Jour des Rameaux  | 28 mars 21 | Nivo Morvant

Ce jour aurait dû être un dimanche de fête avec et pour les confirmands. Une étape nouvelle dans leur parcours de foi et …de vie ?

Et cela n’est pas le cas. En effet il y a eu tellement de bouleversements dans notre manière de vivre l’église depuis un peu plus d’une année maintenant. Et peut-être que, comme le psalmiste, il y a une question qui nous taraude : jusques à quand Seigneur ? et que, peut-être, nous nous sommes habitués, un peu résignés, faisant contre mauvaise fortune bon cœur.

Comme introduit au début du culte avec le rappel que les Rameaux c’est le début de la Semaine Sainte, je ne peux m’empêcher de me dire au fond de moi : mais oui, en église nous avons vraiment besoin de rentrer dans une nouvelle étape ! Individuellement et en communauté !

Vous savez : j’ai été frappée par l’attention que la communauté de Bulle porte sur les églises persécutées, notamment dans la prière. Ces églises qui vivent depuis des années dans une crise permanente. Et elles ont beaucoup à nous apprendre : non seulement elles tiennent le coup, mais il y en a même qui prospèrent… Comment ? Parce qu’elles sont obligées d’être créatives, de renoncer à une vie qui ronronne, faite de routines et d’habitudes. Une vie d’église « normale » ne leur est pas possible, elles se recentrent sur le « pour quoi » et le « pour qui » elles existent.

Au milieu de cette crise que nos sociétés traversent, cela peut nous faire un bien fou de rentrer dans cette semaine où nous fêtons le cœur de la foi chrétienne : la Croix et la Résurrection. Et la question qui se pose à nous est la suivante : sommes-nous fidèles à nos idées sur Jésus, ou  sommes-nous fidèles à Jésus lui-même ?

La vie de l’église en dépend.

Le récit de cette entrée triomphale de Jésus à Jérusalem nous incite à méditer sur cette question.

La joie de la foule parce que le Roi passe :

Pour cette foule en liesse Jésus est un prophète , celui qui parle au nom de Dieu : ce n’est pas un simple rabbi, versé dans les écritures sacrées, ou un simple scribe car il est reconnu comme  « enseignant avec autorité ». Que Jésus ait une fonction prophétique, tout au long de son parcours en Galilée, c’est bien ce que sentent les foules qui l’entourent, bien que leur sentiment soit encore assez confus. D’ailleurs si nous allons regarder dans le récit de Matthieu sur cette entrée triomphale à Jérusalem, la foule ne s’exclame-t-elle pas ? « C’est le prophète Jésus de Nazareth en Galilée ! »

Et puis ne raconte-t-on pas qu’il a guéri un sourd, qu’ il a redonné la vue à un aveugle, qu’il a même été capable de faire marcher un paralytique, qu’il a même réveillé un mort, un certain Lazare !

Le bruit court qu’il serait le Messie, le roi annoncé… celui qui doit rétablir Israël …et chasser les Romains.

Le voici Jésus, cette fois il ne marche pas à pieds, comme à son habitude, il est assis sur son ânon. C’est bien le signe qu’il est le roi attendu : c’était écrit  il y a longtemps déjà… par le prophète Zacharie. Si dans les autres évangiles, c’est une foule d’anonymes qui manifeste sa joie, dans l’évangile de Luc c’est la foule des disciples, les proches de Jésus qui sont là, joyeux pour accueillir le roi.

Concrètement cette joie se manifeste par un tapis déroulé, avec les vêtements déposés au fur et à mesure que le Roi passe. Ainsi Le Roi passe, et en signe de bonne disposition vis-à-vis de lui, les gens créent un chemin devant Lui. Ils se dépouillent de leurs vêtements pour le célébrer.

Et c’est en cela que cette fête est aussi la nôtre.

C’est le clou de cette fête des rameaux : accepter de déposer, d’enlever nos vêtements, pour célébrer le Roi qui passe ! Et le faire joyeusement.

Adam et Eve, lorsqu’ils ont mangé du fruit défendu se sont sentis mis à nu. Et la solution immédiate que Dieu leur accorde, c’est qu’ils ont été couverts du premier vêtement. Un vêtement très fragile, certes, mais un vêtement qui cache la honte.

