Ce mois-ci j’ai vu passer dans la presse réformée 2 articles dont voici les titres : Les mormons se divisent autour du vaccin (concerne chrétiens aussi) et Le mariage pour tous divise les chrétiens.  Avez-vous remarqué que quel que soit l’avis des uns ou des autres sur ces sujets, on n’échappe pas à la stigmatisation. Les gens s’accusent de tout. Les non vaccinés sont traités d’égoïstes (ou complotistes), les vaccinés de moutons, les anti-mariage pour tous sont des homophobes discriminants, ceux qui sont pour de destructeurs de la société… Bref, difficile de résister à l’insulte et aux attaques personnelles qui empêchent tout dialogue et compréhension mutuelle.

La RTS indique que « 43% des habitants de Suisse ont rompu leurs relations avec leurs amis, connaissances ou collègues de travail en raison de divergences profondes sur l’obligation vaccinale ! 20% supplémentaires ont vu leurs relations humaines s’altérer pour cette même raison. Le thème du Pass sanitaire et plus généralement celui des bienfaits ou des méfaits de cette vaccination est à l’évidence extrêmement clivant »[1]. Quelle tristesse !

Le problème c’est que cela n’épargne pas l’Église… Si vous saviez comment les gens s’agressent sur les réseaux autour du Mariage pour tous. Comme chrétien notre responsabilité consiste à cultiver un esprit à la fois critique et bienveillant. Ces sujets testent notre bienveillance, notre écoute, notre amour du prochain ET notre maturité. La maturité ? C’est la capacité de maintenir la relation malgré le désaccord. Même si nous arrivons à des conclusions différentes sur certains sujets, nous devrions pouvoir vivre le Grand Commandement d’amour en recherchant la clarté et la charité – au nom de la renommée de notre Sauveur et du bien de notre prochain.

Oui, il nous faut rester vigilants et critiques devant les choix et décisions des gouvernements. Et en même temps nous devons faire attention à ne pas tomber dans ce travers de certains courants au sein du christianisme qui ont tendance à spiritualiser certains phénomènes sociétaux et événement et à les interpréter comme ayant des « coulisses » diaboliques.

2/ Si on doit évoquer le diable dans ces histoires c’est bien parce le diable (diabolos en grec), c’est celui qui divise. Il est le diviseur. Et nous ne pouvons pas laisser le diviseur piétiner nos relations. Car ces sujets créent de la division jusque dans nos Églises. Et il fait tout pour que des sentiments de méfiance, de suspicion, de critique et de jugement s’insinuent dans nos cœurs.

Et quand c’est planté dans nos cœurs cela forme des barrières entre nous et cela se traduit par des actes et des paroles qui ne sont pas à la gloire de Dieu… L’Ennemi n’a pas de plus grand plaisir que de semer des graines de divisions pendant cette période. Et nous, le risque c’est de les arroser et de les laisser et regarder grandir. Alors que l’objectif de la vie de l’Église est de grandir et faire grandir nos relations entre nous dans l’amour.

Et puis il joue aussi sur nos peurs. Peur d’être privés de nos libertés, peur d’être malade, peur que nos habitudes changent, peur de perte de repères, etc. Alors tout le monde s’agite. Et au lieu de garder notre sang-froid, on s’échauffe, on part et on perd du temps dans des controverses où les uns savent mieux que les autres ! Alors qu’en fait, nous devrions consacrer ce temps à la prière, à l’évangélisation et à l’édification du peuple de Dieu.   Mais l’Ennemi ne veut pas que le Royaume de Dieu grandisse. Donc il divise pour mieux régner.

Où est l’enjeu ? Paul écrit en Rm 15 « vivez en plein accord les uns avec les autres et en 1 Co 1,10 « soyez en accord dans la même pensée et dans la même opinion ». Il ne parle pas de l’adhésion purement intellectuelle de tous sur un même sujet. Les premiers chrétiens n’étaient pas d’accord sur tout. Il y avait de grandes divergences d’opinions sur des sujets divers. Paul désigne plutôt ici une attitude et un comportement qui permet de vivre en communion les uns avec les autres avec amour et bienveillance. En Eglise on ne vise pas l’uniformité de conviction. En Église on cherche à avoir les mêmes sentiments, un même amour, une même pensée.

Un théologien écrit : « il se peut que nous ayons des vues justes mais Dieu nous donne une occasion d’adopter une attitude juste. Il se peut que nous croyons correctement mais Dieu nous éprouve pour voir si nous aimons correctement… Dieu voudrait que nous marchions dans l’amour envers tous ceux qui tiennent à des vues contraires à celles qui nous sont chères » (Watchman Nee).

