A l’Ascension Jésus confie une mission à ses disciples. Il leur dit « maintenant, c’est à vous. Je vous passe le témoin. Prenez le relais ! ». La mission confiée aux 11 se décline de façon différente et complémentaire selon les Évangiles : (Mt) faire des disciples, les enseigner à mettre en pratique ce que Jésus a dit et fait, (Lc) prêcher la repentance et annoncer le pardon des péchés et (Mc) accompagner la prédication d’un ministère de guérison et de délivrance.

Mais avant de partir, que fait Jésus (Lc) ? « Il les conduisit jusque vers Béthanie, puis il leva les mains et les bénit. Pendant qu’il les bénissait, il les quitta et fut enlevé au ciel ». Ce geste et ces paroles de bénédiction sont les dernières paroles qu’il adresse à ses disciples au moment de les quitter et de rejoindre le Père. Cela ne vous rappelle rien ? Que fait-on en fin de culte ?  Le pasteur lève les mains et vous bénit ! A la différence près que lui n’est pas enlevé au ciel après, vous le revoyez la semaine suivante ! 

Le départ de Jésus est donc scellé d’une bénédiction. Prononcer une bénédiction était une tradition ancienne pratiquée par les prêtres d’Israël. La plus connue étant celle d’Aaron en Nb 6 « Que l’Éternel te bénisse et te garde ! Que l’Éternel fasse briller son visage sur toi et t’accorde sa grâce ! Que l’Éternel se tourne vers toi et te donne la paix ! ». Jésus lève les mains car c’est un geste courant associé à la bénédiction que nous retrouvons ailleurs en Lv ou Ps. Les mains sont pointées vers le ciel d’où provient toute bénédiction.

Que signifie bénir ?

Bénir (en grec litt. faire éloge) : c’est dire du bien de quelqu’un mais c’est aussi vouloir le bien de ce quelqu’un. Vous ne pouvez pas dire « je te bénis » et ensuite faire le contraire de cette parole. Comme quand vous dites je t’aime à qqun, vous traduisez cette parole en actes…Nous faisons en sorte que ce bien que l’on dit et souhaite à quelqu’un devienne réalité dans sa vie en lui faisant du bien. Quand Dieu bénit, il dit une parole qui invoque et désire le bien, la vie, la grâce, la paix, la fécondité, la faveur sur l’existence d’une personne. Et il désire que cette bénédiction se réalise concrètement dans sa vie. Dieu s’engage à accomplir ce bien dans la vie de la personne.

Pourquoi Jésus les bénit-il ? Je reviens à ce qui se passe quand votre pasteur donne la bénédiction. D’abord vous voyez que c’est la parole finale du culte et cette dernière parole revient à Dieu. Si elle clôt le temps du culte, elle est en revanche une parole qui ouvre le temps de la semaine en nous assurant que pendant celle-ci, le Seigneur désire nous accompagner, prendre soin de nous, nous aimer, nous donner sa faveur et il ne cesse pas de le faire.

Et à l’Ascension c’est pareil : elle clôt le temps de la vie terrestre de Jésus. Mais elle est promesse des bénédictions que le peuple de Dieu, l’Église, recevra pendant son pèlerinage sur terre. Paul parle de ces « bénédictions spirituelles que nous avons dans les lieux célestes en Christ » (Ep 1,3).

Alors qu’une mission exigeante les attend, avec toutes les difficultés, peines, persécutions, défis en tous genres qui vont avec, les disciples ont besoin d’une parole forte qui les encouragera.  Être béni ne signifie pas être exempté de tout problème. Mais Jésus leur dit « soyez assurés de mon amour, de ma présence, de mon amitié, de ma fidélité et de mes bénédictions futures ». Jésus ne sera plus physiquement présent, mais il est le Vivant qui continue d’agir à leurs côtés. Pour le dire autrement l’amour, la présence, la compassion, l’amitié de Jésus ne sont pas à conjuguer au passé. Ce n’est pas une parole fermée qui dit « bon courage, portez-vous bien, je vous aimais bien ! ». Non ! C’est une parole qui leur atteste qu’il marche encore à leurs côtés au jour le jour.

Chaque fois qu’un pasteur prononce la bénédiction, la bénédiction de Dieu est répétée. Jésus nous bénit et nous bénit à nouveau, plaçant ainsi toute notre vie et tout notre service sous sa sainte bénédiction. Quand le pasteur ou quelqu’un d’autre bénit, c’est comme si Jésus lui-même levait ses mains sur nous pour nous bénir de sa grâce. Car chaque semaine nous avons besoin de réentendre cette promesse que Dieu est avec nous.  A ses disciples comme à nous il donne ce dont nous avons besoin pour affronter notre quotidien, il nous donne de la force pour le ministère, du réconfort dans la souffrance et de l’espoir pour l’avenir.

Conséquence 1 – Bénir Dieu.

