Nous connaissons tous ce récit dans lequel Jésus invite des enfants à venir à lui pour qu’il les bénisse. « Laissez les petits enfants venir à moi car le Royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent ; quiconque ne recevra pas le Royaume de Dieu comme un petit enfant, n’y entrera point ».

Le terme grec désigne des enfants entre 5 et 12 ans. En effet dans le monde hébraïque un enfant atteignait sa majorité religieuse à l’âge de 12 ans et devenait responsable de ses choix. La demande de bénédiction à un rabbi se faisait couramment. Mais les disciples estiment que cette demande gaspille le temps du seigneur d’autant que pour eux c’était consacrer du temps aux mauvaises personnes. C’est juste une perte de temps dans leur agenda déjà bien complet. Or Jésus voit les choses différemment.

Il invite les enfants à venir vers lui parce que à ses yeux ils représentent quelque chose d’important. Non pas qu’ils soient plus importants que les autres. Mais en accueillant ces enfants, il nous dit ceci :  

  • Regardez les enfants et vous saurez ce qu’est le royaume de Dieu.
  • Apprenez des enfants et vous saurez comment on entre dans le royaume.
  • Observez les enfants et vous comprendrez que le Royaume est composé de personnes qui montrent les qualités qui sont les leurs.

Justement quelles sont ces qualités ? On dit souvent que les enfants c’est l’innocence parfaite. Ce qui disent ça n’ont certainement jamais eu d’enfants ! Jésus ne dit pas que les enfants sont des modèles de sainteté à suivre… Il ne vante pas des qualités particulières qui nous auraient échappées ! Un enfant, même petit cela peut être méchant, fier, pénible, etc. Jésus évoque quelque chose de propre aux enfants que n’ont pas ou plus les adultes. Jésus voit dans ces petits enfants une image de ce que nous devrions être spirituellement. Il nous invite à voir en eux des qualités que Dieu honore.

Ces qualités sont une condition pour entrer dans le royaume. C’est donc important. Quelles sont-elles ? C’est je crois la confiance spontanée qui provient du sentiment de dépendance. Dans ses premières années, un enfant est dépendant, tributaire de ses parents. Cette dépendance le conduit tout naturellement à faire confiance ; Il ne se pose pas la question de savoir s’il va manger et comment il va faire pour manger : il fait confiance ; il sait que ses parents s’occupent de cela. Et c’est pareil pour plein d’autres choses.

Le baptême d’Astrid ce matin est un signe et un rappel urgent à retrouver cette relation de confiance et de dépendance à l’égard de Dieu, qui est notre Père. Les enfants sont naturellement les plus ouverts à Dieu. Leur connexion et sensibilité spirituelle doivent nous interpeller et nous encourager à entretenir avec Dieu une relation identique à la leur.

C’est parfois difficile pour nous d’être dans cet état d’esprit. Le poète libanais Khalil GIBRAN dans son livre Le Prophète écrit à propos des enfants : « Vous pouvez vous efforcer d’être comme eux, mais ne tentez pas de les faire comme vous ». Comme nous ? Vouloir tout maîtriser, comme si tout ne dépendait que de nous. Comme nous : chercher par nos propres moyens, qu’ils soient matériels, intellectuels, politiques, religieux, magiques un bonheur impossible…

Devenir enfant c’est tout simplement changer d’attitude : le sentiment d’autosuffisance doit céder la place à l’aveu que nous avons besoin de Dieu et de son amour. Les enfants ne se croient pas supérieurs, parfaitement justes ni totalement autonomes : ça c’est ce que les adultes s’imaginent être !

Qu’entendre par dépendance ? Nous n’aimons pas être dépendants. Nous préférons être indépendants. Car il nous semble que nous perdons de notre liberté quand nous sommes dépendants. Mais un enfant dépendant est-il moins libre ou moins heureux ? Je crois plutôt que cela l’arrange pas mal ! Comme j’ai dit il ne se pose pas de questions. Il accueille tout simplement ce qui lui est donné. S’il est bien élevé il dira merci. Il reçoit, point !

