La littérature prophétique est pleine d’exhortations à pratiquer la justice et à la défense des plus faibles. Si on analyse le  verset de Michée on constate qu’il invite son peuple à « pratiquer la justice sous l’inspiration d’un amour compatissant ». Le mot utilisé par Michée pour cette justice en action est utilisé 200x dans l’AT (Mishpat). Ce terme correspond au fait de traiter les gens de façon équitable, mais aussi de défendre les droits des personnes et leur donner ce qui leur revient. Et ce mot s’applique toujours au soin apporté à 4 catégories de personnes les plus vulnérables : le pauvre, la veuve, l’orphelin et l’immigré. Aujourd’hui nous pourrions inclure dans la liste les réfugiés, les SDF, familles monoparentales, personnes âgées…  

La Bible utilise un autre terme pour justice (tsedaqa) à côté de justice/Mishpat. Il est aussi traduit par droiture. Il se rapporte à une vie de relations justes. Un homme droit est un homme en règle avec Dieu, qui a une relation juste avec Dieu. A cause de cette relation juste il est désireux de rectifier toutes ses autres relations (dans la famille et la société) et de les gérer de façon claire, généreuse et équitable. Cette vie juste est de nature complètement sociale. Les 2 termes ensemble traduisent l’idée de « justice sociale ».

Pourquoi ce souci de justice ?

Le Ps 146 nous montre tout le soin, le souci et l’amour que Dieu porte à ces personnes. Dieu déteste qu’on les néglige. Il est et se mettra toujours de leur côté car il est leur défenseur (ils n’ont ni argent ni statut social pour se défendre). Dieu s’identifie étroitement au plus faible de la société et insulter les plus faibles c’est insulter Dieu. Pr 14,31 dit : opprimer le pauvre c’est outrager son créateur, mais faire preuve de générosité c’est l’honorer. Dt 10,18 : «  Dieu rend justice à l’orphelin et à la veuve et témoigne son amour à l’étranger en lui assurant le pain et le vêtement ». Jr 9 dit que Dieu « travaille pour la bonté, le droit et l’ordre ». Cela pourrait être traduit par « Dieu agit avec bienveillance et exerce la justice sociale ».

S’impliquer

Si Dieu manifeste un zèle pour la justice et manifeste un amour et un engagement en faveur des plus faibles, son peuple ne peut pas agir autrement. Pr 31,9 : « défends les droits des pauvres et des défavorisés » (cf. Jr 22,3). Ez parle de « l’homme qui est juste et agit avec droiture et selon la justice ». Pour être juste il ne s’agit pas simplement de ne pas faire le mal ou de ne pas être un voleur mais bien de s’engager. Parfois aux enterrements on entend « il n’a jamais fait de tort à personne ». La question c’est plutôt « a-t-il fait du bien à quelqu’un ? » !

Es 1 et 58 invitent le croyant à mettre fin à toute forme d’oppression ou de pauvreté en partageant son pain, en pratiquant la générosité et l’hospitalité par exemple. En effet, le juste est actif dans sa pratique de la justice.

Nous en avons un exemple avec Job. Relisez chez vous les chapitres 29 et 31. Comme les prophètes, Job s’opposait aux gens qui exploitaient les plus vulnérables. Il se souciait des plus pauvres c.-à-d. que litt. il leur accordait une attention ; il cherchait à agir efficacement et à faire ce qu’il fallait pour améliorer leur situation. Job dira qu’il ambitionne « pour le pauvre une vie agréable et pour la veuve un regard plein d’espoir ». Cela signifie qu’il s’implique dans la vie des plus fragiles au point qu’il désire être « un père pour les pauvres ».

Un père apporte une aide concrète à ses enfants. Il les nourrit et les protège. Mais un bon père ne tient pas à ce que ses enfants restent indéfiniment dépendants de lui. Il veut les voir se développer et devenir autonome. De même l’aide que nous apportons aux pauvres peut commencer par un soulagement immédiat de leur détresse mais avec pour but de les rendre autonomes et autosuffisants. Maintenir les pauvres dans la dépendance, c’est manquer d’amour et prolonger l’injustice.

Israël et la culture de justice.

Israël était une communauté de justice soutenue par des règles comme le glanage, la dîme et la remise des dettes qui permettait aux pauvres de sortir de l’état de pauvreté. Dieu a dit « il ne doit pas y avoir de pauvres parmi vous ». Si le peuple avait appliqué ces lois de tout son cœur, cela aurait pratiquement supprimé la pauvreté permanente et à long terme. D’ailleurs les prophètes pensaient déjà que le fossé qui se creusait entre les riches et les pauvres résultait de l’individualisme et de l’égoïsme.

Toutes ces lois supposaient d’accepter de s’appauvrir un peu. Par exemple les règles du jubilé et de remise de dettes voulaient éviter la concentration des richesses en donnant les moyens à celui qui est pauvre de repartir de l’avant et de ne pas être entravé par son passé ou le passé de ses parents. Quant au glanage (renoncer exprès à récolter une partie du blé), ce n’était pas tant de la charité que de permettre au pauvre d’être autosuffisant en ayant lui-même travaillé.

