Chers amis, essayons d’aller un peu plus loin sur ce sujet de la maturité. Quand on parle de maturité émotionnelle et spirituelle, nous avons en tête l’idée de devenir comme Jésus. C’est vrai. Mais il faut être plus précis. En quoi Jésus est un critère de maturité ? Jésus avait une capacité de fonctionner qui montrait qu’il était vraiment équilibré. Equilibré dans ses relations, dans ses émotions et il était responsable de sa propre vie. Jésus était capable, c’est comme cela que nous l’appellerons, d’une grande différenciation de soi (concept de M. Bowen). (Note : cette prédication est inspirée du livre “Je comme unique, Jeanne Farmer, éditions Empreinte, dont je recommande la lecture sur le sujet de la maturité).

  1. Qu’est-ce que la différenciation de soi ?

Imaginez une situation au travail qui vous rende anxieux ou qqun qui vous met en colère. C’est impossible d’échapper à l’anxiété ou à toute autre émotion négative. Le problème c’est quand nous agissons ou prenons des décisions sous le coup de ces émotions. Ce sont ces émotions qui nous gouvernent, qui conditionnent nos choix et dictent aveuglement notre conduite. Avec le recul on se dit que nous aurions fait d’autres choix avec un esprit tranquille. Nous regrettons ces choix parce qu’ils nous ont fait agir dans la précipitation.

Un des principes de la différenciation de soi est d’être capable d’agir de façon réfléchie dans ces situations d’anxiété. En fait, ce ne sont pas nos émotions qui doivent dicter notre ligne de conduite ou nos choix, mais bien plutôt nos convictions profondes et notre connaissance de la Vérité. Il y a une grande différence entre répondre et réagir. Nous réagissons sous le coup de l’émotion (verbalement par ex.) au lieu de répondre de façon appropriée à la situation en fonction de nos convictions. La Bible ne dit pas que se mettre en colère est un péché. Mais si je ne la maîtrise pas cela peut mal finir. Mais ma conscience peut me faire dire : « oh, il faut que je fasse attention ou je ferai une bêtise ! ». Je crois que c’est une forme de maîtrise de soi (qui est un fruit du Saint-Esprit).

2ème chose. Le propre de la différenciation, c’est aussi la capacité de rester soi-même au sein d’une relation c-à-d de ne pas être influencés par les autres ni d’être prisonnier de leurs émotions et de leurs attentes. Par exemple, un jour j’ai senti mon père triste et en colère parce que j’étais allé au bowling avec mes enfants (que je vois peu) au lieu d’aller à la veillée pascale… (malgré notre présence à vendredi saint et qu’on allait le lendemain pour Pâques !). Pasteur, chrétien, c’est Pâques, ça se fait, etc. etc.

Dans de telles situations, la maturité c’est de pouvoir rester nous-mêmes tout en restant engagé dans ces relations proches (même que leur attitude nous énerve…). Maturité c’est de ne vouloir ni plaire à tout prix ni rompre la relation. Bien des personnes (souvent membres de notre famille) exercent une pression sur nous pour être et faire selon leurs désirs et leurs besoins.  La maturité ici c’est donc de faire preuve d’autonomie émotionnelle, de ne pas être dépendants des émotions et des attentes des autres.

Signes d’immaturité ? Parfois nous agissons par peur de ne pas être aimé, de subir la désapprobation. Nous croyons que l’opinion de nous-même dépend de l’opinion des autres. Nous sommes dépendants des éloges d’autrui pour être heureux mais nous sommes terrassés par la moindre critique… Nous n’arrivons pas à prendre de la distance par rapport aux pressions émotionnelles quand c’est nécessaire. Tout cela fait que nous n’arrivons pas à établir des relations dignes de ce nom. Le problème c’est que lorsque nous sommes sans cesse à la recherche d’un équilibre relationnel, focalisés sur l’acceptation d’autrui, à prouver qu’on est bon à être aimés, nous devenons moins libres de poursuivre des buts personnels.

Je ne sais plus trop ce que j’ai répondu à mon père. Ce qui est sûr c’est que j’assumais mes choix et je refusais d’être dépendant de ses émotions et de ses attentes. Et cela je le pouvais parce que le petit garçon était guéri (cf. témoignage) ! La différenciation c’est cela : être capable de faire des choix en fonction de nos convictions au lieu de chercher à faire plaisir, ou bien à fuir, à céder à notre propre anxiété, de choisir la paix à tout prix… Être artisan de paix et chercher la paix à tout prix pour éviter le conflit sont 2 choses différentes. Nos convictions et nos croyances nous permettent de choisir une ligne de conduite et de nous y tenir et de garder notre intégrité malgré la pression de nos proches ou dans d’autres situations ou circonstances difficiles.

  1. L’exemple de Jésus

Jésus est un exemple de différenciation : il est capable d’être lui-même au sein de ses relations, de vivre selon des convictions et donc sans être noyé émotionnellement par les demandes d’autrui, la pression, les circonstances. Voyons la façon dont Jésus gère ses relations. Voici 3 aspects de sa vie qui illustrent une vie complètement différenciée.

a. Jésus côtoie facilement des gens très différents de lui.