N’avez-vous jamais fait le test de tendre par exemple un billet de 100.- à un enfant et à un adulte ? Quand vous tendez le billet de 100 francs à un enfant il va vous regarder avec un grand sourire, prendre votre billet et partir avec. Point. Un adulte lui va vous regarder avec un air suspicieux, se demander si ce n’est pas une blague, et se poser 1000 questions du genre : pourquoi ? Vous êtes sûr ? Vous ne vous trompez pas de personne ? En quoi je mérite ça ? Je vais devoir vous le redonner ? etc. etc.

L’adulte réfléchit en termes de mérite : « si tu fais bien, tu auras ». Sauf que Jésus dit que le Royaume est quelque chose à recevoir. Pas à saisir, pas à prendre, pas à monnayer, pas à mériter, pas à gagner…mais à recevoir. C’est inutile de chercher à « acheter » Dieu et son royaume par nos actes, nos rites et nos mérites. On sourit en se disant qu’en bon protestant ce n’est évidemment pas notre cas. Mais inconsciemment parfois nous sommes dans une logique du « j’ai bien fait donc Dieu me doit quand même une meilleure vie » ; « après tout ce qu’il a fait il a quand même sa place dans le Royaume » !…  

Le royaume est accessible à celui qui reconnaît qu’il n’a rien et ne peut rien faire pour y entrer. Il s’accueille, avec reconnaissance. C’est dur d’accepter d’être dépendant. Parce que quelqu’un de dépendant est généralement fragile, faible, sans pouvoir…Je ne peux me prévaloir de quoi que ce soit. Je ne peux rien revendiquer, rien exiger. Je dois me reconnaitre mendiant. Un mendiant aux mains vides qui accueille le royaume comme un don et non comme un dû.

Confiance. Le royaume se reçoit donc avec la confiance d’un enfant qui sait qu’on prendra soin de lui. Cette relation de confiance, nous pouvons l’illustrer par cette histoire : un enfant de 5 ans est sur le pont d’un bateau pendant une tempête. D’autres personnes sont avec lui et lui demandent : Mais tu n’as pas peur, toi, au milieu de toutes ces vagues, ces éclairs et le tonnerre ? Et le gamin de répondre fièrement : “Oh non ! c’est mon papa qui tient la barre !”.

C’est parfois dur de faire confiance car notre confiance a parfois été mise à rude épreuve. Du coup nous décidons de ne compter que sur nous-même pour ne pas être déçus à nouveau, ou sur nos propres forces, nos compétences, notre expérience, etc. Nous mettons notre confiance dans nos assurances, nos comptes en banque, la technologie… Nous voyons au passage que nous dépendons souvent de tout cela pour être heureux ou nous sentir en sécurité…

Mais Jésus dit qu’il faut apprendre à faire confiance comme un enfant. La confiance de l’enfant qui sait que son Père est à la barre ! La foi d’un enfant ce n’est pas comprendre tous les mystères de l’univers mais simplement savoir que Dieu nous aime. Cela lui suffit de savoir que son père l’aime. Cela nous suffit que Dieu notre Père nous aime.

Sur la base de quoi je peux lui faire confiance ? C’est parce que Jésus par sa mort sur la croix a déjà tout payé… A la croix Jésus a fait tout ce qu’il fallait pour que nous puissions entrer dans le royaume. La seule chose est de faire confiance en ce Dieu d’amour et de grâce, qui donne par amour et grâce.  

Le baptême chrétien n’est pas une sorte d’assurance vie éternelle. Mais un rappel que nous sommes au bénéfice de l’amour gratuit de Dieu. Comme des enfants, nous sommes dépendants de cet amour et nous l’accueillons avec la confiance d’un enfant qui sait que le regard plein d’amour et l’attention du Père suffisent pour qu’on se sente en sécurité. Car oui, nous sommes l’objet de sa tendre bienveillance. Si l’adulte en doute. L’enfant s’en réjouit !

Comme des enfants qui tiennent la main de leur papa, nous aussi nous voulons saisir la main du Père et nous y accrocher et marcher à ses côtés avec confiance et dépendance. Oui je pourrais lâcher sa main, mais je préfère rester dans cette proximité de celui qui m’accompagne sur ce chemin de vie.

Maintenant ? Comme disait Calvin, à la croix tout est fait…mais tout reste à faire. Nous voulons désormais manifester envers Dieu un cœur reconnaissant pour ce royaume qui est et qui vient.  Si le royaume s’accueille comme un enfant, la vie du royaume est désormais à vivre au quotidien dans l’amour pour Dieu et pour notre prochain.

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