(Mt 25,31-46 // Es 58,6-7). Cette parabole a été choisie comme texte biblique pour la campagne d’automne du DM. C’est un texte dur mais interpellant. Jésus invite ses disciples à considérer la façon dont nous vivons notre attente de son retour et notamment la façon dont nous auront traité les plus fragiles, les plus démunis, les plus petits de ce monde. En fait, les disciples comprennent qu’au jour du jugement, lorsque nous nous présenterons devant le Seigneur, celui-ci ne nous questionnera pas sur nos diplômes, nos richesses, nos compétences, nos savoirs, nos réussites… La seule question qu’il nous posera c’est « as-tu aimé ton prochain comme toi-même et pris soin de lui ? ».
1ère chose importante. Avez-vous remarqué le point commun et la différence entre les brebis et les boucs ? Aucun ne savait que derrière chacun de ces nécessiteux, se cachait en fait Jésus lui-même. Jésus ne s’identifie pas aux plus riches, aux religieux, aux savants, mais bien au plus faible, celui qui est dépendant des autres, celui qui est vulnérable et dans le besoin. Par conséquent prendre soin de ces personnes, c’est prendre soin de Jésus lui-même. Et ignorer ces personnes c’est donc ignorer le Seigneur lui-même.
Ce que nous faisons pour eux c’est comme si nous le faisions pour Jésus. Oui, c’est surprenant : Dieu lui-même s’identifie à tous ces oubliés considérés comme sans valeur et inutiles. Pourquoi ? En plaçant la vie au premier degré dans cette parabole Jésus élève l’homme à sa dignité de personne créée à l’image de Dieu. Quand nous oublions ces personnes c’est son nom et lui-même qui est baffoué. Et c’est l’image de Dieu en chacune de ces personnes qui n’est pas respectée. Autant dire que le Seigneur nous invite à porter un regard différent sur ces plus faibles. En se solidarisant avec le petit, autant dire que le Christ me contraint à voir en lui une priorité.
2ème chose. Dans la parabole les premiers ne savaient pas qu’ils venaient en aide à Jésus lui-même mais ils ont quand même agi en leur faveur. Tandis que les autres ne s’en sont pas souciés. La parabole nous invite à considérer la cohérence entre notre foi et nos actes. Il nous interroge sur notre façon de vivre, sur les motivations de nos actes. Oui, nous pouvons croire en Dieu, et pourtant agir en contradiction avec sa parole et son amour. Les bonnes intentions, nos doctrines et nos beaux principes n’auront aucun poids lors du jugement. Le jugement portera sur des actes concrets.
Attention, il n’est pas question de salut par les œuvres. Mais notre foi doit se refléter dans notre amour pour Christ et notre prochain. Jacques 2,14-17 dit : « Mes frères, à quoi cela sert-il à quelqu’un de dire : « J’ai la foi », s’il ne le prouve pas par ses actes ? Cette foi peut-elle le sauver ? Supposez qu’un frère ou une sœur n’aient pas de quoi se vêtir ni de quoi manger chaque jour. A quoi cela sert-il que vous leur disiez : « Au revoir, portez-vous bien ; habillez-vous chaudement et mangez à votre faim !», si vous ne leur donnez pas ce qui est nécessaire pour vivre ? Il en est ainsi de la foi : si elle ne se manifeste pas par des actes, elle n’est qu’une chose morte ».
3ème chose. Cette année nous mettons l’accent sur la situation des enfants des rues au Rwanda. Une vie caractérisée par une grande précarité, la violence et la violation de leurs droits fondamentaux : droit à l’éducation, à la santé, à la protection, à la nourriture, à vivre dans la famille et avec leurs parents, droit à la vie tout court. Ces enfants effectuent des travaux pénibles et forcés pour gagner leur vie et beaucoup souffrent de malnutrition, sont exposés à toutes sortes de maladies allant de la dysenterie jusqu’au sida. Beaucoup souffrent du manque de sommeil parce qu’ils ne dorment que d’un œil de peur qu’il ne leur arrive du mal sans compter ceux qui prennent de la drogue afin d’oublier leur misère. C’est dans ce contexte que l’église presbytérienne au Rwanda a fondé le centre presbytérien d’amour des jeunes qui aujourd’hui désire investir dans l’éducation de ses enfants.
