Se conformer ou être transformé ? Rm 12,2

Dès le chapitre 12 de Rm, Paul décrit comment vivre et traduire concrètement le salut par grâce dans la vie de l’Eglise. Il dit « offrez-vous entièrement à Dieu ».  Et cela implique un choix. Vous pouvez vous conformer à ce monde ou être transformés par le renouvellement de votre intelligence. Nous sommes ici face à 2 options : « se conformer ou être transformé ».

1. Rentrer dans le moule ? (Se conformer)

 Ne vous conformez pas au siècle présent ou « ne laissez pas le monde qui vous entoure vous faire entrer de force dans son moule » ! Le siècle présent se réfère à un monde gouverné par tout système de valeurs, mode de vie, façon de penser, principe, philosophie, etc. opposés à Dieu et étrangers à sa Parole. Paul nous invite à ne pas nous laisser façonner/modeler par ce monde ; refuser de désirer ce que le monde désire, de penser comme le monde pense et de se comporter comme le monde se comporte (= non-conformisme).

Pour Paul c’est donc un ordre, pas une suggestion. Il faut une rupture nette avec ce conformisme. Paul sait que nous sommes enclins à vouloir rentrer dans ce moule et à adopter des habitudes contraires à notre identité intérieure d’enfant de Dieu. Paul établit toujours ce contraste : je ne peux pas me consacrer à Dieu et continuer à être modelé par le système de pensée de ce monde. Ep 2 : « Autrefois, vous conformiez votre manière de vivre à celle de ce monde, mais maintenant vous appartenez à Christ ».  

Prenons qq exemples de principes et systèmes de valeur propres au monde :

1° Le moi est mon roi ! « Je », mon ego, est érigé en petit dieu. Sauf que se consacrer à Christ c’est choisir de lui soumettre notre volonté. Mais le monde et l’Ennemi nous disent que c’est mieux de vivre selon notre volonté propre, nos désirs, nos envies… Après tout, tant que je ne fais de mal à personne… Je fais comme je l’entends, c’est mon droit, mon choix…

2° Nous sommes beaucoup focalisés sur l’impératif de bien-être personnel. Le bien-être est une chose mais cette recherche de bien-être peut devenir une forme d’idolâtrie que nous retrouvons dans beaucoup de pratiques de développement personnel actuel. Nous n’avons pas été créés pour être « bien » mais pour être saint ! Être bien d’accord, mais être saint d’abord !

3° Le système de valeur de ce monde fonctionne selon des lois : loi du plus fort, loi du perfectionnisme, loi du non-pardon, loi de Mammon, etc. Nous devons plutôt fonctionner selon les lois du Royaume : celle du pardon, du don, de la grâce, de la compassion, de l’amour inconditionnel, etc.

L’ennemi aimerait bien que nous entrions dans le moule de ses systèmes de valeurs qui sont véhiculés gentiment mais surement par la tv (séries), la radio, les revues, la pub… Le monde nous bombarde de messages et ils sont répétés jusqu’à ce que nous commencions à les croire… et même au point qu’ils deviennent la norme. Et beaucoup y sont tellement habitués que si tu penses autrement tu es un extraterrestre !

Le problème, c’est que certains de ses systèmes influencent et contaminent l’Eglise au point que parfois, sous la pression, nous commençons à accepter la norme du monde et pire, à douter de celle de Dieu ! Et beaucoup viennent même à penser que la Parole de Dieu est dépassée et non pertinente. C’est à Dieu de se mettre à la page, à son Eglise de s’adapter et de rentrer dans le moule de ces systèmes ! Et bien non ! nous voulons vivre, raisonner, espérer, sur un fondement différent que celui sur lequel « ce monde-ci » se construit.

2. L’objectif : être transformé

Paul désire que nous soyons « transformés par le renouvellement de notre intelligence (nous) pour discerner sa volonté bonne, juste et parfaite ». C’était impossible tant que le péché obscurcissait notre intelligence : non seulement nous étions incapables de faire ce qui plaisait à Dieu, mais nous étions également incapables de savoir ce qui plaît à Dieu. Quand nous avons accepté Christ, Dieu a éclairé notre conscience et nous avons compris qui Il est, qui nous sommes et le sens de la bonne nouvelle ! Le voile a été levé (2 Co 6,6), cette connaissance de Christ a pour effet de nous transformer.

Être transformé : mot grec metamorpho a donné le mot métamorphose et rappelle le processus de transformation de la chenille en papillon. Ce qui se passe en nous intérieurement, va se manifester à l’extérieur et se traduire dans une nouvelle façon de vivre, d’être, d’attitude en conformité avec le caractère de Christ.  Paul dit aussi en 2 Co 3,18 : « nous sommes transformés en la même image par l’Esprit du Seigneur ». C’est un processus continu : « soyez constamment, chaque jour, transformés ». Cette métamorphose est l’œuvre de Dieu mais nous avons une responsabilité dans ce processus.

Nous sommes transformés par le renouvellement de l’intelligence et le fruit de ce renouvellement c’est la joie de discerner la volonté de Dieu.

