontre) du baptême. Ce vitrail nous présente aussi les symboles les plus importants du christianisme : la croix, la colombe de l’Esprit Saint et le poisson dont le nom grec (ichtus) est formé des initiales de Jésus Christ fils de Dieu Sauveur.

Le 2ème représente le baptême de Jésus par Jean-Baptiste. Jésus demande le baptême par souci d’accomplir la volonté de son Père, et c’est alors que cette voix se fait entendre du ciel :

Tu es mon Fils bien–aimé. Tu fais toute ma joie (Luc 3,22).

Déclaration de Dieu le Père à son Fils par l’Esprit. Dans ce lieu dédié à la prière, je peux m’ouvrir à la voix du Saint Esprit qui m’invite à me découvrir fils / fille de l’amour de Dieu. Qui suis-je et d’où me vient ma dignité, ma valeur, mon rayonnement ?

Textes bibliques : Matthieu 3,13-17 et Luc 3,21-22.

Le 3eme représente la parabole du bon Samaritain qui s’arrête pour porter secours à un malheureux victime de brigands.  A la question « qui suis-je supposé aimer ? » Jésus répond par cette parabole en demandant : « comment souhaiterais-je être aimé si j’étais à la place du malheureux ? »

Textes bibliques : Luc 10,25-37 ; Jean 15,12 et Matthieu 7,12.

Le 4eme représente la crucifixion de Jésus. A noter que c’est le seul vitrail où les personnages sont représentés les yeux ouverts. Pourquoi donc ?

Jésus regarde droit devant lui, comme vers nous ou au-delà de nous. Sa mort sur la croix n’est pas subie, mais elle est engagée, par amour pour nous, par amour à Dieu. Le croyant ne peut contempler en Christ Crucifié son Sauveur qu’en ne se faisant aucune illusion, ni sur lui-même, ni sur le monde, les yeux grand ouverts sur l’amour de Dieu qu’il ne mérite pas.

Textes bibliques : Jean 3,16 et 1 Corinthiens 1,18-31

A notre droite, 4 vitraux.

Je peux les méditer en partant de l’entrée du sanctuaire ou à la suite des 4 premiers en partant de la croix. Je peux aussi essayer de les méditer comme formant une paire avec les vitraux d’en face.

La résurrection du Christ nous présente Jésus qui sort du tombeau derrière un soldat endormi. Victoire de la vie et de l’amour de Dieu sur la dureté de l’être humain et sur la mort. Victoire de Dieu qui ne s’impose pas aux dormants, mais que je peux accueillir dans mes combats.

Textes bibliques : Jean 11,25-26 ; Philippiens 2,5-11.

L’appel des disciples au bord du lac. Jésus appelle des pêcheurs à le suivre pour devenir pêcheurs d’hommes. Il nous appelle à nous préoccuper de notre prochain, au sein de nos activités et à être ses ambassadeurs. Que nous inspire l’attitude des disciples et de Jésus ?

Textes bibliques : Jean 21 ; Matthieu 4,18-23

Jésus partage le pain aux disciples à Emmaüs. Jésus se fait reconnaître par ses disciples à son geste leur partageant le pain. En tant que réformés, appartenant à une Eglise qui favorise le baptême des petits enfants, n’est-ce pas là, à la Cène que nous nous reconnaissons objet de l’amour de Dieu, quand Jésus nous partage son être ? Appel aussi à persévérer dans notre foi, malgré les doutes et les épreuves, jusqu’à ce que le Christ se révèle à nous à nouveau.

Textes bibliques : Luc 24 et Jean 20,26-29

Finalement, le vitrail représentant les éléments de la Sainte Cène : le pain et le vin.

Les personnages

Pour continuer la méditation, tu peux aussi t’arrêter aux expressions et aux regards des différents personnages.

Qu’expriment-ils ?

L’orgue

 

De chaque côté de l’orgue, 2 vitraux très discrets, représentent chacun un ange avec une trompette, symbole de la louange adressée à Dieu. (ange de droite en entrantange de gauche en entrant). Louange nourrissant la foi du fidèle en vue de sa prière et de ses combats (la trompette étant aussi un instrument d’appel au combat dans l’Ancien Testament).