Nous ne pouvons pas parler de salut au moment où dans certains endroits le peuple meurt de faim, de maladie, de pauvreté. Le salut offert en Jésus-Christ concerne tout l’être humain dans sa globalité et tous les humains sans distinction. Le manque des soins de santé, d’éducation de base constitue un défi majeur au message biblique du salut. Le message chrétien a son vrai sens quand on tient compte de l’amélioration de la qualité de vie des gens et en particulier celle des plus défavorisés. Nous ne saurions accepter ni nous faire complice d’une façon ou d’une autre de tout ce qui tend à ignorer la vie, à l’anéantir ou à maintenir l’homme dans l’aliénation, dans l’ignorance ou dans l’annihilation.
L’église se rangera toujours du côté des malheureux. Dieu se range toujours de leur côté et ceci devrait interpeler les hommes et les femmes pour l’amélioration de leurs conditions de vie et de leur vie. Parce que le message de salut est le cœur du message de l’évangile. Le message du salut c’est la promotion de la vie et de la vie en abondance pour toutes et tous.
Toutes celles et tous ceux qui ont besoin d’une main pour vivre et vivre mieux. A ceux qui ont besoin de terres pour vivre, à ceux qui ont besoin d’éducation pour espérer un avenir. A ceux qui n’arrivent pas à vivre de leur travail même en Suisse. Dieu est le Dieu de la vie. La vie est un don de Dieu. Et Dieu a créé ce monde pour que la vie y soit partout et pour tous possible.
Conclusion : Si le Seigneur Jésus était sur la terre aujourd’hui, ne mettrions-nous pas de l’empressement à le recevoir et à le servir ? En fait des occasions de le recevoir et de le servir nous en avons tous les jours et partout.
Le président de l’Eglise Presbytérienne du Rwanda écrit (brochure) : « Tous, là où nous sommes, avec ce que nous sommes, nous pouvons changer ce monde de l’égoïsme et du rejet, de l’indifférence et du refus en un monde de convivialité et d’amour fraternel où chacun à sa place, sa valeur et sa dignité d’enfants de Dieu ! Nous sommes invités à quitter la logique de « moi-même et moi seul » vers celle de « toi aussi et de nous toutes et tous », à quitter le monde et la vie des ténèbres vers le monde et la vie de lumière. Vers un monde et une vie de partage et d’amour ».
Bien sûr nous ne pouvons pas forcément agir face à toutes les inégalités sociales, les injustices socio-politiques et économiques au niveau mondial et où le monopole de la vie revient aux personnes les plus fortes et les plus riches. Mais chacun de nous avec nos modestes possibilités, nos moyens, nos forces, nos capacités, notre temps, notre rôle dans la vie courante, etc. nous pouvons venir en aide et accomplir des actes de soutien et de bonté. Que cela soit au Rwanda, en Haïti ou en Suisse, beaucoup ont besoin de notre amour.
Tout geste qui peut restaurer la vie aujourd’hui et demain est important. Cet héritage d’amour reçu du seigneur est une réalité à construire chaque jour. Comment ? par des actes qui sont finalement à la portée de tous : cela peut être des occasions de dons, d’hospitalité, de visite, d’accompagnement, d’assistance, etc. Tout ce que nous faisons par amour pour quelqu’un qui en a besoin c’est d’abord pour Jésus que nous l’accomplissons (Jean 13,20). Inversement ce que nous ne faisons pas ou refusons à celles et ceux qui sont en besoin, nous le refusons au Seigneur lui-même. Amen
Père, aide-moi à te voir, toi, dans celui ou celle qui est dans le besoin ; Que le message de salut se traduise en des actes d’amour qui donnent la vie. Amen
Pour aller plus loin : qu’est-ce que cela change que Jésus s’identifie aux plus pauvres (sur ma spiritualité et mon regard sur ces personnes) ? Que puis-je faire pour promouvoir la vie (quoi et avec quelles ressources personnelles) ? Quelle cause pourrais-je soutenir ou à quoi pourrais-je être plus attentif ?