Lorsque qu’une situation surgit dans notre vie, si notre esprit est renouvelé, nous pourrons agir en conséquence et conformément à sa volonté. Ex. Récemment, suite à une mauvaise nouvelle, j’ai eu une mauvaise réaction à l’égard de Dieu et j’ai pris conscience que je ne respectais pas sa souveraineté et qu’il voulait m’amener plus loin dans ma foi, me façonner et m’apprendre à lui faire confiance. Dieu m’a mis sous les yeux un texte qui m’a permis d’avancer spirituellement et à prendre une autre direction pour agir différemment.

Dans un conflit, une circonstance de vie, qu’est-ce qui fait que nous choisissons une chose bonne (selon Dieu) par rapport à une autre au quotidien ? C’est grâce à notre esprit renouvelé. Par lui nous avons une compréhension spirituelle des choses qui nous permet d’évaluer correctement ce qui se passe et de n’accepter que ce qui est conforme à la volonté de Dieu. Imaginez que vous avez un contentieux avec votre voisin. Vous pouvez vous conformer aux lois du monde en le maudissant ou alors de le bénir et de lui vouloir du bien…

3. Le moyen : contempler pour renouveler nos pensées

Je répète : c’est Dieu qui transforme par l’œuvre de son esprit en nous. Mais nous participons activement au processus en cherchant à renouveler notre intelligence spirituelle/mentalité/façon de penser. Cela ne se fait pas du jour au lendemain mais c’est un processus continuel et qui se fait avec le temps. Et Paul explique en 2 Co 3 que cette transformation passe par le fait de contempler. Contempler Christ au travers du miroir de la Parole de Dieu.

Vous avez déjà contemplé la nature, un tableau. C’est une démarche active qui implique une notion de durée. C’est une chose de jeter un coup d’œil à un tableau par ex., cela en est une autre de le contempler. Cela implique le choix de prendre le temps, d’analyser, de ressentir… Contempler Jésus c’est nous laisser imprégner de l’image du Christ, de sa manière d’agir, de parler, de ses motivations, de ses relations avec le Père et avec les Hommes.

Voyez-vous, ce que nous contemplons intensément et de manière répétitive agit finalement sur nous et nous modèle : « ainsi nous sommes transformés en la même image » dit Paul. Petit à petit nous reflétons l’image de Jésus. En communiant avec Jésus, Jésus nous communique sa vie à lui. Cela ne demande aucun effort pour être conforme à ce monde, il suffit juste de nous laisser influencer par lui. Mais être transformé nécessite de faire l’effort de nous immerger dans la Parole de Dieu. Cette contemplation intérieure aboutira à un renouvellement réel qui aura un impact sur tout notre être.

La seule façon d’être transformé c’est de laisser le Saint-Esprit renouveler, rééduquer, réorienter nos esprits au quotidien grâce à la lecture de la Parole. L’esprit se sert de la Parole de Dieu pour renouveler notre intelligence. Paul nous invite à avoir la pensée du Christ (1 Co 2,14). Et cela n’est possible que si nos esprits sont reprogrammés par la parole de Dieu. C’est pourquoi Paul nous dit « que la parole du Christ, avec toute sa richesse, habite en vous » (Col 3,16).

Attention : vous pouvez connaître la Bible sans avoir un esprit renouvelé et une vie transformée. Encore faut-il contempler dans un esprit de prière, s’approprier la Parole et l’appliquer dans les divers aspects de notre quotidien quand l’occasion surgit. Face à une situation, l’action que je vais entreprendre sera déterminée par la façon dont mon esprit sera programmé. C’est notre intelligence renouvelée qui nous permet d’agir, de vivre, de raisonner selon un autre modèle que celui que nous offre le monde.

Et quand parfois nous nous conformons, passons par la repentance (metanoïa), c.-à-d. litt. à ce changement de mentalité (noïa étant le même mot qu’intelligence “nous” dans Romains 12,2), d’état d’esprit, vieille façon de penser. La repentance n’est rien d’autre que de dire à Dieu : je n’étais pas dans le bon état d’esprit, dans la bonne mentalité. Je vais donc aller dans une autre direction et vivre selon un autre système de pensée. Et donc pour agir différemment.

Conclusion : Ps 119,11 : « je serre ta parole dans mon cœur afin de ne pas pécher contre toi ». Passons du temps à contempler Jésus pour que nous soyons transformés à son image. Conformés ou transformés. C’est notre choix. Laissons l’Esprit accomplir son œuvre en nous alors que sa parole nous renouvelle pour pouvoir accomplir ce qui est bon, agréable et parfait.

Pour aller plus loin : A quelle loi, quel système de valeur avons-nous tendance à nous conformer ?  As-tu un exemple où un changement intérieur a abouti à une nouvelle façon d’être ? Repense à une situation difficile : que ferait un esprit renouvelé (ou Jésus) ?

Autres textes lus : Ésaïe 55,6-11 ; Romains 12,1-2; 2 Corinthiens 3,12-18