Comme vous le savez notre riche Suisse compte 300.000 enfants et 300.000 ainés vivant en-dessous ou juste au-dessus du seuil de pauvreté. Nous devons refuser toute fatalité de la pauvreté et toutes les formes de pauvreté. Alors que peut nous inspirer cette culture de justice ?

L’Eglise ne changera peut-être pas les structures sociales responsables des formes d’injustices. Mais elle doit être porte-parole de Dieu envers les autorités, sans cesse les interpeller et prier pour elle afin de faire bouger les choses et qu’elles réforment ce qui dans la société engendre la pauvreté. Comme Eglise nous devons encourager et promouvoir une économie responsable, éthique et au service de l’homme.

Le principe de glanage est actualisé quand par exemple un chef d’entreprise décide de renoncer à maximaliser le profit de son entreprise (là est l’enjeu principal) et faire en sorte que les bénéfices soient mieux partagés avec les ouvriers par des salaires plus hauts. Cela peut aussi le conduire à ménager un espace de vie et de dignité pour une personne fragilisée. De même à nous aussi de faire attention aux conditions de travail et de rétribution de ceux qui produisent les choses que nous achetons. Cela respecterait l’esprit du commandement concernant le juste salaire de l’ouvrier en Lv 19.

On peut soutenir différentes œuvres et actions. Nous connaissons évidemment l’EPER mais il existe aussi Michée France (ex DEFI MICHEE) qui tire son nom du verset de Michée 6,8 qui est une campagne pour mobiliser les chrétiens contre la pauvreté et les injustices (campagne de 40 jours pour une économie généreuse par mail possible ; mais aussi stop pauvreté en Suisse et SelFrance). Aurore parlera tout à l’heure de l’armoire solidaire.

Mais nous voulons aussi nous associer à la lutte contre toute forme d’exploitation : celle des êtres humains – 40 Mio de victimes ou de l’exploitation au travail. Nous voulons croire qu’il est possible d’accueillir avec humanité les migrants et les réfugiés. Certaines institutions, organismes et associations œuvrent pour lutter contre ces formes d’injustices et d’oppressions. Nous pouvons nous y associer en tant que croyant désireux de changer les choses.

Dans la Bible, une société juste se mesure à la manière de traiter tous ces groupes de personnes. Que propose les partis sur tous ces sujets  alors que nous votons pour nos représentants nationaux ?

En créant une culture de justice Israël révélait ainsi la gloire et le caractère de Dieu au monde entier. Tout d’un coup, Dieu n’était plus le dieu des puissants mais des plus faibles. C’était nouveau. Et le but était que le monde le remarque. Plus tard, la minorité chrétienne sous l’empire Romain sera connue pour sa charité et suscitait un grand respect de la population. Ce qui a attiré les non-croyants était le souci des chrétiens pour les faibles et les pauvres, le partage de leurs ressources économiques et leur amour sacrificiel même pour leurs ennemis.

Autant dire que lorsqu’une église ne vit que pour elle-même et ses membres, son message n’aura pas beaucoup d’impact sur son environnement… mais lorsque l’église aime sa ville et le prouve par des actions concrète les gens sont plus disposés à écouter le message de cette église. Chacun est invité à être sel et lumière en s’engageant localement, là où il y a des besoins, avec des actes d’amour et de compassion et aussi dans la prière. L’Eglise comme communauté doit refléter la justice de Dieu. La pratique de la justice procède de l’amour.

Conclusion : Si dans l’AT les prophètes dénoncent l’injustice, Jésus dira dans le sermon sur la montagne : cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice et tout cela (c’est à dire le vêtement et la nourriture) vous sera donné par surcroît ». C’est bien une question de priorité : soit je m’intéresse d’abord au Royaume de Dieu et à sa justice et aux relations justes qu’elle demande ou bien j’essaie en priorité d’assurer mon confort matériel : il y a là une alternative fondamentale. En tout de prendre conscience que notre vie de chrétiens implique un engagement et un don de notre temps et de nos ressources pour la justice. La générosité radicale est l’une des marques de la vie juste.

Pendant son ministère Jésus a témoigné de son intérêt pour tous les exclus de la société. Dans Mt 25 il demande à ses disciples de répondre aux besoins immédiats des pauvres, des étrangers, des sdf, des malades, des prisonniers, bref de tous les nécessiteux. Cette parabole nous montre que Jésus s’identifiait aussi à eux et que les servir, c’était servir Jésus. Dieu dit : « je suis l’indigent sur la marche de tes escaliers. Ton attitude envers lui est révélatrice de ton attitude envers moi ». Une vie consacrée à défendre la justice est la preuve immanquable d’une foi authentique. Jacques disait que la vraie religion c’est de venir en aide à la veuve et à l’orphelin. Une foi sans la pratique de la justice est une foi morte. Un souci et une vie de justice témoigne au contraire d’une foi vivante à la gloire de Dieu ! Amen

Textes : Michée 6,8, Esaïe 1,15-17 et 58,6-7 ;  Ps 146,6-9 ; Jacques 1,27 ;14-18

Site Internet : http://michee-france.org/ ; http://stoppauvrete.ch ; www.selfrance.org ; https://www.eper.ch ; 

 

 

 

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