Jésus aime trop l’Église pour la voir être le lieu où ses enfants s’étripent et se divisent sur ces sujets. Jésus savait que la désunion entre disciples était le danger principal. C’est pourquoi il a prié pour qu’ils soient UN. Un comme le Père et le fils sont un. En somme, nos relations sont appelées à refléter la relation d’amour réciproque parfait qui existe entre le Père et le Fils ! Cette relation d’amour a pour objectif que le monde croie ! C’est donc crucial !

Si l’ennemi aime et sème la division c’est parce qu’il sait très bien que cela porte un coup fatal à notre témoignage, à notre crédibilité. Il sait que notre unité en Christ rend un témoignage puissant vis-à-vis du monde (Jn 17,23).

S’il peut semer la discorde parmi les frères (Pr 6,19), au point de les séparer les uns des autres, ce serait un très grand discrédit pour le nom de Christ dans ce monde. Plus nous serons unis plus il cherchera à nous attaquer et plus les efforts seront nécessaires pour conserver l’unité de l’esprit.

3/ Paul parle 30 fois de l’unité. C’est un enjeu important pour lui. Si l’unité est donnée et créée par l’esprit nous devons faire nos efforts pour la conserver car elle est menacée par les divisions. D’où proviennent les divisions selon Paul (Ep 4 et Ph 2) ? Elles résident dans l’orgueil, dans la susceptibilité, dans l’égoïsme, dans l’indifférence à l’égard des problèmes et difficultés d’autrui, l’impatience, la dureté de cœur, notre manque d’amour. Bref, l’obstacle à l’unité se trouve en fait tout simplement… dans notre cœur !

Que faire ? Cette unité entre nous est liée à notre union intime avec Christ. L’une ne va pas sans l’autre. Paul dit « ayez en vous la pensée qui était en Jésus-Christ ». Pour réaliser l’unité profonde et réelle du corps, nous devons laisser l’esprit du Christ agir en nous et demeurer sous sa direction afin qu’il produise les qualités qui sont celles de Christ : humilité, amour, douceur, soutien mutuel, patience, paix, etc. Les appels à l’unité chez Paul sont toujours liés à un appel à l’humilité.

L’humilité : c’est refuser de se mettre au-dessus des autres et croire que nous avons forcément raison. Elle nous fait estimer les autres comme supérieurs à nous-mêmes. C’est reconnaître nos limitations et le fait que nous n’avons qu’une compréhension partielle des choses.

Dans Eph 4, Paul encourage à 2 autres choses (de l’ordre du fruit de l’esprit) :

Douceur (= force maîtrisée) : si j’ai été vexé je n’ai pas besoin d’exploser ou de répondre du tac au tac. Je peux aborder les choses avec douceur et calme et avec l’amour qui ne soupçonne pas de facto le mal chez les autres.

La patience : je peux essayer de comprendre le point de vue de l’autre et ses motivations sans céder à l’impulsivité ou à me retirer dans ma coquille si l’autre n’entend pas mon point de vue ou qu’il en défend un différent du mien.

Je rajoute que cette unité se vit et grandit dans le livre des Actes au travers de la communion fraternelle, de la cène, de l’enseignement, et dans la prière. Car quand je prie, je regarde dans la même direction. Prier c’est cesser de se dévisager l’un l’autre pour regarder ensemble dans la même direction, au même maître, et s’attendre à ses directives ; c’est oublier les divergences pour invoquer celui qui unit.

Je conclus : Nous sommes différents. Plus le Christ prendra de place dans nos vies, plus nous nous découvrirons véritablement et profondément un. Christ unit par son esprit ceux qui lui appartiennent. Imaginez que nous gravissons une montagne et que nous venons de côtés différents. A mesure que nous nous rapprocherons du sommet, nous nous rapprocherons aussi les uns des autres.

Et puis le contraire du diabolos, c’est le sumbolos, symbole (litt. jeté ensemble). Et il existe deux symboles forts dans la foi chrétienne : la cène et la croix. La cène est le symbole de notre communion au corps du Christ. Nous célébrons ensemble l’œuvre du Christ et nous nous souvenons qu’à la croix nous avons tous été racheté par le même sacrifice, que nous participons à la même vie, au même esprit, et que si quelqu’un agit d’une manière que je ne comprends pas, c’est à son Maître qu’il aura à en rendre compte.

Alors, frères et sœurs, si nous confessons lors de la cène que nous formons un seul corps, autant dire que cela nous engage à prendre cette réalité au sérieux et à la réaliser dans notre vie de tous les jours

[1] https://www.christianismeaujourdhui.info/2021/08/25/le-pass-sanitaire-pierre-dachoppement-inevitable/

Textes : Jean 17,20-23 ; Ephésiens 4,1-6 ; Romains 15,4-6 ; Philippiens 2,1-5 

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