Après l’Ascension les 11 sont dans une grande joie. Avez-vous remarqué au passage que Luc commence son Évangile dans la joie de Noël et le finit dans la joie de l’Ascension ? Luc c’est l’Evangile de la joie ! Joie des promesses réalisées, joie de la mort vaincue, joie d’un avenir différent ! C’est pourquoi si la bénédiction de Jésus est sa dernière parole, elle sera aussi le dernier mot de l’Evangile : en effet le verset 53 dit que les disciples « étaient sans cesse dans le temple bénissant Dieu ».

Comme j’ai dit, bénir c’est faire l’éloge. Éloge de qui il est, de son nom, de son amour dans la louange et l’adoration. Le fait de bénir Dieu est la réponse des disciples à tout ce que signifie et implique pour eux l’Ascension. Ils exaltent son nom car ils ont compris très clairement que l’Ascension c’est le couronnement de Christ. Dans la pensée hébraïque « être assis à la droite du Roi » signifiait que vous étiez en situation d’autorité absolue. Jésus règne donc comme roi des rois et Seigneur des Seigneurs. Il est couronné Seigneur de l’univers incontesté et domine sous toute autorité terrestre/spirituelle (Ep 1,21).

Forts de ce que représente l’Ascension, nous aussi sommes appelés à bénir Jésus pour qui il est. Nous pouvons nous aussi être dans la joie pour la nouvelle destinée qui est la nôtre grâce à lui et pour toutes les bénédictions reçues (passées, présentes et futures). Et chaque fois que nous luttons avec un manque de joie, c’est peut-être parce que nous avons détourné les yeux de Jésus. Le remède c’est toujours et encore de regarder vers Lui et de nous rappeler qui il est et ce qu’il a fait pour nous sauver.

Conséquences 2- Bénir les hommes

Le théologien J.C Ryle a écrit ceci : « Jésus est venu sur terre pour bénir et non pour maudire, et il part en bénissant. Il est venu dans l’amour et non dans la colère, et dans l’amour il s’en va. Il n’est pas venu comme juge condamnant, mais en tant qu’ami plein de compassion, et c’est en tant qu’ami qu’il est retourné vers son Père. Il fut un Sauveur plein de bénédictions pour son petit troupeau pendant qu’il était avec eux. Il sera un Sauveur plein de bénédictions pour eux, et il leur fait savoir, même après avoir été enlevé ».

Les disciples ne garderont pas jalousement cette bénédiction pour eux. Parce que nous sommes bénis nous bénissons à notre tour. Jésus nous demande de bénir tout homme. S’il est vrai que c’est Dieu ultimement qui bénit, nous pouvons aussi devenir des bénédictions pour notre entourage.  Chaque jour nous avons des opportunités de bénir.

Oui, nous pouvons prononcer, en son nom, c.-à-d. comme si c’était lui qui les donnait, des paroles de vie qui relèvent, encouragent, fortifient. Parfois, nous avons besoin d’un geste et d’une parole qui réaffirment que nous sommes bien son fils, sa fille bien aimés acceptés, pardonnés, ayant de la valeur.   Qu’elle soit donnée en fin de culte ou à nos frères et sœurs, je crois que la bénédiction est un reflet de l’amour et de la générosité de Dieu. Elle est un reflet du message biblique dont la préoccupation est de redonner confiance à ceux qui en manque.

Enfin, le Seigneur, à travers nous veut étendre ses mains sur tous ceux qui en ont besoin. Non seulement dire du bien mais faire en sorte que ce bien devienne réalité en faisant du bien à ces personnes.  Nous sommes en effet appelés à être en bénédiction pour les autres au travers de notre service.  Qu’il soit petit ou plus grand. Un service qui nous engage pour le bien d’autrui parce que nous le considérons comme créature ou enfant de Dieu comme nous.

La formation libérer a lieu ce week-end. Ce ministère de libération est un ministère qui témoigne de toute la compassion de Jésus à l’égard de tous ceux qui sont sous des entraves spirituelles, sous le joug de la culpabilité, de la peur, de forces mauvaises, etc. Chaque fois que nous accompagnons quelqu’un, nous témoignons que Christ désire bénir, faire du bien, toucher ceux qui aspirent à plus de liberté intérieure. Car il est bien le sauveur, le libérateur qui a plein de bénédictions en réserve et surtout la vie en abondance pour ses enfants.

Conclusion : Tout comme la bénédiction en fin de culte nous accompagne au long de la semaine, nous croyons que la bénédiction de Jésus accompagne tous les disciples d’hier et d’aujourd’hui dans leur mission car la promesse de Jésus demeure pour nous aujourd’hui : « je suis avec vous tous les jours ; je suis le même hier aujourd’hui et demain ; je ne te laisserai pas, je ne t’abandonnerai pas ». Je vous ai bénis. Je veux vous bénir. Je continue de vous bénir. Bénissez. Faites du bien. Levez vos mains vers moi qui suis la source de toute bénédiction. Amen

Textes lus : Luc 24,44-53 et Actes 1,1-11

Pour aller plus loin : quand ai-je été béni la dernière fois ? Comment puis-je être bénissant envers autrui ces prochains temps ? Pour quoi puis-je faire l’éloge de Jésus (dans ce que j’ai vu, expérimenté, lu, compris de lui) ?