Déposer ses vêtements comme signe de reconnaissance devant le Roi :

S’il est autant question de vêtements dans la bible, c’est qu’ils disent beaucoup sur nous. (Oui, il est possible de faire une série de prédications sur les vêtements). Les vêtements  nous protègent du regard des autres. Les vêtements  nous font « paraître ».

Le Roi passe… et nous pouvons ne pas nous agripper à ce que nous croyons que nous sommes. À notre image. A nos positions.

C’est cela la joie des Rameaux.

Le Roi passe et nous pouvons ne pas nous attacher à nos formalismes.

En enlevant leurs vêtements, ceux qui voient passer le Roi se sont montrés souples, disponibles. Être disponibles parce que certaines couches de vêtements ne sont que des « poids superflus ».

Le Roi passe…et il est urgent de vivre pour nous aussi, nous  déposséder de ce que nous croyons être, de nos attaches formelles. De ces attaches qui ne nous font pas du bien, pas du tout même, mais que nous gardons, croyant qu’elles participent à notre bien-être, alors qu’elles ne sont là que pour notre survie.

La foule voit en Jésus leur Roi, leur Messie, elle veut profiter de la bienveillance de celui qui passe, et participer à l’extension de sa gloire. Quand le Roi passe au milieu de nous, il y a la gloire de Dieu qui passe, il y a de bienveillance dans l’air, une libération qui s’opère. Quand il passe, il nous invite  ne pas rester dans l’indifférence, à la fois curieuse et distante.

Il nous invite à ne pas porter le poids du monde (ou le fardeau de nos vies) sur nos épaules mais mettre notre confiance en Celui qui est souverain et qui est capable de nous donner un autre vêtement

Le relooking de la Semaine Sainte en se laissant « visiter »

Vous connaissez le « relooking » ? Des professionnels veulent faire ressortir le « vrai moi » des gens, en leur demandant, prioritairement, de se défaire de leurs vêtements, pour leur donner d’autres vêtements qui mettent en valeur ce qu’ils sont vraiment. Et dans le monde spirituel, au travers de ce qui a se passer tout au long de sa Passion, Jésus vient opérer en nous un relooking. C’est le Souverain  qui s’est mis à nu lui-même, afin que nous acceptions de nous défaire de ces vêtements qui cachent ce que nous sommes en réalité à ses yeux. L’image des enfants du Père, aimés et appelés à changer en revêtant le Christ.

Jésus pleure !

Vous l’avez entendu ! Quelques lignes plus loin après l’acclamation de la foule, Jésus pleure ! Jésus pleure 3 fois dans le NT, et l’une d’entre elles c’est dans ce récit de l’entrée dans Jérusalem. Des larmes de tristesse parce que Jérusalem ne se laisse pas visiter, parce que Jérusalem refuse ce qui peut lui donner la paix.

Oui, il y a la joie, mais pour que cette « joie demeure », il y a encore un bout de chemin à faire, jusqu’à la croix. Pour Jésus et pour nous.

C’est en cela que le chemin de la Passion du Christ est un chemin de dépouillement absolu. Il y a tous ses vêtements déposés pour lui faire un chemin, mais il manque quelque chose à ceux qui le célèbrent. Il leur manque de se laisser visiter par Dieu lui-même. La foule en cherchant  se défaire du joug des romains, croit voir en Jésus leur libérateur, et lui fait un triomphe, mais tout au fond d’elle-même, ce qu’elle cherche de manière durable…c’est la paix

Oui ils ont bien compris que Jésus est un prophète, oui ils ont bien compris que Jésus est roi !

Mais Jésus le Prêtre, le grand prêtre, n’est pas encore reconnu : il faut pour cela la Croix.

Il est souvent question d’une foule versatile à propos de la fête des Rameaux : toute joyeuse, acclamant Jésus lors de son entrée à Jérusalem, et la même foule qui conspue Jésus, qui lui crie : à mort !

Des hauts et des bas, comme dans nos vies .

Comment s’en sortir ? Déjà en commençant à nous dépouiller de ces vêtements qui nous alourdissent, les déposer au pied de Jésus pour lui faire un chemin…Et nous rendre disponibles pour la suite…

La suite devant la Croix, ne pas re-ramasser les vêtements sur le chemin de Jérusalem, mais les déposer là à la croix, définitivement.

La suite à la Résurrection, pour se laisser revêtir du plus beau vêtement qui soit : Christ lui-même ! C’est la grande nouveauté !

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