Le plafond

Discrètement disposée le long de la base du plafond, une série de médaillons représentant, au sud, des scènes de l’Ancien Testament et au nord la destinée de l’Eglise symbolisée par le bateau[2]. Ces séries de trois ne sont vraisemblablement pas placés ainsi par hasard : chaque ensemble de trois est complété par le vitrail qui se trouve dessous.

Au sud,

le 1er médaillon, à côté de l’orgue, représente la chute, l’entrée du péché dans le monde par Adam et Eve, l’arche de Noé et le sacrifice d’Isaac par Abraham. A ce médaillon répond le 1er vitrail montrant les symboles de la foi chrétienne : au péché Dieu oppose le pardon symbolisé par la croix ; au jugement du déluge répondent les eaux du baptême qui restaurent en nous l’image de Dieu ; au sacrifice répond l’esprit de vie et de liberté.

Le 2ème médaillon représente les tables de la Loi, entourées par le veau d’or et le retour de l’expédition exploratrice du pays de Canaan, 2 épisodes de l’histoire d’Israël relevant son incrédulité. Désormais, depuis le Christ, ce qui oriente mon existence n’est plus d’abord la Loi, mais l’offre de relation filiale que Dieu me fait par le Christ, symbolisée par le baptême. Comme le dit Paul : nous sommes cohéritiers de Jésus, appelés à être ses enfants adoptifs.

Le 3ème médaillon est consacré à David, vainqueur de Goliath, auteur de nombreux psaumes et roi d’Israël. A ce médaillon qui nous rappelle que la prière est autant lutte que louange, le vitrail du bon Samaritain répond que le service chrétien est aussi amour du prochain.

Le 4ème médaillon représente les prophètes Elie, Daniel et Jean-Baptiste. Elie qui appelle le feu du ciel sur les faux-prophètes, Daniel assis au milieu des lions auxquels Dieu a fermé la bouche et Jean Baptiste qui appelle à la repentance. A cela répond le vitrail de la crucifixion : Jésus se laisse éliminer par les faux prophètes, il n’est pas épargné par les lions de son temps et c’est sa mort qui est le plus fort appel à la repentance : en effet, elle nous révèle où notre aveuglement et notre entêtement peut conduire.

Au nord,

en partant du fond, le 1er tableau comporte un bateau toutes voiles dehors, entouré des 2 grands apôtres, Paul et Pierre symbolisant 2 aspects du ministère de l’Église : le souci de ses membres et le souci de la proclamation de la Parole.

Ce médaillon est soutenu par le vitrail de la Cène, le sacrement où naît l’Église, la table de la Cène autour de laquelle nous communions au corps et au sang du Christ.

Le 2ème tableau représente un bateau dans la tempête, l’Église souffrante et ses martyres, avec Etienne et un martyr moderne, nous rappelant un principe cher à la Réforme : la liberté de conscience et d’expression.

En dessous, la scène des disciples d’Emmaüs nous rappelle que la foi est cheminement, persévérance et parfois incompréhension. Mais Christ Jésus est là sur notre chemin, même si souvent c’est incognito. Saurons-nous le reconnaître pour recevoir de lui force et souffle nouveau ?

Le 3ème tableau représente l’essor de la Réforme avec un bateau plein d’élan, entouré d’une Bible désenchaînée et du sceau de Guillaume Farel avec sa devise : que veux-je sinon qu’il (l’Évangile) flamboie ?

A noter la croix huguenote sur la voile. En dessous le vitrail où Jésus appelle ses disciples à devenir pécheurs d’hommes, c’est-à-dire à répandre l’Évangile dans le monde entier.

Le 4ème tableau représente un bateau arrivé au port, les voiles rentrées, l’Église victorieuse, entourée du cavalier au cheval blanc de l’Apocalypse, le Christ et de l’arbre de vie planté au milieu de la Jérusalem céleste. Ce médaillon est comme porté par le vitrail montrant la victoire de Christ sur la mort et le péché au matin de Pâque ; comme pour dire : Il est le garant de l’arrivée à bon port de l’Église et de notre vie.

Que notre Seigneur t’accompagne et te remplisse de sa paix et de confiance !

Bulle, septembre 2009 

Pasteur Gérard Stauffer