Jésus ne se gêne pas pour se mêler à des personnes très différentes sur le plan moral, religieux, ethnique. C’est exactement ce qui horripile et scandalise les religieux de son temps. Il s’est arrêté chez Zachée ce pécheur, il se laisse toucher par une femme de mauvaise vie, il relève une femme adultère, il touche des lépreux, il guérit une non-juive, parle avec une samaritaine… Il accueille chacun avec la même tendresse. Il a une grande facilité de contact tout en restant lui-même. Il accepte ces personnes sans avoir besoin de les changer. Et sur la croix il va même jusqu’à pardonner ses bourreaux. Il fait à chaque fois la part des choses entre le pécheur et le péché, entre les personnes et leurs actes. C’est pour cela qu’il a un impact sur bon nombre de ces personnes. Il fait tout cela sans se renier lui-même ou renoncer à sa sainteté.

 b. Jésus est émotionnellement indépendant vis-à-vis de sa famille et de ses proches

Jésus a 12 ans et ses parents l’ont perdu à Jérusalem. En fait lui était resté en présence des prêtres au temple. Quand Marie le retrouve, elle lui reproche le souci qu’il lui a causé. Jésus ne se sent absolument pas coupable et il lui répond : « pourquoi m’avez-vous cherché, ne saviez-vous pas que je dois m’occuper des affaires de mon père ? ». Jésus n’endosse pas la responsabilité de l’état émotionnel de Marie ! Ce n’est pas un rejet de l’autorité ni de la relation. Mais il prend totalement sa responsabilité. Puis il y a ce passage où la famille de Jésus s’inquiète pour lui car il est très pris par son ministère et n’a rien mangé. Ils veulent le ramener de force chez lui. Il ne se laisse pas contaminer par leur angoisse. Il ne montre aucune inquiétude et on peut supposer que Jésus a même résisté à leur pression. Dans ces deux cas il manifeste une vraie indépendance émotionnelle ! Et puis souvenons-nous de Marie et Marthe qui veulent faire venir Jésus d’urgence lors de la maladie de Lazare.  Il sait que ce que Dieu va faire est plus important que leur angoisse. Le texte nous dit que Jésus n’y est pas insensible. Il a éprouvé de profondes émotions. Mais Jésus ne va pas réagir en fonction de leurs émotions mais agir pour montrer sa puissance, son identité et sa mission. 

c. Jésus est capable de faire passer ses principes avant ses réflexes de survie

Un moment donné Pierre réagit fortement à l’annonce de la mort de Jésus. Il ne veut pas qu’il meure, normal, et sa réaction est dictée par son amitié. La réaction de Jésus est forte. Peut-être qu’elle a même blessé son ami. Mais pour Jésus, il est plus important pour lui de ne pas se laisser détourner de sa mission. Pendant son ministère Jésus réussit à maîtriser ses désirs et ses réflexes de survie à plusieurs reprises.

D’abord au désert : Jésus refuse de satisfaire ses besoins physiques immédiats. Malgré les offres alléchantes du diable Jésus désire avant tout accomplir le plan de Dieu ce qui inclut mourir sur la croix. Il ne cède pas au marchandage et il obéit à la Parole de Dieu.

De même pendant son ministère il fait passer le spirituel avant le matériel et la prière reste sa priorité. Il ne cède pas aux attentes de la foule. Il préfère trouver du temps pour prier car c’est de là qu’il tire sa force et la direction pour son ministère.

Enfin à Gethsémané il y a une lutte intérieure où Jésus fait face à ses émotions qui crient avec force pour éviter l’épreuve qui l’attend et de l’autre son amour pour son père et son désir de faire sa volonté.

Conclusion : Si Jésus nous semble si difficile à comprendre ou sévère avec ses proches c’est parce qu’il est l’exemple d’une différenciation complète, d’une parfaite maturité émotionnelle. Jésus est tout amour mais ses actions et ses paroles ne ressemblent pas à l’amour tel que nous le concevons ! En fait, c’est nous qui avons à apprendre de lui !

Alors qu’est-ce qui rend capable Jésus d’être si différencié ? En tout cas pas grâce à sa famille terrestre car Jésus a grandi dans une famille imparfaite comme chacun d’entre nous.

Il me semble que la différenciation est étroitement liée à l’écoute de Dieu. En effet Jésus cultive une communion unique et ininterrompue avec son père céleste, qui est manifeste depuis ses 12 ans. Retenons ceci chers amis : Jésus est complètement dépendant de son père et c’est cela qui lui confère cette liberté vis-à-vis des autres. Jésus a dit dans Jean 5,19 : « le fils ne peut rien faire de lui-même ; il ne fait que ce qu’il voit faire au père. Tout ce que fait le père, le fils le fait également ».

Nous ne pouvons pas décréter du jour au lendemain une plus grande différenciation. Mais je termine avec ça : comprenons que plus nous cultivons notre connaissance intime de Dieu et plus nous saurons obéir à sa voix au lieu de nous plier aux attentes des autres.

Prière : Seigneur, nous voulons des relations vraies avec autrui et ne pas dépendre émotionnellement des autres ni nous plier à leurs attentes. Aide-nous à dépendre entièrement de toi et à cultiver cette communion intime avec toi. Aide-nous à conduire notre vie et agir en fonction de nos convictions et en accord avec ta Parole. Merci parce que tu m’aimes et m’acceptes parfaitement, je n’ai rien à prouver. C’est à toi que je veux plaire. Viens guérir ce qui est ou a été blessé en moi. Montre-moi ce qui a besoin d’être restauré et conduis-moi par ton SE dans une plus grande liberté intérieure. Au nom de Jésus. Amen

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